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Le PIB est un outil de planification
économique. Il est l’outil permettant de déterminer si
les mesures de planification économique qui ont été
mises en place ont, ou non, porté leurs fruits. Voici ce qu’en
dit Wikipédia : ‘Le PIB
réfère à la valeur marché de l’ensemble des
biens et services produits par un pays en un temps donné’. Dans
cet article, nous nous interrogerons sur le sérieux du PIB en tant
qu’outil statistique, déterminerons son absence totale de sens,
pire encore, lui découvrirons de profonds liens avec
l’économie Keynésienne.
Si
vous désirez réellement déterminer si une
économie est en expansion, vous devez prendre en considération
chaque bien et chaque service vendu et estimer les changements en termes de
quantité et de qualité de ces biens et services au fil du
temps. Vous ne devez prendre en considération que les biens et
services qui sont échangés librement contre de la monnaie, sans
quoi aucune analyse transactionnelle ne peut permettre de confirmer leur
existence. Vous devez trouver un moyen de mesurer l’évolution
technologique de chaque produit et les changements en termes de services que
ces progrès induisent. C’est une tâche quasiment impossible,
du fait de sa complexité et du degré de subjectivité
qu’elle implique. Il est donc bien plus simple de
préférer utiliser des valeurs monétaires pour des
raisons de planification centralisée. Afin de mettre en avant les
faiblesses du PIB, nous commencerons par étudier le rôle
d’un PIB monétaire dans un environnement économique sain.
Si
une nation possède une monnaie parfaitement saine, alors il ne peut y
avoir ni expansion ni contraction de sa masse monétaire. Imaginons
qu’il n’y ait pas de flux monétaire transfrontaliers nets.
Le PIB de l’année 1 devrait alors être identique au PIB de
l’année n et ce, peu importe les activités
économiques qui ont eu lieu au cours de ces années. Le PIB est
donc un outil permettant de mesurer les quantités totales de monnaie déployées
au sein d’une économie et non les biens et services
eux-mêmes, qui peuvent varier à l’intérieur de la
quantité totale de monnaie déployée. Les seuls
changements qui sont en mesure d’être enregistrés par le
PIB sont les variations monétaires de la liquidité et de
l’épargne. Les activités du marché noir sont bien
évidemment exclues du calcul du PIB. C’est la nature même
d’une monnaie saine que de refléter la confiance du public et
des entreprises envers un moyen d’échange. Avec une monnaie
saine, il n’est pas nécessaire de considérer quelque
erreur statistique que ce soit, dans la mesure où la masse
monétaire ne peut être modifiée.
L’Histoire
nous a prouvé que dans une économie basée sur une
monnaie saine, les prix des biens finissent par diminuer, reflétant
l’amélioration des techniques de production et
l’évolution technologique. En termes réels, cette
croissance économique annuelle quasiment impossible à mesurer
pourrait donc s’élever à quelques petits pourcents. Afin
de refléter cette amélioration, on dirait alors que le pouvoir
d’achat a augmenté. C’est le caractère certain du
rendement des épargnes par l’augmentation du pouvoir
d’achat qui permet de maintenir les taux d’intérêts à
des niveaux peu élevés.
En
pratique, la performance économique est toujours
déterminée par la combinaison des secteurs public et
privé. Comme tout économiste ayant quelque expérience du
monde commercial le sait, la différence entre ces deux secteurs est
que le secteur privé, jouissant d’une liberté de choix,
utilise les ressources disponibles à la consommation et à
l’épargne afin d’éviter au mieux le
gaspillage ; dans le même temps que le secteur public,
déployant majoritairement des ressources économiques à
des fins bureaucratiques, est bien moins efficace en ce sens. Il n’existe
aucun moyen de mesurer la perte de ressources économiques depuis son
redéploiement vers le secteur public, dans la mesure où elle
peut être plus ou moins importante en fonction de
l’échelon administratif ou gouvernemental observé. Pour
ce qui concerne les biens et services fournis par le gouvernement, il
n’existe aucun mécanisme de fixation de prix capable de
déterminer leur valeur réelle. A la perte de ressources
économiques par le gouvernement doit être ajoutée la
production économique dont aurait pu profiter le secteur privé
si ces ressources n’avaient pas été utilisées pour
financer les dépenses gouvernementales. Ajoutées l’une
à l’autre, ces deux pertes peuvent s’avérer
considérables. Nous pouvons voir émerger des changements au
sein d’une économie et ce, même si une valeur
monétaire fixe représente l’ensemble des transactions
entreprises chaque année sur le marché. De plus, le coût
du gouvernement au sein d’un système basé sur une monnaie
saine devient immédiatement évident aux yeux du public, du fait
que le gouvernement ne peut utiliser la taxe invisible qu’est
l’inflation comme source de revenus ou comme outil de gestion
économique. Dans un environnement basé sur une monnaie saine,
lorsqu’un gouvernement emprunte afin de financer ses dépenses, il
augmente à la fois ses taux d’intérêts et ceux du
secteur privé productif, dans la mesure où il n’a pas la
possibilité d’augmenter la masse monétaire. Parce que
toute intervention gouvernementale est immédiatement reconnue pour ce
qu’elle est, la démocratie, dans un système basé
sur une monnaie saine, peut élire des gouvernements aux pouvoirs moins
étendus. En conséquence, le poids des dépenses et des
interventions gouvernementales sur l’économie est
minimisé par la monnaie saine.
Considérons
désormais les conditions d’aujourd’hui, à une heure
où les gouvernements gèrent la masse monétaire comme bon
leur semble et où les banques sont autorisées par le
gouvernement à varier de leur plein gré la quantité de
crédit disponible.
Notre
tâche est ici d’identifier les facteurs qui permettent au PIB
nominal d’augmenter dans le temps. Le PIB représente la
production domestique. Les balances commerciales sont déjà
inclues dans son calcul, contrairement aux transactions de capital. Le premier
facteur à prendre en compte est l’augmentation de la masse de
monnaie fiduciaire au sein de l’économie. Cette quantité
supplémentaire de monnaie et de crédit bancaire doit être
inversée, dans la mesure où elle ne représente pas une
augmentation de la valeur des biens et services sur le marché –
ce que nous avons vu plus haut, lorsque nous avons pris en
considération l’exemple de la monnaie saine.
Deuxièmement, les dépenses gouvernementales représentent
également une forme de distorsion statistique, dans la mesure
où elles sont approchées comme étant une activité
source de productivité – alors que, comme nous l’avons vu,
elles ont un coût économique net. Les dépenses
gouvernementales gonflent artificiellement le PIB et ne devraient pas
être prises en considération lors de son calcul. Pour finir, le
changement en termes de niveaux de prix qui accompagne l’expansion de
la masse monétaire et du crédit augmentent le PIB nominal
plutôt que le diminuer, comme cela devrait être le cas.
En
conséquence, l’augmentation du PIB au sein d’une
économie fiduciaire en un temps donné n’est autre que le
résultat de ces trois types de distorsion. S’ils étaient
exclus du calcul officiel du PIB, alors ce dernier ne devrait pas enregistrer
de croissance. Le graphique ci-dessous présente les ajustements du PIB
des Etats-Unis de 1960 à 2010.
Le
graphique présente la courbe (en rouge) du PIB nominal, à
laquelle ont été déduites l’une après
l’autre les trois distorsions dont nous avons fait mention afin
d’arriver à un PIB équivalent en termes de monnaie stable
(courbe noire). Le PIB nominal est passé de 526,4 milliards en 1960
à 14.849 milliards de dollars en 2010. La courbe noire est
passée de 439,7 milliards en 1960 à 436,3 milliards de dollars
en 2010.
Selon
moi, la croissance du PIB est entièrement due à l’augmentation
des dépenses gouvernementales, à l’inflation de la masse
monétaire et du crédit, et à la baisse du pouvoir
d’achat de la devise. Cependant, le PIB représenté par la
courbe noire présente tout de même une forme de
volatilité, bien que cette dernière soit très
limitée en comparaison à la courbe du PIB avant ajustement. Les
variables qui pourraient en être la cause sont les changements
d’attitudes par rapport à l’épargne,
l’expansion du marché noir, ainsi que les changements
méthodologiques du calcul de l’indice des prix à la
consommation. Tout au long de cette période, la récolte de
données a été améliorée, et la relation
entre M2 et les autres variables monétaires telles que la monnaie
circulant dans l’ombre du système bancaire ont également
pu affecter certaines estimations. En prenant ces variables en
considération, la stabilité de la courbe noire au cours de ces
40 dernières années est impressionnante.
Il
semble donc que le PIB, outil statistique privilégié du
système de planification centrale, ne soit autre qu’un outil
dénué de sens. Il a été inventé par un
économiste et lauréat du prix Nobel du nom de Simon Kuznets, qui
a travaillé pour le Bureau National pour la Recherche Economique dans
les années 1930. Le PIB fut utilisé pour la première
fois en 1942 afin d’estimer les revenus nationaux et de faciliter le
financement de la guerre. Toutes les mises en gardes qui avaient
été inscrites par Kuznets dans son dossier ont été
ignorées. C’était donc comme si le Congrès lui
avait demandé d’inventer une statistique pouvant permettre de
mesurer la croissance future d’un gouvernement en faisant en sorte que
les pertes que cette croissance entraînerait sur
l’économie soient dissimulées. Les bases fondamentales de
cet outil statistique ne semblent pas avoir été
sérieusement remises en question depuis sa mise en application :
après tout, le travail d’un lauréat du prix Nobel, au
même titre que les méthodologies statistiques employées
par le gouvernement, est considéré comme ayant la science
infuse.
Ainsi,
la majorité des travaux qui ont été publiés par
les économistes au cours de ces quelques dernières
années sont basés sur de pures fabulations. Plus les
statistiques modernes supportent de mauvaises théories
économiques cherchant à justifier les dépenses
gouvernementales plutôt que la vérité, plus ces
théories dérivent des lois fondamentales de notre économie
moderne, étant déjà elles-mêmes construite sur un
château de sable. Selon le PIB, les dépenses gouvernementales
stimulent la croissance économique. C’est la raison pour
laquelle les Keynésiens sont convaincus que l’intervention du
gouvernement est bénéfique à l’économie.
Mais les économistes de l’école Autrichienne savent que
c’est tout le contraire. Les faux outils statistiques tels que le PIB
expliquent comment ces deux camps peuvent avoir des idées si
différentes. Nous sommes si familiers avec l’idée que le
PIB reflète réellement l’activité
économique qu’il est difficile d’accepter qu’il ne
soit rien de plus qu’un simple calcul monétaire sans aucune
valeur.
Penchons-nous
désormais sur ce que tout cela implique.
Certaines
implications sont évidentes. Par exemple, plus l’inflation
monétaire est importante, plus le PIB augmente et plus les banques
centrales sont incitées à poursuivre leurs politiques
d’expansion monétaire et de crédit. Il n’est pas
étonnant que nous nous soyons noyés dans un océan de
dettes au point de ne plus savoir comment nous en sortir.
Deuxièmement, plus un gouvernement dépense et plus il augmente
les taxes, plus il augmente artificiellement le PIB : c’est cela
même qui donne au socialisme ses fausses allures de succès. Peu
importe à quel point le gouvernement s’étend aux
dépens du secteur privé, son expansion est
bénéfique aux statistiques, bien qu’elle soit économiquement
destructrice. Pour finir, plus le gouvernement manipule l’indice des
prix à la consommation afin de le conserver à des niveaux
très bas, plus le PIB semble augmenter, reflétant les
changements en termes de niveaux de prix réels : c’est
là précisément ce que le gouvernement des Etats-Unis a
mis en œuvre ces quelques dernières années, comme le
démontrent les statistiques de l’inflation calculées par
ShadowStats.com.
Les
gouvernements ont utilisés toutes ces manipulations et ont finis par
se duper eux-mêmes depuis que le PIB a été inventé
et développé à leur diligence. Tant que le PIB
augmentera, le fardeau de la gestion gouvernementale ne cessera de
croître. Le public, conscient que les dépenses gouvernementales
permettent la croissance du PIB, est désormais certain que le
contrôle de l’économie par le gouvernement
représente la voie vers le salut en ces temps économiques
incertains.
S’il
est une chose moins évidente à apercevoir, du moins aux yeux du
gouvernement, c’est que nous approchons désormais de la fin de
ces illusions, dans la mesure où nous savons tous que les banquiers
centraux nous ont menés vers une impasse. Les dettes des gouvernements
du monde développé sont aujourd’hui hors de
contrôle et une augmentation des dépenses de
sécurité sociale est sur le point de faire son apparition. Les
gouvernements ne se dupent plus eux-mêmes avec leurs faux outils
statistiques, ils combattent pour leur propre survie économique.
Il
va sans dire qu’ils perdront la bataille, dans la mesure où ils
sont les victimes de leurs propres propagandes statistiques. Ils sont
persuadés que tous leurs problèmes peuvent être
réglés par l’intervention étatique et ne
comprennent pas pourquoi leurs plans ne portent pas leurs fruits. Ils
blâment le secteur privé pour leurs maux économiques,
alors que ces derniers ne sont que les conséquences de leurs propres
interventions. Leur réaction est d’augmenter l’ensemble
des variables comprises dans le calcul du PIB : les banques doivent favoriser
toujours plus l’expansion de crédit, les gouvernements doivent
dépenser plus et la croissance de l’indice des prix à la
consommation doit être ignorée dans la mesure où
l’inflation est favorable au PIB.
Dans
le même temps que des remèdes sont recherchés dans le
vain espoir que les économies modernes puissent se rétablir,
les chances de voir apparaître un rétablissement
économique durable s’amoindrissent. Un équilibre entre la
consommation et l’épargne est nécessaire et peut
uniquement être déterminé par le marché libre et
non par le gouvernement. Plutôt que de laisser une telle chose se
produire, le gouvernement continuera d’étendre la masse
monétaire et le crédit jusqu’à ce que
l’épargne soit entièrement détruite.
L’inflation monétaire n’est plus seulement un outil de
gonflement du PIB mais un outil permettant au gouvernement de différer
sa banqueroute dans le temps et de blâmer les mauvais investissements qui
lui sont associés sur le dos du secteur public.
Afin
de prouver que l’outil statistique qu’est le PIB est aussi
éloigné des réalités économiques que les
objets stellaires le sont entre eux, je dirais simplement ceci : si le
PIB avait été calculé au début des années
1920, l’Allemagne serait apparue selon les données statistiques
comme étant en plein boom économique alors qu’en
réalité, elle traversait une hyperinflation. Si vous ne pouvez
toujours pas vous faire à l’idée que le PIB n’ait
aucune valeur statistique, expliquez-moi comment la valeur totale de
l’ensemble des biens et services peut être modifiée dans
un système basé sur une monnaie saine.
Alasdair
McLeod
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