Depuis l'annonce que la BCE emmenée par son Gouverneur Mario Draghi, achèterait de manière
illimitée les obligations des états européens en
difficulté, les taux d'emprunt de l'Espagne ont fortement
baissé.
Logique. La nouvelle stratégie de la BCE, éloigne pour
les investisseurs le spectre d'un éventuel défaut de l'Espagne.
Le risque de faillite s'éloigne.
Il est très intéressant de s'arrêter quelques
secondes sur ce point.
Les investisseurs sont réputés avoir un comportement
rationnel. Par conséquent logiquement si le risque de banqueroute
augmente, le prix du prêt consenti, augmente. Cette augmentation du
prix, s'exprime à travers la hausse des taux d'intérêt.
Simple.
Dès que le risque disparaît ou diminue, le prix se
réajuste pour prendre en compte cette nouvelle réalité.
A ce moment les taux baissent pour refléter aussi justement que
possible la donne du moment.
Nous sommes
dans ce moment.
Il faut bien comprendre ce que l'on appelle pompeusement la
"psychologie" des marchés. Jusqu'à présent,
c'est les dettes européennes qui ont été attaquées
par les marchés.
Pourtant lorsque l'on regarde la situation, les Etats-Unis avec 103%
de dette/PIB sont plus endettés que nous. Le Japon avec 250% de
dette/PIB est plus endetté que nous. Idem pour le Royaume-Uni.
Alors
pourquoi sommes-nous attaqués?
Tous les autres pays cités, utilisent leur "planche
à billets", leurs banques centrales, pour garantir aux
investisseurs qu'il n'y aura pas de défaut de paiement. Ils utilisent
la création monétaire pour GARANTIR les dettes.
Néanmoins, ces Etats ne garantissent pas la valeur à
terme de ces obligations. En effet, plus la création monétaire
sera importante pour garantir ces dettes, moins ces dettes auront de
"pouvoir d'achat" à terme, puisque la valeur de la monnaie
va baisser. Mais il n'y aura pas de faillite.
C'est cette stratégie que l'Europe s'interdisait jusqu'à
présent, pour sauvegarder la "valeur" de sa monnaie l'euro.
Mario Draghi vient de rompre avec cette orthodoxie
monétaire. Enfin en partie.
En partie car, le rachat illimité d'obligations, s'accompagne
d'une obligation illimitée à l'austérité.
La question qui vient dès lors à l'esprit est, est-ce
que cette obligation de conditions est indispensable?
La réponse est non. Car la psychologie des marchés a
déjà permis aux taux d'intérêt de baisser sans que
la BCE n'ait justement besoin d'acheter lesdites obligations.
Dès lors le statut-quo sur les taux,
n'incitera pas l'Espagne, à demander l'aide de l'Europe, soumis
à des conditionnalités très fortes
d'austérité.
Les espagnols n'ont pas forcément envie de se lancer dans une
politique de rigueur à la grecque, car au bout du chemin c'est bien
cela qui les attend.
Auront-ils le choix? Non. Mais en réalité personne
n'aura le choix. Il y a trois grandes façons de payer ses dettes.
La première c'est de gagner plus. En termes macro
économiques c'est la croissance. Il n'y en a pas, et il n'y en
aura pas.
La deuxième c'est de ne pas payer ses dettes. En termes macro économiques c'est le défaut de
paiement.
La troisième solution c'est de rembourser en monnaie de singe.
En termes macro économiques c'est
l'inflation.
Ces deux dernières solutions seront forcément
douloureuses. Il n'y a aucune bonne façon de sortir de
l'ornière dans laquelle nous sommes tombés volontairement.
Il n'y a pas d'argent gratuit. Il ne peut pas y avoir de croissance
à crédit. La création de richesse ne ment pas. Quand on
la fait mentir par de la création monétaire injustifiée à
travers de la dette excessive, cela génère une crise
économique majeure.
Il va falloir assainir l'économie, ce que nous refusons
obstinément depuis 2007. Personne ne veut de récession.
Au risque de choquer, économiquement, les récessions
sont saines, car elles permettent de purger les excès et de repartir
sur des bases saines.
Alors tout le monde à travers la planète, poursuit une
politique de création monétaire "illimitée".
Winston Churchill disait lors des accords de Munich "Vous avez
voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le
déshonneur et vous aurez la guerre."
On pourrait dire à nos hommes politiques : Vous avez voulu
éviter la récession au prix de la création
monétaire et de l'inflation. Vous aurez la récession et
l'inflation".
On ne joue pas impunément avec la monnaie.
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