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Dans cet article, j’aimerais aborder l’étalon-or d'une perspective de
« gens ordinaires » plutôt que d'une perspective « hautement
académique » de l’économie et de la finance,
voir même légaliste. Je lis régulièrement des livres et des
articles remplis de formules mathématiques écrits par des économistes
universitaires, qui essaient de démontrer pourquoi un étalon-or est une
relique de l’Antiquité, indigne du monde moderne.
En tant que physicien (tout de même), j’aimerais rappeler aux économistes
qu’ils ne seraient pas en mesure d’écrire leurs papiers sur un
ordinateur, de communiquer avec un iPhone, de conduire une voiture ou voler
dans un avion, si il n'y avait pas deux reliques de l’Antiquité
essentielles aux scientifiques, vieilles de plus de 3 000 ans, qui n’ont
pratiquement pas changé depuis : l’algèbre et la géométrie.
Quand j’étais enfant, mon père, un ingénieur, me disait tout le temps : «
Si tu ne peux l’expliquer en mots simples, c’est parce que ça n'a aucun sens,
ou bien parce que tu ne le comprends pas toi-même », et : « Garde ça simple
».
Récemment, tandis que je recherchais un article sur l’étalon-or, je me
suis arrêté et me suis mis à penser à un « nouvel » étalon (i.e. ne venant
pas de l’Antiquité) : le système métrique. J’ai réalisé à quel point ces
savants étaient à la fois exceptionnels et humbles lorsqu’ils l’ont créé… je
ne pouvais tout simplement pas y croire. Voilà un système conçu pour corriger
un problème auquel seulement les scientifiques étaient confrontés, à
savoir mesurer des quantités au niveau des ångström (10-10) et au
niveau astronomique (1010), mesures que le vieux système ne pouvait
supporter. Ils auraient pu concevoir un système qu’eux seuls pouvaient
comprendre… sans se soucier des gens ordinaires… en se disant « tant pis, ils
nous engageront pour faire leurs calculs »… Mais regardez plutôt le
système qu’ils ont conçu : ce système permet aux scientifiques de haut niveau
de travailler dans des domaines tels que la physique des particules et
l’astrophysique, mais il est à la fois assez simple qu’il est rapidement
assimilable. Ils ont utilisé la base décimale (10), la plus facile à
apprendre et à utiliser. Nul besoin d’un diplôme pour multiplier ou diviser
par dix. Pour la température, ils ont choisi comme limites zéro, pour le
point de congélation, et 100, pour le point d’ébullition. Encore une fois,
sur la base de 10, à laquelle les humains sont le plus habitués. Les calculs
sophistiqués ne sont pas nécessaires pour comprendre.
Pourquoi je vous raconte tout cela ? Parce que, à chaque fois que je
discute avec un économiste (autre que de l’école autrichienne) au sujet d’un
nouvel étalon monétaire, il sort des formules compliquées d’intégrale triple
d’un panier de cent matières premières, ajustées selon leur poids, etc… Non,
j’exagère à peine. On me demande souvent, après un exposé, pourquoi l’or, et
non le pétrole, ou l’eau ? Le bardé de diplômes me dit
ensuite, hautainement, que le pétrole et l’eau ont bien plus de valeur
et d’utilité que l’or… Je leur réponds habituellement que, si je prenais un
analphabète de dix ans des rues du Caire ou de Los Angeles, il n’aurait
aucune difficulté à répondre à cette question, sans hésiter. Après des
milliers d’années d’essais et d’erreurs avec la monnaie, l’or a toujours été
la préférence. L’or est une monnaie presque parfaite. Même au cours des cent
dernières années de devises fiduciaires papier, l’or est resté en
retrait et, lors des crises, il est revenu au devant de la scène à la
vitesse de la lumière (crise financière de 2008).
Certains économistes sont d’avis que l’unité de compte est l’aspect le
plus insignifiant de la monnaie. Et bien, je ne pense pas. Essayez
d’aller dans un magasin sans savoir combien vaut un kilogramme ou, pour les
Américains, une livre (lbs), d’un endroit à l’autre et d’un jour à l’autre.
Mais c’est ce que nous vivons aujourd’hui avec les devises fiduciaires et,
plus récemment, les devises électroniques.
Durant des milliers d’années, la falsification de pièces était un crime
punissable de mort. Aujourd’hui, sous le nom très académique d’inflation,
cela est devenu un instrument de choix des politiques monétaires dans la
gestion de l’économie et du système monétaire international. Récemment, cela
a été remplacé par un langage « de plus haut niveau », le QE (pour Quantitative
easing, ou assouplissement monétaire). Je suis surpris qu’ils n’aient
pas nommé cela « assouplissement monétaire électrodynamique » ! Désolé,
professeur Feynman, de discréditer ainsi votre théorie (laquelle, en passant,
je comprends bien mieux que le QE du professeur Bernanke). Aussi, pour ceux
d’entre vous qui n’ont pas étudié l’économie et ont perdu leur temps en
médecine ou en ingénierie (!) : en français simple, l’inflation est la même
chose que la falsification de pièces et, pendant des milliers
d’années, fut l’équivalent de vol, souvent punissable de mort.
Récemment, nous avons entendu parler d’un standard monétaire international
basé sur une formule appelée P-gold (papier-or), et d’un autre, basé sur un
panier de devises fiduciaires, appelé DTS (droits de tirage spéciaux, ou
SDRs, pour Special Drawing Rights). Jim Grant, qui publie le Grant’s
Interest Observer, dit à ce sujet : « L’or est instantanément et
visuellement reconnaissable en tant que monnaie. Les DTS, comme une mauvaise
blague, doivent être expliqués. » Je ne pourrais mieux dire. Le standard
P-gold est basé sur la règle ‘k-pourcent’ de Friedman… Je n’expliquerai pas
ce qu’est ce ‘k’, car il faudrait alors que j’explique le PIB, et ainsi de
suite.
Laissez-moi vous raconter l’histoire du chercheur d’or qui rencontre
Saint-Pierre aux portes du Paradis. Quand il annonça son métier, Saint-Pierre
lui dit, ʺOh, je suis désolé. Vous remplissez toutes les conditions pour
aller au Paradis, mais on a un gros problème. Vous voyez cet enclos là-bas ?
C’est là que nous gardons les chercheurs d’or qui attendent pour entrer au
Paradis. Et c’est complet – on n’a plus de place, même pour une seule
personne.ʺ Après avoir réfléchi quelques instants, le chercheur demanda s'il
pouvait prononcer seulement quatre mots pour les occupants actuels.
Saint-Pierre, considérant cela sans risque, le laissa mettre ses mains en
porte-voix et hurler: ʺOr découvert en Enfer !ʺ Immédiatement, les portes du
Ciel s'ouvrirent et tous les chercheurs d’or se précipitèrent vers l'étage
inférieur. ʺVous savez, c’est une très bonne ruseʺ dit Saint-Pierre. ʺEntrez.
La place est à vous. Vous avez plein d’espace maintenant.ʺ Le chercheur fit
une pause, puis dit ʺNon. Si ça ne vous dérange pas, je crois que je vais
rejoindre les autres. Il doit y avoir du vrai dans cette rumeur après tout.ʺ
Cette histoire que racontait Ben Graham, et que Warren Buffett aime souvent
reprendre, parle à l’origine d’un chercheur de pétrole, mais l’histoire est
aussi valable pour un chercheur d’or.
Pourquoi je vous raconte cette histoire ? Parce que l’inflation a le même
effet sur les hommes. Il arrive un moment où même ceux qui créent la rumeur
finissent par tomber dedans et à croire en ses effets bénéfiques. Combien de
fois me suis-je trouvé en présence de gérants de fortune ou économistes qui
confondaient la hausse des prix due à un changement dans l’offre et la
demande avec l’inflation, qui est une dévaluation du moyen d’échange (dollar,
euro, etc.). De plus, une dévaluation du moyen d’échange permet à l’État de
créer la confusion, au point que les gens ne savent plus comment se protéger,
même ceux qui sont supposés l’avoir créé et étudié, comme les économistes.
Après avoir créé l’inflation, ils finissent par y croire, comme le chercheur
d’or.
Récemment, à la fameuse rencontre annuelle des banquiers centraux à
Jackson Hole, aux États-Unis, selon le Wall Street Journal, même « les banquiers centraux ne
sont plus sûrs de bien comprendre comment fonctionne l’inflation ».
Comme s’ils avaient déjà compris…
L’or, tout en étant simple à comprendre, possède les meilleures caractéristiques
physiques pour être la monnaie, comme cela a été reconnu pendant des milliers
d’années par des millions de gens de toutes les cultures, quel que soit leur
niveau d’éducation, sur tous les continents. Comme l’a si bien dit le général
de Gaulle, président de la France :
« Nous tenons pour nécessaire que les échanges internationaux
s’établissent, comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur
une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d’aucun pays en
particulier.
Quelle base ? En vérité, on ne voit pas qu’à cet égard il puisse y avoir
de critère, d’étalon, autres que l’or. Oui, l’or, qui ne change pas
de nature, qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces,
qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement,
comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence. »
Robert Mundell, prix Nobel d’économie, a dit : « L’or a toujours rempli le
rôle d’une monnaie universelle de facto, un standard de valeur, le
lien entre le passé et le futur et le ciment qui réunit ensemble les lieux
lointains de la race humaine » Alan Greenspan, ancien président de la
Fed, a dit : « L’or représente toujours la forme ultime de paiement dans le
monde. La monnaie fiduciaire, in extremis, n’est acceptée par personne. L’or,
lui, est toujours accepté. »
L’or n’est peut-être pas une monnaie parfaite mais il est, à mes
yeux, le plus proche de la perfection et de la simplicité. Il existe
plusieurs exemples illustrant la stabilité (même imparfaite) de l’or comme le
moyen d’échange standard, mais je n’en mentionnerai qu’un, que j’aime, parce
que j’ai un esprit simple : il s’agit du prix du pain en or, il y a 2 500
ans, et son prix en or aujourd’hui.
Pour conclure, j’aimerais vous montrer l’évolution du prix de l’or en
livres sterling nominales depuis 1260 et, dans le graphique suivant, depuis
1560, versus l’inflation et le prix de l’or ajusté pour l’inflation, grâce
aux merveilleux graphiques de Nick Laird, de Sharelynx.com, qui
s’est basé sur le livre de Roy Jastram, The Golden Constant. Que s’est-il passé en 1900,
d’après vous ?
Sommes-nous dans une période d’économie « yo-yo » ? L’inflation ne vous
étourdit-elle pas ? Personnellement, elle m’étourdit. Je me sentirais
certainement mieux après un saut en chute libre qu'après le QE infini…
Donc, pourquoi j’aime l'étalon-or ? Parce que c’est simple, logique, et ça
fonctionne. Voilà pourquoi.
Étalon-or : nul besoin de Ph.D.
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