Un récent rapport
publié par Greenpeace montre que la consommation de charbon de la Chine a
décliné pendant la première moitié de cette année, et de nouvelles données
gouvernementales suggèrent que les importations de charbon du pays aient diminué.
Selon les estimations, d’ici la fin de cette année, les importations de
charbon de la Chine devraient être 8% inférieures à leur niveau de 2013.
La Chine a importé 18,86
millions de tonnes de charbon en août, un record
à la baisse depuis septembre 2012.
Cette baisse de la demande est
due en partie au ralentissement de l’économie chinoise. Après plusieurs
années de taux de croissance à deux chiffres, le PIB de la Chine n’a gagné
que 7,7% en 2013, et devrait éprouver des difficultés à atteindre son
objectif de 7,5% cette année. Certains analystes pensent que la Chine ne
devrait atteindre qu’un taux de croissance de 6% ces prochaines années.
Mais la baisse du taux de
croissance du PIB n’explique pas tout. Comme l’explique Justin Guay, du
Sierra Club, la Chine a peut-être commencé à « découpler » sa
croissance de sa consommation de charbon. En d’autres termes, l’économie de
la Chine pourrait continuer de grimper même en parallèle à une baisse de sa
consommation de charbon – quelque chose qui était encore récemment
inconcevable.
Cette évolution est liée de
très près au combat de la Chine contre la pollution annoncé plus tôt cette
année.
Des années de brouillards de
pollution de moins en moins respirables ont alimenté la colère des citoyens
chinois et même entraîné des mouvements
de protestation. En 2013, un sondage mené dans 74 villes chinoises a
montré que chacune d’entre elles avait enregistré un niveau de pollution
nettement supérieur à celui déclaré sans danger par l’Organisation mondiale
de la santé.
« Nous déclarerons la
guerre à la pollution de la même manière que nous avons déclaré la guerre à
la pauvreté », a décrété le Premier ministre Li Keqiang
en mars dernier. Il demande la fermeture de vieilles usines d’acier, de
ciment et de charbon : 1.725
centrales à charbon de taille moyenne devraient fermer leurs portes. Le
gouvernement a également déclaré qu’il dépenserait 275
milliards de dollars en trois ans pour combattre la pollution.
La Chine a également établi
des cours environnementales et des amendes imposables à tous ceux qui
enfreindraient les lois environnementales. Les organisations
non-gouvernementales ont désormais le droit de lancer une action en justice
contre les pollueurs, et les plus grosses usines du pays devront à partir d’aujourd’hui
rendre publics leurs bilans pollution.
Ces efforts commencent à
porter leurs fruits, comme le prouve la baisse du niveau d’importation de
charbon. C’est l’une des raisons pour lesquelles le prix du charbon a
atteint son prix le plus bas en six ans sur les marchés internationaux sans
pour autant favoriser une reprise de la demande.
De nouveaux déclins pourraient
apparaître suite à la mise en place d’une nouvelle série de lois. Le
gouvernement central a publié la
version préliminaire d’une nouvelle série de lois le 10 septembre, qui
demanderait une interdiction complète du charbon au contenu élevé en souffre
et en cendres. Voilà qui pourrait causer du tort aux exportateurs de charbon,
notamment en Afrique du Sud et en Australie.
Le gouvernement cherche
également à réduire
la production de charbon de 10%, puisque la baisse actuelle de la demande
engendre des pertes économiques pour 70% des sociétés du charbon du pays.
La Chine considère également l’établissement
d’une limite pour la consommation de charbon. Son projet actuel sur cinq ans
a pour objectif une consommation de 4,1 milliards de tonnes de charbon en
2015 contre 3,7 milliards de tonnes en 2013. Mais sous le prochain projet sur
cinq ans, qui sera en vigueur entre 2015 et 2020, la Chine pourrait limiter
cette consommation à 4,1 milliards de tonnes par an, voire peut-être moins.
En 2016, les efforts du pays à
diminuer la demande en charbon devraient se poursuivre, au vu de la récente
annonce de l’introduction d’un nouveau programme national de plafonnement et
d’échange. Les détails quant à ce programme sont flous, mais s’il devait être
mis en place, les plus gros producteurs pourraient avoir à améliorer leur
efficacité et se tourner vers des sources d’énergie plus propres.
Puisque le pays est le plus
gros producteur mondial de charbon et le plus gros émetteur mondial de gaz à
effet de serre, l’importance des politiques de la Chine ne peut pas être surestimée.
Grâce aux efforts du gouvernement, l’ère de la demande insatiable en charbon
pourrait toucher à sa fin.