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Même si c'est un débat interdit en France (mais tout sera
peu à peu interdit dans ce pays en voie de disparition) et réglé à
l'étranger,tranchons le débat une fois pour toutes, même si cela relève du
miracle en France ou d'une banalité admise depuis longtemps à l'étranger,
notamment dans les pays qui ont renoués avec la croissance en abandonnant les
chimères marxistes et keynésiennes. La théorie keynésienne est fausse, et ce
n'est pas mon opinion, ce n'est d'ailleurs pas une question d'opinion. Mes
opinions relèvent de la sphére privée, sont subjectives et intimes et je ne
les rend jamais publiques pour cette raison. C'est donc une question de rigueur
et de sciences, et là je m'exprime en tant qu'écononiste, je fais mon
travail, ma vocation en fait. Pourtant, en France, on ne comprend toujours
pas ce qu'est la science économique, au point que l'on refuse à donner le
statut de sciences – qu'elle a conquis en 1776 avec Adam Smith – à la théorie
économique. Ce qui permet à n'importe quel idiot utile de parler économie
sans avoir jamais étudier ses principes. Le fait qu'elle soit une science
humaine ne change rien, et ne la rend pas moins objective. Bien au contraire,
puisque l'économiste s'intéresse à ce qui reléve de la Nature Humaine, et qui
échappe donc à notre subjectivité : le comportement rationnel, l'échange et
l'optimisation sous contrainte.
Personne n'y échappe, comme la loi de la gravité. C'est
pourquoi il existe bel et bien des lois économiques, et les ignorer engendre
les crises et les désastres. Premièrement, dans un raisonnement modélisé à
caractére scientifique, on enchaine des déductions à partir d'hypothèses,
comme en mathématiques. C'est pourquoi les mathématiques constituent le
langage puissant de toutes les sciences (mais ni de la religion, ni de
l'idéologie). Avec la baisse dramatique du niveau en mathématiques en France
(ce qui constitue une défaillance – ou une volonté ? - flagrante du monopole
de l'éducation nationale), on assiste à un retour inquiétant du scientisme :
les gens, plutôt que de reconnaitre leur ignorance, mélangent opinion,
jugement, science et idéologie. Deuxièmement, et comme en mathématiques
encore une fois, il suffit qu'une hypothèse soit fausse pour aboutir à un
résultat faux. C'est ce cauchemar qu'a vécu – et que redoute tous
mathématiciens honnêtes et rigoureux – Andrew Wiles quand il s'est attaqué à
la démonstration du dernier théorème de Fermat. Ceci étant posé, examinons
les hypothèses sur lesquelles sont fondées la thèorie de Keynes, pour
débusquer la supercherie sur laquelle repose toute la politique économique
française depuis 1981. Keynes considère TROIS HYPOTHESES, toutes
essentielles pour fonder tout son raisonnement.
HYPOTHESE 1 : Le taux d'épargne (ou propension à
épargner) s est exogène et fixe (constant). C'est donc un paramètre
macroéconomique qui échappe au choix des agents. Mais, dans le monde réel
dans lequel nous vivons, et qui intéresse seul un vrai scientifique, ce sont
les ménages qui décident – ou pas – d'épargner : c'est donc le résultat d'une
optimisation, d'un arbitrage entre consommation présente et consommation
future (arbitrage intertemporel). En conséquence, le taux d'épargne moyen et global,
s, est le résultat de l'agrégation de taux d'épargne individuel et
microéconomique. C'est ce qui a été établi, dans les années 80, par les
théoriciens de la croissance du MIT (modèle RCK).
Donc, cette première hypothèse keynésienne est fausse.
Rappelons, pour mémoire, que toute la théorie du multiplicateur, qui
sous-tend l'idée même de relance de la croissance par la consommation chère
aux keynésiens, repose sur cette hypothèse (fausse) de fixité (c'est plus
fort que constance) du taux d'épargne. En effet, dans la thèorie de Keynes,
l'effet multiplicateur k est l'inverse de la propension à épargner : k = 1/s HYPOTHESE
2 : Keynes propose une théorie de la conjoncture, donc du court-terme,
puisque, selon lui : "à long-terme, nous serons tous morts". Autrement
dit, après moi, le déluge. En plus, cette proposition est elle-même
totalement fausse : à long-terme, nous ne sommes pas tous morts : il y a la
génération suivante, c'est-à-dire celle issue de ceux qui sont vivants dans
la période présente. Keynes s'intéresse donc uniquement à la conjoncture (la
photographie de l'économie) et il pose donc une théorie statique de
l'économie, c'est-à-dire un modèle économique sans progrès technique. Qu'en
est-il dans les faits ? Nous vivons tous dans une réalité économique
fondamentalement dynamique et évolutive (le film de l'économie), caractérisée
notamment à un changement technologique incessant, depuis le néolithique (ce
n'est pas propre et cela n'a pas commencé avec la révolution industrielle).
C'est dans la nature humaine d'apprendre donc, par essais et erreurs
(Schumpeter) d'innover. Donc la deuxième hypothèse keynésienne est aussi
fausse.
HYPOTHESE 3 : Keynes raisonne, par hypothèse, en
économie fermée. Qu'en est-il encore une fois de la réalité : nous vivons
dans un monde ouvert (et ce n'est pas propre à la mondialisation, ni récent)
et c'est toujours lié à la nature humaine : il est dans la nature des hommes
d'échanger, et pour cela, il faut s'ouvrir aux autres, au monde. Vous voulez
rendre fou un homme, enfermez le dans l'isolement total (et je sais de quoi
je parle). Donc, la troisième et dernière hypothèse keynésienne est
totalement fausse.
Pour résumer, les trois hypothèses sur lesquelles est
bâtie toute la théorie de Keynes, laquelle sous-tend toute la politique
économique française, depuis 1981, et malgré toutes les alternances
politiques, sont FAUSSES. Or, une théorie fausse ne peut jamais fonctionner,
et c'est même sa principale caractéristique. Et cela n'a rien d'une
opinion : c'est un fait scientifique (et établi par une vingtaine de Prix
Nobel qui ont développé la théorie macrodynamique de la croissance à partir
du modèle fondateur de Robert Solow, prix Nobel d'économie en 1983). On
abandonne une théorie, non par opinion ou idéologie, mais au nom de la
rigueur : parce que les hypothèses ne correspondent pas à la réalité. Un vrai
scientifique (un sage), qui se soucie de comprendre le monde réel, abandonne
donc la théorie jugée fausse. Un idéologue, ou un politicien, qui ne vit pas
dans le monde réel, voire qui le nie, conserve SA THEORIE, et abandonne la
réalité, mettant toujours le monde réel en péril. En psychiatrie, on appelle
cela le déni, prélude à la dépression (vocabulaire emprunté à la science
économique), et l'enfermement (protectionnisme en économie).
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