Le
22 janvier, Mario Draghi devrait annoncer la décision de la BCE de stimuler l’Europe
au travers d’un programme de QE, ou si vous préférez, de rachat d’obligations
gouvernementales. Voilà qui aurait dû rester secret, mais il semblerait que
le pot aux roses ait été dévoilé.
Reuters
nous apprend que la BCE considère trois options, divulguées par un journal
hollandais :
- Acheter
des obligations souveraines en des quantités proportionnelles aux parts
de l’Etat membre auprès de la banque centrale.
- Acheter
des obligations souveraines triple-A, porter leur rendement à zéro voire
en territoire négatif. L’objectif en serait de pousser les investisseurs
à acheter de la dette souveraine et d’entreprise plus risquée.
- Forcer
les banques centrales nationales à acheter, afin que ce risque ne repose
« en principe » que sur le pays en question.
Chacune de ces trois solutions est complètement ridicule. Les rendements des
obligations allemandes sont déjà négatifs sur cinq ans et autour de zéro sur
dix ans. Le rendement des obligations espagnoles sur dix ans est de 1,64%.
Par comparaison, celui des obligations américaines sur dix ans est de 1,96%.
Ces obligations sont déjà excessivement
chères compte tenu du risque présenté par une dissolution désordonnée de la
zone euro. La troisième option est la plus grotesque, dans le sens où les
pays périphériques croulent déjà sous leurs propres obligations.
La course aux rendements négatifs
Dans un précédent article, j’expliquais
pourquoi le Japon parviendrait avant l’Allemagne à imposer des rendements
négatifs à ses obligations sur dix ans. Mais je n’avais alors pas prêté
suffisamment attention à la Suisse. Le Japon arrive donc en deuxième
position, et est suivi de près par l’Allemagne.
Les rendements des obligations suisses et
allemandes sur cinq ans sont déjà négatifs.
Pour plus d’informations à ce sujet,
lisez ceci : In Race to Negative Rates on 10-Year Bonds, Switzerland Leads
Japan.
Pour ce qui est de Mario Draghi et de sa
tentative de sauver la zone euro par le QE, je peux déjà voir huit raisons
pour lesquelles il échouera.
Huit problèmes majeurs
- Les
politiques fiscales des pays membres diffèrent grandement.
- Il en
va de même pour leurs lois du travail et leur productivité.
- Mais
aussi pour leurs agendas sociaux.
- En
conséquence, une même politique de taux d’intérêt pour tous ne pourra
pas fonctionner.
- Peu
importe ce que nous dit Draghi, il n’existe pas d’union fiscale ou
bancaire entre les Etats membres, et aucune union monétaire n’a jamais
pu survivre sans elles.
- De
nombreuses banques européennes sont sous-capitalisées et possèdent de
trop lourdes quantités d’obligations souveraines dont les prix sont très
mal évalués.
- Les
pays périphériques ne pourront jamais rembourser leurs dettes.
- Quand
ils feront défaut ou que leur dette sera restructurée, même les pays du cœur
de l’Europe en subiront les conséquences.
L’idée que ces problèmes structurels puissent être réglés à l’aide de
politiques monétaires est complètement absurde. Et pourtant, on parle encore
de faire baisser les rendements et d’accroître le risque.
Draghi
a-t’il une idée derrière la tête ?
Soit dit
en passant que je reste suspicieux pour ce qui concerne la divulgation des
trois options que Draghi prendrait aujourd’hui en considération. Je pense qu’il
tentera de surprendre le marché.
Mais
après tout, peu importe. Il n’est rien qu’il puisse faire pour résoudre les
problèmes structurels de la zone euro mentionnés plus haut.