L’argent liquide est un
gros problème pour les banques centrales.
La cause en est la
structure du système financier. Comme je l’ai déjà dit, il est structuré
comme suit :
1) La
quantité totales de monnaie (argent liquide, sous forme de billets et de
pièces) au sein du système financier américain représente un peu plus d’1,36
trillion de dollars.
2) Une fois
qu’y est inclue la monnaie digitale déposée sur les comptes de court comme de
long terme, cette quantité de monnaie passe à environ 10 trillions de
dollars.
3) La monnaie disponible
sur le marché américain des actions (parts des sociétés cotées en bourse)
représente plus de 20 trillions de dollars.
4) Le marché américain
des obligations (l’argent qui a été prêté aux corporations, aux gouvernements
municipaux, aux Etats et au gouvernement fédéral) représente près de deux
fois cette somme, avec 38 trillions de dollars.
5) Les
instruments du crédit (prêts immobiliers, obligations adossées à des actifs,
obligations toxiques, papier commercial et autres monnaies digitales basées
sur la dette) représentent 58,7 trillions de dollars.
6) Les produits dérivés
dérégulés de gré-à-gré que s’échangent les grosses banques et les corporations
représentent plus de 220 trillions de dollars.
Sur observation de ces
chiffres, la première chose qui saute aux yeux est qu’une majorité de la
monnaie présente au sein du système financier prend la forme de prêts en
monnaie digitale ou de crédit.
Pour dire les choses
autrement, l’argent liquide, ou physique (billets et pièces) représente moins
d’un pourcent de la monnaie présente dans le système financier.
C’est une bonne chose
pour ce qui concerne les banques centrales, parce que si les
investisseurs/déposants cherchaient à convertir ne serait-ce qu’une petite
portion de ce « capital » en billets physique, le système
imploserait (il n’y aurait pas suffisamment d’argent liquide).
Souvenez-vous que le
système financier dans lequel nous vivons repose sur la dette. La norme
monétaire « sans risque » n’est pas l’argent liquide, ce sont les
bons du Trésor américain.
Quand la crise de 2008 a
éclaté, l’un des plus gros problèmes auxquels ont fait face les banques
centrales a été d’empêcher les investisseurs de fuir le capital digital en
faveur de l’argent liquide. Ce qui a failli faire s’effondrer le système
financier a été la tentative des déposants de retirer 500 milliards de
dollars de fonds du marché monétaire.
Les fonds du marché
monétaire utilisent l’argent des investisseurs pour émettre de la dette
liquide de court terme et des garanties de crédit. Ces fonds offrent aux
investisseurs des intérêts sur leur argent, tout en étant extrêmement
liquides (les investisseurs peuvent en retirer leur argent à n’importe quel
moment).
En théorie, c’est un
système qui fonctionne très bien… mais après que 500 milliards de dollars ont
été retirés (environ 24% du marché total) en l’espace de quatre semaines, la
réalité du marché financier a été dévoilée : la monnaie digitale n’est
absolument pas sécurisée.
Quand les fonds du
marché monétaire et les marchés du papier commercial se sont effondrés, les
réserves de fuel qui permettaient au système financier de continuer de
tourner se sont asséchées. Presqu’immédiatement, la machine s’est arrêtée.
Quand cela s’est
produit, les banques centrales du monde ont réalisé que leur pire cauchemar
pouvait devenir réalité : si un pourcentage significatif d’investisseurs/déposants
tentait de convertir son capital en argent liquide (physique), le système
tout entier serait susceptible d’imploser.
En conséquence, l’ensemble
des décisions monétaires prises par la Fed depuis cet incident ont eu pour
objectif de chasser les investisseurs hors de l’argent liquide et vers les
actifs à risque. La décision la plus évidente a été la réduction des taux d’intérêt
jusqu’à 0,25%, qui a rendu presque nuls les intérêts offerts par l’argent
liquide.
En revanche, les
programmes de QE et l’Operation Twist de la Fed ont eu des objectifs
similaires : forcer les investisseurs hors de la monnaie, notamment hors
de la monnaie physique.
Après tout, si la
monnaie n’offre aucun rendement, ceux qui ne désirent pas perdre de pouvoir d’achat
n’ont d’autre choix que de rechercher des rendements accrus sur les actions
ou les obligations.
Les modèles économiques
de la Fed estimaient que ces politiques relanceraient l’économie américaine.
Le seul problème, c’est qu’elles ne l’ont pas fait. En réalité, tout indique
que l’économie américaine stagne maintenant depuis des années, malgré les
taux d’intérêt maintenus proches de zéro depuis déjà six ans, et trois
programmes de QE.
En conséquence, les
économistes grand public de CitiGroup, le Conseil allemand des experts économiques
et les gestionnaires d’obligations de M&G ont suggéré un abandon total de
l’argent liquide.
Et ce n’est que le
début. Nous avons récemment appris l’existence d’un document confidentiel
soulignant la volonté de la Fed d’incinérer l’épargne.
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