Alors que le monde se torture
encore la cervelle pour essayer de comprendre ce qu’il est vraiment, Bitcoin a été adopté aujourd’hui par l’usine à
tendances de Wall Street après qu’un analyste de Bank of America l’ait surnommé – bien qu’avec des termes comme ‘pense’,
‘pourrait’ et ‘potentiel’ – la meilleure chose qui soit arrivée depuis le pain
de mie en tranches. ‘Je pense que Bitcoin a le
potentiel de devenir une méthode de paiement majeure sur internet et pourrait
s’avérer être un sérieux compétiteur pour les fournisseurs de transferts
monétaires traditionnels. De mon point de vue, Bitcoin
a un gros potentiel de croissance comme moyen d’échange’.
Et les hedge
funds ont sauté dans le train en marche. Pas parce
qu’il a une valeur intrinsèque – qui s’y intéresse aujourd’hui ? – mais parce
que son prix est susceptible de grimper à l’infini, et qu’il n’est limité par
aucune mesure de réalité. Si Bitcoin est soutenu
par suffisamment de monnaie, tout peut arriver. Les opérations de
renflouement pourraient s’avérer problématiques, mais une foule d’investisseurs
au détail a eu une révélation soudaine et ne veut pas manquer la bulle sur le
Bitcoin. Il pourrait être leur chance de profité ce
qu’ils ont manqué il y a quelques années en n’investissant pas sur ce qui est
devenu une bulle phénoménale sur le marché des actions.
Comment pouvons-nous savoir
que Bitcoin est dans une bulle ? Alan
Greenspan, architecte de la plus grosse bulle du marché des actions de l’Histoire
et, après son explosion, de la plus grosse bulle sur le crédit de l’Histoire
et de sous-bulles variées comme celle de l’immobilier, lui qui a nié l’existence
de ces bulles alors qu’il était responsable de leur apparition, et qui a dit
plus tard que les bulles sont indécelables – bien que tout le monde les ait
aperçues sauf lui – et que la Fed n’aurait rien pu y faire, lui qui a pour
une raison que j’ignore été surnommé ‘maestro’, a dit : ‘c’est une bulle’.
‘Il faut aller chercher très
loin pour comprendre ce qu’est la valeur de Bictoin’,
a-t-il dit à Bloomberg
TV; et il a admis qu’il ne comprenait pas par quoi Bitcoin
est ‘soutenu’. Ce sont là bien entendu les bénéfices cruciaux de Bictoin. Il n’a pas de valeur intrinsèque, et n’est
supporté par rien ni personne.
Il y a toutefois eu une once
de vérité dans les déclarations de Greenspan : en 1996, il y a 17 ans
jour pour jour, alors que les marchés des actions étaient dans le rouge mais
n’avaient pas pour autant atteint leurs niveaux de 1999 et du début de l’an
2000, Greenspan, qui était directeur de la Fed, a utilisé
les mots ‘exubérance irrationnelle’ pour décrire ‘les valeurs excessivement
gonflées des actifs, qui sont ensuite devenues sujettes à des contractions
inattendues et involontaires’.
Il a vite appris une série de
leçons : premièrement, les gens n’aiment pas qu’on fasse des trous dans
leur bulles sacrées ; et deuxièmement, les bulles peuvent durer plus
longtemps que ce qu’on ne pense, et peuvent s’avérer bien plus exubérantes
que le voudraient les esprits rationnels. Et tant que cela dure, vous êtes
dans le faux, vous êtes ridiculisé par tout le monde. Les choses changent une
fois que tout explose, comme ça a été le cas en 2000-2002, après quoi
Greenspan a pu prouver avoir eu raison, bien qu’il était à l’époque déjà à l’œuvre
sur sa nouvelle bulle.
Après qu’Alan Greenspan a
manqué à faire vaciller le monde de Bitcoin, la
Banque de France a tenté sa chance. Il fut un temps, quand cela relevait
encore de sa juridiction, elle excellait en matière de monétisation de dettes
et de déficits gouvernementaux. Quand la dévaluation et l’inflation ont
rallongé les nombres inscrits sur les billets de banque, elle a réévalué le
franc. En 1960, 100 francs devinrent un franc. Au cours des 40 années qui
suivirent et jusqu’à la naissance de l’euro, ce nouveau franc a perdu 86% de
sa valeur.
Aujourd’hui, l’ancienne
gardienne du franc a tenté de s’en prendre à Bitcoin.
Il ne ‘remplit pas les critères d’un moyen de paiement comme décrit par le
Code Monétaire et Financier, et plus particulièrement la définition de
monnaie électronique’, a-t-elle expliqué dans son rapport, en partie parce qu’il n’est ‘pas accompagné
par une garantie légale de remboursement à valeur nominale’.
Peu importe ce qu’est Bitcoin, il a une ‘nature hautement spéculative’ et pose ‘un
risque financier pour ceux qui le détiennent’. A la manière de Greenspan, la
Banque de France manque de percevoir ‘l’actif qui le soutient’. Et les
spéculateurs pourraient perdre leur investissement s’ils devenaient victimes
de hackers, suite à quoi ils n’auraient aucun recours légal, et le ‘système
tout entier’ pourrait ‘s’effondrer à tout moment si les investisseurs
décidaient de clôturer leur position et se retrouvaient avec des
portefeuilles devenus non-liquides’.
Simultanément, peut-être par
pure coïncidence, la Banque Populaire de Chine et d’autres ministères et
agences ont émis
un avis mettant en avant la protection de la ‘stabilité financière’ et le
‘statut du renminbi en tant que devise statutaire’, et les ‘risques de
blanchiment d’argent’. (Ou, peut-être, les risques de fuite de capital posés
par les gens susceptibles de se tourner vers Bitcoin
pour échapper aux contrôles de capital imposés par la Chine). Ainsi,
institutions financières et sociétés de paiement ne peuvent pas payer ou
recevoir de paiement en Bitcoins, ou assurer des
produits qui y sont liés.
Bitcoin n’est ‘pas une devise telle qu’elle
est décrite par notre monde d’aujourd’hui’, mais une ‘ressource virtuelle qui
n’a pas le statut légal d’une devise’. ‘Il ne peut pas, et ne devrait pas,
circuler ou être utilisé comme devise’.
Une ressource virtuelle! Une
ressource qui n’existe pas… Quelques heures seulement après cette
déclaration, le prix du Bitcoin a plongé de 25%
pour passer de 1.220 à moins de 900 dollars.
Et au milieu de tout ce chaos,
grâce à cette ressource virtuelle qui n’existe pas, quelqu’un s’est acheté une
autre entité branchée, bien que plus fonctionnelle : une Tesla S. Si
l’affaire a été signée alors que le prix du Bitcoin
était de 1.200 dollars, l’acheteur a payé 100 Bitcoins.
A l’insu de ceux qui se serraient la main, la banque de Chine publiait son
avis. Quelques heures plus tard – le temps de signer les papiers, d’attendre,
de boire un café, de parler au directeur, etc. – l’affaire était éxécuitée, et ces Bitcoins ont
été transférés. Au moment du transfert, ils ne valaient plus que 900 dollars –
et notre acheteur a payé sa voiture 90.000 dollars. Une plutôt bonne affaire
pour une Tesla S !
Et pour la compagnie ?
Une perte de 30.000 dollars. De l’argent bien dépensé pour un gros coup de
pub… Il est impossible de faire des affaires de cette manière au jour le jour
et de transformer chaque transaction en un pari à en perdre la tête.
Quatre ans après sa création,
les gens se battent encore pour savoir ce qu’est Bitcoin :
‘l’opportunité d’investissement du millénaire’, ‘une révolution sociétale’,
une devise, un jeton de casino ? Peu importe. Les régulateurs Américains
disposent maintenant d’une stratégie capable de l’étouffer.
Je vous conseille de lire ceci : Use
Bitcoin As A Currency, Get Wiped Out (The Government Likes It That Way)