WALLACE, Idaho, USA - Chez
moi, alors que j'étais encore enfant, nous ne faisions pas de grande
différence entre le pacifisme et le fascisme. Les fascistes sont bien entendu
des gens méprisables, bien qu’ils soient aujourd’hui à la charge du monde.
A l'époque, le terme pacifisme
était utilisé en référence à ceux qui échappaient au service militaire.
Peut-être devrions-nous aujourd’hui les laisser tenter leur chance, puisque
je ne suis pas certain que les fascistes fassent un travail extraordinaire.
Dimanche dernier, une histoire
touchante a été présentée au Morning Show, sur CBS,
qui est la seule chaîne qui vaut encore d’être regardée. Elle parlait des
enfants de soldats de retour de zones de guerre variées.
Ces soldats sont revenus avec
des membres en moins, ont perdu certaines fonctions corporelles, souffrent du
trouble de stress post-traumatique et ne peuvent plus vivre normalement. Et
leurs enfants se sentent abandonnés par leur papa, des vétérans qui passent
le plus clair de leur nouvelle vie de citoyen à chercher un emploi tout en
évitant snipers et engins explosifs improvisés. Bienvenus à la maison.
« Nous supportons nos
troupes ». Je suis si fatigué de voir cet autocollant partout que je
pourrais presser un ananas à mains nues la prochaine fois que je le vois. Ces
hommes sont nos concitoyens. Nous devrions appuyer nos travailleurs de
l’acier et du fer, nos travailleurs des réseaux électriques, nos mineurs et
nos plombiers de la même manière. C’est du pareil au même.
Que pensez-vous de ce nouveau
slogan : « Nous supportons nos troupes, mais au diable nos
politiques étrangères ». Ces hommes et femmes courageux qui rentrent à
la maison avec des membres manquants sont patriotes, mais les politiques
étrangères qui les envoient en zone de conflit sont tout sauf patriotes. On
les envoie défendre l’hégémonie américaine au Proche-Orient et ailleurs, tout
ça pour quoi ? Plus de liberté ? De pétrole ? De gaz ? De
charbon ?
Non. Ce pour quoi ils se battent
vraiment - bien qu'ils ne l'apprennent pas tout de suite – c’est le
pétrodollar. Le pétrodollar est le pacte du diable passé par Richard Nixon
avec la Maison des Saoud en 1971. Il a ainsi promis
la vie de jeunes américains à la défense des Saoudiens, si ces derniers
acceptaient de ne vendre leur pétrole qu’en dollars, plutôt qu’en or, argent,
etc.
Cette décision a servi à
renforcer le dollar en tant que devise de référence mondiale. Si vous étiez
Français et désiriez acheter de l’or, il vous fallait d’abord acheter des
dollars avec vos francs. Les francs étaient liés à l’or, mais les dollars
étaient imprimés en masse. C’est cela même qui a mis en colère Charles de
Gaulle et l’a poussé à chasser les troupes militaires de son pays et déclarer
que tout pays qui ne supporterait pas sa devise nationale grâce à l’or
pourrait mener le monde à sa ruine.
Le secrétaire du Trésor sous
Nixon, John Connally, lui a répondu :
« C’est notre devise, c’est notre problème ».
Comment vous sentiriez-vous si
vous étiez père de famille au Brésil, ou mère de famille en Allemagne, et que
quelqu’un vous crachait ainsi au visage ? Si le travail que vous avez
accompli avait une valeur déterminée par un pays d’Amérique du nord ?
Le massacre de sa population
par Saddam Hussein ne nous regardait en rien. Il était notre allié, vous vous
rappelez ? Et puis il a proposé une bourse, un marché, qui permettrait
l’échange de pétrole irakien contre de l’or, de l’argent et d’autres devises
plutôt que contre le seul dollar. C’est ça qui a mis en colère les gens
importants des Etats-Unis et de leur système bancaire.
« Je n’accepterai pas
cela », a déclaré le président George Herbert Walker Bush, ancien
directeur de la CIA. Il a donc lancé une troisième guerre mondiale version
1.0, baptisée Desert Storm. Il y avait une autre
logique derrière cette intervention : montrer aux Russes la technologie
que possédaient les Etats-Unis.
Nous avons effrayé les Russes
et frappé au train les marchés financiers. Mais les conséquences n’ont duré
qu’un temps, peut-être une génération. Les Russes sont en colère, et nous ont
rattrapés militairement. Et l’Europe et l’Asie sont un peu hargneuses envers
nous.
Alors nous envoyons nos
enfants sur les champs de bataille, au milieu des lance-flammes, pour montrer
au monde qui a le plus gros chien.
Pourquoi ? Nous avons
certes besoin d’un Département de la Défense, qui ne devrait faire que ce que
son nom indique. Notre pays est vulnérable aux attaques de missiles, et nous
devrions dépenser plus d’argent à notre propre défense. Le travail du
Département de la défense, c’est la défense, pas la guerre.
Les hommes (et les femmes) qui
ont fondé cette nation étaient les réfugiés d’un empire. Pourquoi
devrions-nous répéter la même erreur et envoyer nos enfants dans les bras
destructeurs de la technologie moderne ? Nous avons l’or, le cuivre,
l’argent, le charbon et les métaux rares pour faire fonctionner la planète
entière pendant encore cent ans. D’autres en ont besoin. Faisons commerce
avec eux, et ramenons nos enfants chez nous.
Je vous en conjure.