Ces
dernières semaines, nous avons pu entendre de nombreux dirigeants du
G20 discuter de la possibilité pour les pays de la zone Euro
d’accorder des droits d’emprunt au FMI afin de fournir un effet
de levier plus important au FESF. La Bundesbank détient les droits de
tirage spéciaux de l’Allemagne, sécurisés par ses
réserves d’or. Il semblerait que les propositions faites par les
membres du G20 aient causé quelques tensions entre Jens Weidmann, directeur de la Bundesbank, et Schaeuble, ministre des finances ; ainsi
qu’entre Weidmann et la BCE.
Le
ministère Allemand des Finances déclarait récemment que
les réserves d’or de l’Allemagne ‘devaient demeurer
intouchables’. La Bundesbank et le porte-parole d’Angela Merkel ont également fait part de la même
opinion. Ils sont ainsi revenus sur une récente discussion quant
à savoir s’il faudrait ou non vendre une partie des
réserves d’or de l’Allemagne sous le Second Accord entre
les Banques Centrales, et au cours de laquelle l’ancien
président de la Bundesbank Axel Weber déclarait que les
réserves de devises de l’Allemagne devaient demeurer un rempart
contre les dévaluations du dollar US.
Peu
de temps avant cela, M. Noyer, directeur de la banque centrale de France,
déclarait que vendre l’or de son pays reviendrait en quelque
sorte à ‘vendre ses bijoux de famille’. Malheureusement,
Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances, ordonnait la vente de 600
tonnes d’or français ; une décision qu’il
regrette sans doute amèrement à l’heure actuelle. A
l’époque, on vendait l’or pour obtenir des dollars. Plus
tard, il fut utilisé pour soutenir l’arrivée de
l’euro. Aujourd’hui, son utilisation est malheureusement toute
autre…
L’or
est aujourd’hui utilisé comme collatéral pour les
prêts contractés par les pays membres de la zone Euro.
Il
est bien évidemment aisé d’engager l’or d’un
autre pays pour votre propre cause, mais il est une toute autre chose de
l’utiliser ainsi !
L’or ‘interdit’
de la Bundesbank
La
réaction négative de l’Allemagne à la proposition
faite par la France, l’Angleterre et les Etats-Unis d’utiliser
l’or de l’Allemagne comme collatéral pour le financement
de la dette Européenne est parfaitement compréhensible. Pourquoi
l’Allemagne devrait-elle placer son or pour sécuriser la dette
Grecque ou Italienne ? Cela reviendrait à placer le futur de son
or entre les mains d’autres gouvernements étant connus pour trop
emprunter. Malheureusement, lorsqu’un autre pays vous propose de
garantir votre dette, cela devient rapidement une invitation à
utiliser sa monnaie.
Les
gouvernements ayant vendu leur or, que ce soit pour supporter le dollar ou
l’arrivée de l’euro, se morfondent aujourd’hui sur
leur sort, particulièrement du fait qu’ils l’aient vendu
pour un prix bien inférieur à son prix actuel. Sous Gordon
Brown, l’Angleterre a vendu plus de la moitié de ses
réserves d’or pour le prix de 275 dollars l’once. Au cours
de cette dernière décennie, la plupart des ventes d’or se
sont faites en dessous du prix de 1000 dollars l’once. Depuis lors, le
silence semble de rigueur lorsqu’il en vient à parler des
gouvernements qui à l’époque supportaient de telles
ventes.
Avec
un système monétaire global s’affaiblissant de jour en
jour, les gouvernements semblent de plus en plus attachés à
leur or. Aucune vente d’or n’a techniquement eu lieu depuis 2009,
et de plus en plus de gouvernements de pays émergeants se sont mis
à acheter de l’or, tels que la Russie et la Chine.
Est-ce là une
décision de la part des gouvernements ?
L’or
et les réserves de devises sont, et c’est là une chance,
sous la responsabilité des banques centrales et non des gouvernements.
Les banques centrales agissent généralement
indépendamment des gouvernements, et la raison à cela est la
crise de la dette elle-même.
Imaginez-vous
que les hommes politiques avaient un contrôle des réserves de
devises de leur nation. Leur habitude dépensière aurait eu il y
a bien longtemps raison de ces réserves. Il n’en resterait
très certainement pas grand-chose aujourd’hui !
L’or
et les réserves de devises sont détenus dans
l’éventualité d’une guerre. En effet, elles
assurent au pays de pouvoir assurer des paiements internationaux pour une
durée minimale de trois mois. Elles représentent la monnaie du
gouvernement lorsque ses propres devises ont été
écoulées.
L’or
et les réserves de devises sont donc de la monnaie de dernier recours.
Pour
une nation ayant encore quelque crédibilité financière,
ces réserves doivent être disponibles pour servir les besoins de
leur nation, et non ses obligations. En temps de guerre, l’or demeure
une devise internationale, acceptée y compris entre pays ennemis. En
temps de paix, ces réserves ne doivent être touchées. Les
hommes politiques ne cessent de pointer à leurs réserves
d’or pour tenter de couvrir leurs dettes et distraire les regards du
véritable problème. Dans le contexte actuel de crise Européenne,
je suis surpris d’observer que ce problème n’a encore
jamais été soulevé…
La fuite de capital
La
situation à laquelle font face les nations Européennes
surendettées ne cesse de s’empirer et ne sont pas pleinement
retranscrites par les médias. Une très importante fuite de
capital ne cesse de priver ces nations du capital dont elles auraient besoin
pour fonctionner correctement. Ce qui est le plus épouvantable est que
les nations les plus faibles de la zone Euro, les PIIGS, n’imposent pas
de contrôle des échanges et du capital afin de prévenir
cette fuite de capital alors que leur devise nationale est l’Euro. Le
traité de l’Europe permet en effet ce type de comportement, du
moins temporairement. Dans la mesure où elles ont échoué
à imposer ces contrôles, le capital présent dans leurs
banques ont pour la plus grande partie migré vers des pays tels que
l’Allemagne. Cette monnaie ne reviendra jamais de l’endroit d’où
elle a fui, à moins qu’une très bonne raison ne se
présente et uniquement si cette raison n’est pas en mesure
d’être victime de liquidation bancaire et qu’un retour
à la devise nationale ne se trouve pas menacé par le
contrôle du gouvernement.
De
plus, les banques détentrices de la dette des PIIGS les revendent
aussi rapidement que possible. Si vous saviez que par cette stratégie,
vous pourriez voir 50% de ces sommes disparaitre de vos bilans, vous les
revendriez aussi pour n’importe
quel prix supérieur à 50%.
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