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L’étalon
or
Mr. Bernanke a tout à
fait raison quand il dit que l’étalon or, tel qu’il
était appliqué autrefois, ne pourrait pas fonctionner
aujourd’hui. A l’époque, ce système était approprié
et a su remplir son rôle des années durant, mais les
circonstances grâce auxquelles il était capable de fonctionner
ont fini par changer. Et le système ne s’est pas
transformé en parallèle à ce changement. Gardez à
l’esprit que le monde de l’époque percevait l’or
comme étant la seule monnaie en laquelle il pouvait avoir confiance.
C’est pourquoi, les gouvernements et leurs banques centrales ont
commencé par émettre des billets de banque soutenus par
l’or, et non des devises fiduciaires. A l’origine, les billets de
banque représentaient une quantité d’or à laquelle
l’on pouvait faire confiance. Les billets émis par les
gouvernements ne représentaient pas les gouvernements, mais leur or.
Arriva le jour où, après que
l’Angleterre ait imprimé plus de billets qu’elle
n’avait d’or, ce système s’effondra et les billets
émis par le gouvernement, ayant perdu le soutien de l’or,
devinrent pour le moins douteux. Aujourd’hui, il est ‘normal’
d’émettre plus de crédit et plus de devises qu’il
n’existe d’actifs pour les soutenir. Le danger qui a mis fin
à l’étalon or guette aujourd’hui à nouveau
notre système monétaire, comme nous l’ont prouvé
les crises bancaires et financières qui sont apparues des deux
côtés de l’Atlantique ces quelques dernières années.
Le concept de quantitative easing est très
similaire à la dévaluation du dollar contre l’or,
puisqu’il consiste au remplacement des actifs sans valeur desquels les
crédits des banques dépendent par de nouveaux actifs
fraîchement imprimés. Notre système bancaire
désespéré s’accroche désormais à ces
actifs dans un effort de ‘stabiliser’ le système.
Flexibilité
monétaire
Tout système monétaire doit comprendre une
certaine dose de flexibilité qui puisse lui permettre de
s’ajuster aux circonstances – qui sont liées de
très près aux politiques et aux contrôles destinés
à maintenir la confiance du public envers les systèmes fournis
par le gouvernement.
L’abandon de l’étalon or fut par
exemple suivi par un système de taux de change flottant. Sous
l’étalon or, les taux de change fixes fonctionnaient
parfaitement bien, mais alors que le monde financier se transformait, toute
nation qui n’abandonnait pas la fixation du taux de change de sa devise
se retrouvait détruite par les spéculateurs. Alors que George Soros s’attaquait à une livre sterling qui
refusait de se retrouver dévaluée, la banque d’Angleterre
fut forcée d’en faire de même, faisant de Soros un milliardaire du jour au lendemain. Le signe le
plus clair d’une réévaluation du Mark Allemand fut
l’annonce par la Bundesbank qu’une telle chose
n’était pas au goût du jour. Le problème fut
résolu par le système des taux de change flottants.
Aujourd’hui, les spéculateurs ne disposent plus d’aucun
taux de change fixe auquel se référer. Les banques centrales
ont toutes intégré les marchés pour manipuler les taux
de change selon leur bon vouloir.
Le concept de protection de valeur fut rapidement
abandonné, et nous voyons désormais des nations manipuler leur
taux de change pour permettre à leur économie respective de
demeurer compétitive. Les plus actives dans ce domaine sont le Japon
et la Suisse, dont les devises bénéficiaient encore
récemment de la confiance des investisseurs. Nous en sommes aujourd’hui
à une heure où les gouvernements se disputent au sujet de leurs
taux de change, comme nous pouvons le voir avec la Chine et les Etats-Unis.
Aucune des deux nations n’est attentive au fait que sa devise soit un
outil de détermination de valeur. Elles ne perçoivent leur
monnaie que comme un moyen d’échange qui devrait jouer en leur
faveur.
Un monde bien
différent
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde bien
différent en termes de structures monétaires, de contrôle
et de pouvoir. Mais qu’est-ce qui a bien pu changer ? Pour
comprendre le système actuel, il nous faut remonter jusqu’en
1971. Avant cette date, toute personne qui osait dire que l’or
n’était pas une monnaie réelle se faisait passer pour un
parfait imbécile.
L’or était la base du système
monétaire même après l’abandon de
l’étalon or, lorsqu’il relevait encore du domaine du
gouvernement. C’est pourquoi il fut interdit aux citoyens des
Etats-Unis de posséder de l’or jusqu’en 1974. Il est clair
que toute la difficulté se trouve dans le fait que l’or a
manqué de refléter le pouvoir, le contrôle et la richesse
des Etats-Unis en les présentant comme une nation qui
s’affaiblissait sur le plan monétaire. Comment les Etats-Unis ont-ils
pu voir leur puissance militaire, commerciale et économique s’affaiblir
aussi rapidement ?
Un ajustement devait être fait. La décision
que prirent Etats-Unis était on-ne-peut plus intelligente, et
contribua à elle seule à leur dominance financière sur
le reste du monde. Entre 1968 et 1971, les nations Européennes
transformaient leurs surplus de balance commerciale en dollars contre de
l’or Américain, et les réserves d’or des Etats-Unis
passèrent rapidement de 26.000 tonnes à seulement 9.000 tonnes.
La situation ne pouvait clairement pas durer.
Comment la situation a-t-elle pu changer ?
‘Comment le gouvernement du président Nixon
a-t-il pu convaincre les autres gouvernements de cesser de convertir leurs
dollars en or ?’
Les nations Européennes ne faisaient pas confiance
à l’impression de dollars par le gouvernement des Etats-Unis,
c’est pourquoi elles échangeaient leurs dollars contre de
l’or. Pourquoi ont-elles si rapidement changé de
comportement ? Comment leur vision du monde financier a-t-elle pu
changer de manière si radicale ? Les dollars, comme tout le monde
le savait, était imprimés en de trop grandes quantités
et ne représentaient aucune valeur, ce qui est la raison pour laquelle
la devise Américaine fut dévaluée de 35 à 42
dollars pour une once d’or peu de temps avant 1971. Après que
l’or ait été autorisé à flotter contre le
dollar, son prix passa à 850 dollars en quelques années, ce qui
représente parfaitement l’idée que se faisait le
marché de la devise des Etats-Unis. Quelle a donc été la
formule qui a permis au grincheux Charles de Gaulle d’accepter des
dollars après en avoir échangé autant qu’il
pouvait contre de l’or ?
Une
transformation de la définition de la monnaie
Revenons-en à ce fameux essai d’Alan
Greenspan, dans lequel il explique son idée de ce que devrait
être une monnaie.
Voici ce qu’il écrit :
‘La monnaie est le dénominateur commun de
toutes les transactions économiques. Elle est ce qui nous sert de
moyen d’échange, est acceptée par tous les participants
à une économie comme paiement contre des biens et services, et
peut donc être utilisée comme valeur marchande et comme valeur
de réserve (c’est-à-dire comme moyen
d’épargne).
C’est pourquoi elle doit reposer sur une ressource
universellement désirée.
L’existence d’une telle ressource est la
condition requise au bon fonctionnement d’une économie
basée sur la division du travail. Si les Hommes ne disposaient pas
d’actif de valeur généralement accepté en tant que
monnaie, ils seraient forcés de vivre d’activités
agricoles autosuffisantes et n’auraient jamais pu passer le cap de la
spécialisation. S’ils ne disposaient d’aucune
réserve de valeur, c’est-à-dire de moyen
d’épargner, aucune investissement sur le long terme et aucun
échange ne seraient possibles.
Le moyen d’échange accepté par les
participants d’une économie n’est pas
déterminé arbitrairement.
- Premièrement,
ce moyen d’échange doit être durable, c’est
pourquoi il est généralement un métal. Un
métal est généralement choisi parce qu’il est
homogène et divisible : chaque unité est la
même qu’une autre, et elles peuvent être
mélangées les unes avec les autres en n’importe
quelles quantités. Les pierres précieuses, par exemple, ne
sont ni homogènes ni divisibles.
- Plus
important encore, la ressource choisie comme moyen
d’échange doit être un luxe. Le désir des
Hommes pour le luxe est illimité, et les
produits de luxe sont toujours demandés et acceptés. Le
blé est un luxe aux yeux de populations affamées, mais pas
au sein d’une société prospère. Les
cigarettes ne sont généralement pas susceptibles
d’être utilisées comme monnaie, bien qu’elles
l’aient été dans l’Europe d’après
la Seconde Guerre Mondiale, alors qu’elles y étaient
considérées être des produits de luxe. Le terme
‘produit de luxe’ sous-entend une rareté et une valeur
élevée par unité. Un bien qui possède une
valeur élevée par unité est plus facilement
transportable. Une once d’or vaut, par exemple, aussi cher
qu’une demi-tonne de fonte brute.
- Graduellement,
une ressource prend le dessus sur toutes les autres et devient
universellement acceptable. La ressource qui devient la plus
acceptée est également celle que les gens conservent en
tant que valeur de réserve, ce qui la rend encore une fois plus
largement acceptée. Cette transformation se fait progressivement
jusqu’à ce qu’une ressource en particulier devienne
le seul moyen d’échange en circulation. L’utilisation
d’un moyen d’échange unique est avantageuse pour les
mêmes raisons qu’une économie monétaire est
supérieure à une économie de troc : elle rend
les échanges possibles à très grande
échelle.
- L’or,
qui jouit à la fois d’usages artistiques et fonctionnels,
est relativement rare et a toujours été
considéré comme un produit de luxe. Il est durable,
transportable, homogène, divisible, et dispose donc
d’avantages par rapport à tous les autres moyens
d’échange existants. Depuis le début de la
première guerre mondiale, il a virtuellement été
l’unique standard d’échange international.
- Ce
qui apparaît tout naturellement après la
détermination d’un moyen d’échange est le
développement d’un système bancaire et
d’instruments de crédit (billets de banque et
dépôts) qui agissent en tant que substituts à ce
moyen d’échange – et sont également
convertibles en or. Un système bancaire libre basé sur
l’or est capable d’étendre le crédit et donc
de créer des billets de banque (de la devise) et des
dépôts en fonction de ce dont a besoin
l’économie. Les possesseurs d’or individuels sont
incités, grâce à des paiements
d’intérêts, à déposer leur métal
auprès d’une banque (métal qu’ils peuvent
ensuite retirer sous forme de billets de banque).
- Si
les banques pouvaient continuer de prêter de l’argent
indéfiniment, comme certains le disent, alors les marasmes
économiques n’existeraient pas. C’est pourquoi la
Réserve Fédérale a été créée
en 1913. Elle est constituée de 13 banques
fédérales régionales dirigées par des
banquiers privés, mais contrôlées et
supportées par le gouvernement. Les crédits offerts par
ces banques sont en principe (bien que ce soit illégal) soutenus
par le pouvoir d’imposition du gouvernement fédéral.
Techniquement, nous n’avons pas abandonné l’étalon
or. Tout le monde peut posséder de l’or, et l’or est
encore utilisé par les banques centrales. Mais aujourd’hui,
en plus de l’or, les billets de la Réserve
Fédérale (les billets papier) peuvent servir de monnaie
pour payer les déposants.
- L’étalon
or est incompatible avec les dépenses déficitaires
chroniques (qui sont le poinçon de l’Etat-providence).
Privé de son jargon, l’Etat-providence n’est rien de
plus qu’un mécanisme au travers duquel le gouvernement
confisque la richesse des membres les plus productifs de la
société pour supporter une variété de
politiques d’aides sociales. Une part substantielle de cette
confiscation est effectuée par le biais de la taxation. Mais les
étatistes se sont rendus compte bien assez vite que s’ils
voulaient conserver leur pouvoir politique, les taxes qu’ils
imposaient à la population devaient être limitées et
leurs dépenses déficitaires démultipliées,
c’est-à-dire qu’ils devaient emprunter de
l’argent tout en émettant des obligations pour financer les
dépenses sociales à grande échelle’.
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