Article d’Hubert Moolman, publié le 24 février 2016 sur SafeHaven.com :
« La monnaie est une réserve de valeur (ou de richesse), un moyen
d’échange ainsi qu’une unité de compte. Pour être efficace une monnaie doit
être divisible, portable, homogène, durable et avoir une valeur intrinsèque
(…). L’or dispose de toutes ces qualités. C’est la raison pour laquelle il
est utilisé en tant que monnaie depuis des siècles et des siècles. C’est
aussi pour cette raison que les banques centrales en détiennent. Enfin, c’est
grâce à l’or que les banques centrales furent en mesure de pousser la
population à utiliser et à faire confiance à l’argent papier.
L’argent métal possède également ces propriétés monétaires. C’est la
raison pour laquelle il fut utilisé en tant que monnaie depuis des
siècles. De plus, de par le passé les banques centrales ont également stocké
de l’argent métal en tant que réserve de change. Il était également utilisé
pour la fabrication de pièces.
L’argent était intégré dans les réserves des banques centrales il y a
encore 100 ans
Aujourd’hui, l’argent a été grosso modo complètement démonétisé. Plus
aucune banque centrale ou presque n’en détient. Cette démonétisation a
démarré dans les années 1870 pour s’achever dans la fin des années 60. Le
fait que l’argent a été complètement démonétisé tandis que les banques
centrales ont continué d’intégrer l’or dans leurs réserves de change est la
raison majeure qui explique pourquoi certains perçoivent l’or en tant que
monnaie et l’argent en tant que matière première.
L’accord de Bretton-Woods fut virtuellement le dernier
clou planté dans le cercueil du statut de monnaie de l’argent métal. À cette
occasion, les nations du monde se mirent d’accord pour structurer le système
monétaire autour de l’or et du dollar américain (en excluant ainsi l’argent).
Aujourd’hui, nous sommes en quelque sorte dans une ère post Bretton-Woods,
notre paysage monétaire ayant été écorné par les effets de ce plan
(l’expansion massive du crédit).
Beaucoup affirment que les banques centrales détestent l’or sur la base de
leurs actions des 100 dernières années. Cependant, les banques centrales ne
haïssent pas viscéralement l’or… Elles le font uniquement lorsque c’est dans
leur intérêt. Car quand l’or leur est utile, elles sont les premières à
l’aimer.
Par exemple, les banques centrales aimaient beaucoup l’or lorsqu’il leur
permit de donner de la crédibilité à leur argent papier, durant les
périodes lorsque celui-ci fut remis en question (comme ce fut le cas
durant les années 70). Jusqu’à environ 1976, les banques centrales étaient
des acheteuses nettes d’or.
Durant les années 80, l’argent papier fut encore sous pression ce qui
força les banques centrales à s’accrocher à leur or. Durant cette décennie,
leurs réserves furent quasi inchangées.
Arrivé dans les années 90, le paysage financier avait évolué vers une
situation dans laquelle il était dans l’intérêt de la plupart des pays de
dévaluer leur devise (afin d’alimenter la grande bulle du crédit). Durant
cette période les banques centrales furent vendeuses nettes d’or et la
tendance s’est poursuivie jusqu’en 2008/2009.
2008 : les réserves de change ont a nouveau besoin des métaux précieux
La crise financière de 2008 a bouleversé le paysage financier, forçant les
banques centrales à redevenir acheteuses nettes d’or (c’est encore le cas
aujourd’hui). De nouveau, comme ce fut le cas dans les années 70, ces achats
vont dans leur intérêt afin de soutenir leurs devises douteuses.
Depuis la crise de 2008, de grandes évolutions (comme la banque des BRICS)
sont apparues avec pour objectif de remplacer le dollar en tant que monnaie
de réserve. Ces changements ne pourront que s’intensifier alors que de plus
en plus de devises sont mises sous pression par la crise financière qui n’en
finit pas.
Afin d’atteindre cet objectif, un outil comme l’or devra être utilisé pour
instaurer la crédibilité nécessaire. Cela provoquera parmi les nations une
ruée, qui a déjà démarré, pour mettre la main sur un maximum d’or (à
l’exception des États-Unis, vu qu’il n’est pas dans leur intérêt de perdre le
statut du dollar).
Lorsque cela aura lieu, il ne faudra pas attendre longtemps avant de voir
les banques centrales acheter de l’argent métal vu que
celui-ci dispose de toutes les propriétés monétaires de l’or. Cette
affirmation pourrait faire froncer les sourcils de nombreux lecteurs, vu
l’attitude historique récente des banques centrales envers l’argent métal.
Mais si elles n’en possédaient pas, c’est qu’elles n’en avaient pas
l’intérêt. Aujourd’hui, alors que la donne a changé, l’intérêt de posséder de
l’argent métal pour survivre en tant qu’autorité monétaire ou même en tant
que nation est bien réel. Et après tout, ce n’est pas comme s’il s’agissait
d’une nouveauté. (…) »