Cette année, la Réserve
Fédérale des Etats-Unis célèbrera son premier siècle d’existence et ce, grâce
à la signature du Federal Reserve Act qui date de décembre 1913.
Le système de réserve fédérale
a été mis en place en réponse à une série de crises financières et de
mouvements de panique dans une tentative de réguler le système financier.
Après la première guerre
mondiale, de nombreuses nations ont suivi l’exemple des Etats-Unis en
établissant leur propre banque centrale indépendante. L’initiative des
Etats-Unis était perçue comme si fructueuse que des hommes comme Edwin
Kemmerer, de l’Université de Princeton, ont parcouru le monde pour prêcher le
gospel de l’étalon or et des banques centrales.
Depuis l’or, le rôle de la
Réserve Fédérale a de plus en plus évolué jusqu’à ce qu’elle devienne l’agent
de stimulation d’un système bancaire et d’une économie en bonne santé,
également chargé d’achever les trois objectifs clés de l’établissement de
politiques monétaires : un taux de chômage minimum, la stabilité des
prix et des taux d’intérêts modérés sur le long terme.
Puisque que le rôle
grandissant de la Réserve Fédérale comprend également le maintien du
bien-être de l’économie et de la stabilité des prix, je me suis penché sur
l’étude des prix de l’or et de l’argent, du DJIA, du S&P 500 et de
l’indice immobilier Case-Shiller depuis la création
de la Fed.
Je dois avouer que les
résultats de mon étude sont assez surprenants. Pour résumer la situation, la
Fed est tout bonnement incapable de maintenir quelque stabilité des prix que
ce soit une fois libérée des menottes dorées que sont les dollars soutenus
par l’or.
Une inflation nette des prix des actifs
Regardons tout d’abord les
choses dans leur ensemble. Le Federal Reserve Act a été ratifié en 1913, et depuis cette date, nous
avons subi une inflation constante des prix des actifs. Cette inflation a
commencé à s’installer aux alentours de la signature du traité de Bretton Woods, en 1944.
Son développement s’est fait
en deux temps. Tout d’abord après la fermeture du guichet de l’or en 1971, ce
que nous pouvons observer de plus près en nous concentrant sur une base
quadri-annuelle (voir graphique ci-dessous). La deuxième phase de l’inflation
du prix des actifs s’est développée après l’arrivée d’Alan Greenspan à la
tête de la Fed en 1987 et celle de Bernanke en
2006.
Si un extraterrestre
s’aventurait à jeter un œil sur un graphique présentant l’évolution du prix
des différentes catégories d’actifs entre 1900 et 2012, il demanderait très
certainement à savoir ce qui a bien pu se passer.
La Fed est-elle la seule à blâmer ?
Nous ne pouvons blâmer
l'existence de la Fed pour l’inflation des prix des actifs. En observant leur
prix d’après 1913 à celui d’une décennie auparavant, nous ne pouvons
constater que de très faibles variations.
Mais il s’agit bien entendu
ici de la période à laquelle il existait encore une forme d’étalon or. Entre
1800 et 1914, la valeur du dollar est restée quasiment inchangée. En
revanche, comme nous pouvons le voir sur les graphiques présentés ci-dessus
et plus bas, cela n’est plus le cas aujourd’hui.
En observant ces 113 dernières
années, nous pouvons très clairement voir que l’introduction du système de Bretton Woods et la fermeture
du guichet de l’or ont entraîné une hausse du prix des actifs.
Pour autant que Bretton Woods était une
tentative d’établir une forme d’étalon or, il était loin d’imposer des
contrôles assez stricts pour prévenir les banques centrales de faire naître
l’inflation.
Le problème de Bretton Woods est qu’il a
manqué de limiter l’émission par la Réserve Fédérale de dollars convertibles
en or, et a donc été incapable de stabiliser les prix sur le long terme.
Comme l’a écrit Hazlitt, ‘le système semblait délivrer toutes les nations
sauf les Etats-Unis d’une discipline monétaire stricte’.
Le système de Bretton Woods a été pensé de
manière à assurer la stabilité économique tout en réduisant le besoin en or.
Toutes les devises étaient liées au dollar, et seul le dollar était
convertible en or. Les accords de Bretton Woods ont fait des Etats-Unis le seul pays à pouvoir
déterminer ses propres politiques monétaires puisqu’ils étaient ceux qui
disposaient des plus importantes réserves d’or du monde à la fin de la
seconde guerre mondiale.
La coopération internationale
était le point fort de Bretton Woods,
mais la discipline stricte qu’offrait autrefois un véritable étalon or était
absente. Les nations ressentaient encore le besoin d’augmenter leurs réserves
d’or et de maintenir un équilibre entre leurs importations et leurs
exportations, mais les Etats-Unis n’avaient plus aucun moyen d’équilibrer
leur balance commerciale, contrairement à ce qui aurait été le cas sous un
étalon or digne de ce nom. Selon Bretton Woods, les Etats-Unis pouvaient payer leurs dettes en
dollars qu’ils pourraient, puisqu’ils en étaient les seuls émetteurs,
imprimer à leur guise – grâce à la Réserve Fédérale.
La confiance envers le dollar
s’est tarie à mesure que les banques centrales étrangères ont perçu la
mauvaise gestion que faisaient les Etats-Unis de leur devise, ce qui a
entraîné un flux sortant des réserves d’or du pays. Nixon décida de fermer le
guichet de l’or en 1971 pour répondre à cette ruée incontrôlable des nations
du monde vers l’or des Etats-Unis.
Depuis lors, le système
monétaire fonctionne sur le principe de taux de change flottants, un système
qui selon Friedman ne pourrait s’avérer fructueux que si ‘la Réserve Fédérale
ne jouait pas avec le taux de croissance’ - comme cela aurait été le cas si
elle portait encore ses menottes dorées. En revanche, comme nous avons pu le
constater au travers de ses multiples politiques monétaires, la Réserve
Fédérale joue bel et bien avec le taux de croissance.
Menottes dorées et règles d’or
Pour dire les choses
simplement, depuis 1971, le nombre de dollars en circulation n’est plus lié
aux quantités d’or qui se trouvent dans les coffres des Etats-Unis. Depuis
lors, l’impression monétaire au bénéfice d’une économie au sein de laquelle
les prix ne cessent d’augmenter, que ce soit ceux de l’immobilier ou des
actions, est considérée une bonne chose.
Et pourtant, il est clair que
ces politiques entraînent une importante volatilité du prix des actifs. Comme
nous le savons aujourd’hui, les théories économiques
Keynésiennes et l’impression de devises par les banques centrales font
apparaître des bulles. En 2000, nous avons pu assister à un déclin très
important du Dow Jones et du S&P 500. A la suite de l’éclatement de la
bulle sur la dot.com, Greenspan a relevé les taux d’intérêts.
Très peu de temps après, en
2001, il lança une initiative visant à réduire le taux d’intérêt jusqu’à 1%
avant 2004. L’or et l’argent, comme vous pouvez le voir sur les graphiques
ci-dessus, ont alors vu leur prix
grimper, tels des drapeaux signalant les dangers représentés par les
politiques économiques laxistes qui voyaient alors le jour.
Depuis lors, la Réserve
Fédérale, aujourd’hui sous la direction de Ben Bernanke,
a lancé une quantité sans précédent de mesures de quantitative easing. Alors que les prix des actifs semblent en passe
d’atteindre de nouveaux records, le mot ‘stabilité’ ne peut certainement pas
décrire leur comportement depuis 1971. Et le taux de chômage de 7,8% et le
taux des fonds fédéraux de 0,25% prouvent bien que la Fed ne remplit pas son
mandat.
Après 100 ans d’existence, la
Fed devrait bientôt avoir à justifier de son existence, de ses politiques et
de ses théories économiques.
Qu’en pensez-vous ? Ne
croyez-vous pas que la Fed doive nous rendre des comptes ?