Pourquoi le papier monnaie semble t’il fonctionner ? I - Rome, -27 avant JC

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From the Archives : Originally published May 28th, 2009
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Imaginez que vous viviez sur une petite île, exploitant la mine de sel locale, avec Pierre le pêcheur et Thomas le producteur de pommes. Vous échangez votre sel contre les poissons de Pierre et les pommes de Thomas, et ils s’échangent respectivement leurs pommes et leurs poissons.

Un jour, Pierre dit : « A partir de maintenant, au lieu de poisson, je te donnerai des morceaux de papyrus avec des chiffres inscrits dessus » (le papyrus pousse en quantité quasiment illimitée dans les alentours, ce qui profite évidemment à Pierre). Il continue : « un dollar papyrus vaudra un poisson, ou cinq pommes, ou deux sacs de sel (cours équivalent aux cours actuels du troc). Cela facilitera les échanges entre nous. Cela nous évitera de nous promener tout le temps avec les poissons, les pommes et le sel. A la place, on présentera simplement le papyrus à échanger sur demande ».
 
En bref, Pierre veut moderniser l’économie de votre petit île en introduisant l’argent, et il a déjà avec lui l’un de ces billets papyrus de 1 dollar, qu’il est impatient d’échanger contre du sel.

Vous vous moqueriez de lui, car vous savez que le papyrus en soi n’a aucune valeur. Si vous acceptiez tous les trois d’utiliser le papyrus, sa valeur ne reposerait que sur une promesse, celle de Pierre que le papyrus qu’il émet est réellement garanti par du poisson. Puisque le papyrus pousse partout, il pourrait facilement en émettre à volonté. En fait, il y a peu de chances pour qu’aucun des habitants de l’île ne propose une idée aussi absurde.

Il y a plus de chances qu’ils utilisent un autre bien pour lequel il existe une demande réelle (par exemple, une espèce rare de crustacé utilisé comme ornement et que l’on ne trouve que rarement sur l’île) comme moyen d’échange.

En bref, une monnaie d’échange/valeur refuge de marché libre ne peut être que quelque chose pour lequel il existe une demande déjà établie. Aucun objet sans valeur ne pourrait jamais fonctionner comme monnaie dans un marché libre.

Alors comment cela est-il arrivé ?

Comment des objets sans aucune valeur intrinsèque sont-ils parvenus à être acceptés en tant que monnaie ? Pour répondre à cette question, il nous faut jeter un bref coup d’œil à l’histoire.



Flash-back : Rome, 27 avant J.-C.



L’histoire de l’inflation et de la dévaluation de la monnaie de Rome a réellement commencé avec le successeur de César, Auguste, mais au moins sa méthode n’était pas une escroquerie prima facie. Il ordonna simplement aux mines de surproduire de l’argent afin de tenter de financer l’empire qui s’était beaucoup agrandi sous César et lui-même.

Lorsque cette surproduction commença à produire des effets inflationnistes, Auguste décida sagement de réduire l’émission de pièces. Ce fut la dernière fois qu’un empereur romain tenta de corriger honnêtement une erreur de politique monétaire, à l’exception d’un bref moment de rectitude monétaire sous Aurélien, environ 280 ans plus tard.

Sous les successeurs d’Auguste, les choses commencèrent à se détériorer rapidement. Claude, Caligula et Néron engagèrent d’énormes dépenses qui épuisèrent les finances de Rome. C’est Néron qui le premier eut l’idée de dévaluer les pièces de monnaie en réduisant leur taux d’argent, en 64 après Jésus-Christ. Tout commença à aller mal à partir de là.

Il faut remarquer que Marc-Antoine, aujourd’hui célèbre jusqu’à Hollywood, finança également l’armée qu’il utilisa pour combattre Octave, puis plus tard Auguste, avec des pièces dévaluées. Ces pièces restèrent en circulation pendant longtemps, obéissant à la loi de Gresham, selon laquelle « la mauvaise monnaie chasse la bonne ».




Un spécimen de l’Antonianus émis par Aurélien, datant de 275 après J.-C., avec une proportion argent/cuivre de 1/20



En 274 après J.-C., Aurélien entama une réforme monétaire bien intentionnée, qui fixa la teneur en argent et en cuivre de la pièce la plus utilisée à l’époque (l’Antonianus) à 1/20. Cependant, dès que cette réforme entre en vigueur, la teneur en argent continua son inexorable déclin.




L’empereur Dioclétien, le  contrôleur des prix



En l’an 300 après J.-C., l’empereur Dioclétien s’essaya à la réforme, cette fois en instituant un contrôle des prix, une sottise répétée de nombreuses fois par la suite, malgré les preuves irréfutable que cela ne marche jamais (l’expérience malheureuse de Richard Nixon étant l’exemple le plus récent).

Naturellement, ces contrôles des prix accélérèrent la chute de Rome, car les biens commencèrent tout simplement à disparaître du marché. Les marchands commencèrent à cacher leurs biens plutôt que d’accepter le décret les obligeants à vendre à perte. Ceci est bien sûr la raison pour laquelle le contrôle des prix est toujours voué à l’échec.

Une caractéristique récurrente de la longue histoire de la dévaluation de la monnaie de Rome était un déficit commercial chronique dû à la surconsommation. Cela vous est-il vaguement familier ?


A suivre…


Mish

GlobalEconomicAnalysis.blogspot.com





ish's Global Economic Trend Analysis

Réflexions sur de débat de l’inflation /déflation/stagnation et autres remarques sur l’or, l’argent, les monnaies, les taux d’intérêts et les politiques monétaires affectant les marchés mondiaux.



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Mish 13 abonnés
Réflexions sur de débat de l’inflation /déflation/stagnation et autres remarques sur l’or, l’argent, les monnaies, les taux d’intérêts et les politiques monétaires affectant les marchés mondiaux.
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Probablement le contrôle des prix détruisit les routes commerciales, appauvrissant l'empire, affaiblissant son contrôle des provinces, sans que les empereurs ne prennent conscience de leur responsabilité en la matière.

Tout se paie...
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Il y a, semble-t-il, une faute d'orthographe dans le titre (semble t'il) ! De plus en plus répandue, celle-là...
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Il faut noter que les romains ont ouvert des routes commerciales maritimes avec l'Inde et...la Chine. Hors ils importaient de la soie, des épices etc...et ils exportaient...rien. Ils payaient en or. Rome connaissait un important deficit commercial et l'or quittait l'empire vers l'Inde et la Chine.

Ca ne vous rappelle rien ?

(aujourd'hui on achete à crédit, ce qui est pire)
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Ah la décadence, quand tu nous tiens... ;-)

Et bien ou est le problème ?!

Ils exportaient donc ... de l'or.
(Vous n'avez visiblement pas saisi ce qu'est une monnaie-marchandise)
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Et bien l'or à fait cruellement défaut à l'empire qui ne pouvait plus entretenir ses armées.

Il partait en Inde et en Chine et ne revenait jamais (contrairement à ce qu'affirme l'école autrichienne)
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Et bien l'or à fait cruellement défaut à l'empire qui ne pouvait plus entretenir ses armées. Il partait en Inde et en Chine et ne revenait jamais (contrairement à ce qu'affirme l'école autrichienne) Read more
zoppas - 6/5/2012 at 5:17 AM GMT
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