Adam est un
homme qui aime beaucoup son pays. Il l’aime à vrai dire tant qu’il pèse
attentivement les déclarations des candidats présidentiels, sélectionne celui
qui lui semble le plus favorable à ses opinions, et vote pour cette personne
le jour des élections.
Même si Adam
est un liberal favorable à un gouvernement limité, il ira voter. Il ira
voter, parce qu’il pense que le gouvernement joue un rôle légitime dans nos
vies. En ce sens, il a une opinion politique grand public.
Considéreriez-vous
Adam comme étant un citoyen responsable ? Ce serait l’avis de
beaucoup.
Nombreux sont
ceux qui pensent que le gouvernement existe pour nous protéger et améliorer
notre bien-être. Nous sommes en démocratie, nous dit-on, et les électeurs ont
le droit de choisir comment ils sont gouvernés. Ainsi, il en va de leur
responsabilité d’aller voter pour le capitaine qui dirigera le navire de
l’Etat dans la bonne direction.
Si le candidat
choisi par Adam ne gagne pas, Adam en accepte les conséquences, et retente sa
chance aux prochaines élections.
C’est ainsi
qu’évolue nos grands pays.
Des
questions ? Je vois que vous en avez quelques-unes.
Même si nous
avons abandonné nos principes fondateurs, nous pouvons encore tenter de
repousser le gouvernement vers son rôle original qui était, comme l’a écrit
Jefferson, d’assurer nos droits inaliénables et souvent bafoués.
Que
dîtes-vous ? Vous n’entendez pas les candidats actuels parler des
principes fondateurs ? Excepté peut-être le candidat libertarie, qui ne
gagnera pas. Alors vous votez pour lui, ou vous risquez un vote grand public,
en faveur d’un candidat qu’un a un jour fait miroiter l’idée de son règne au
gouvernement. Quoi qu’il en soit, le gouvernement continue de s’élargir.
Voilà qui ne
fait pas chaud au cœur. Voter. Mais la bonne nouvelle, c’est que malgré
certaines choses telles que l’impôt sur les revenus, les guerres
perpétuelles, les conflits sociaux – liés notamment à la drogue et à la
pauvreté – les cycles générés par la Fed, Obamacare, les agences
d’espionnage, les taux d’intérêt négatifs, le désastre des prêts étudiants,
le très mauvais enseignement public et autres horreurs, nous nous en
sortirons. Nous survivrons. Nous resterons en vie.
Bien
évidemment, il y a plus à relever. Nous profitons de divertissements à
foison. Nous avons en ce moment-même les campagnes présidentielles. Nous
avons des smartphones. Nous avons internet. Nous pouvons jouer au Loto. Nous
pouvons insulter des politiciens sans être arrêté. Si nous sommes innovants,
nous pouvons lancer notre propre société et peut-être devenir riche. Même
très riche. Nous pouvons tomber en amour, nous marier, fonder une famille,
trouver un travail, un nouveau travail, écrire un livre, vieillir et mourir
sans pour autant nous impliquer dans les affaires gouvernementales.
Nous avons nos
vies et, au-dessus de nos têtes, le gouvernement, tel un nuage dans le ciel
pendant une promenade dominicale. Mais le nuage ne s’en va pas, et ne fait
que devenir plus gris et menaçant.
Si nous
pouvons aller aussi loin dans nos vies privées sans l’implication du
gouvernement, pourquoi donc avons-nous besoin d’un gouvernement ?
Pourquoi ne
pas adopter l’anarchie ?
« se penche sur un problème et perçoit toujours le revolver
comme la seule solution qui s’offre à lui – la force de l’Etat, la brutalité
de la loi, la violence et la punition.
L’anarchiste – l’entrepreneur de l’organisation sociale –
se penche sur un problème et perçoit une opportunité de paix, d’innovation,
de résolution de problème profitable ou caritative.
Si les
Hommes sont en général trop égoïstes et trop irrationnels pour surmonter les
épreuves de l’organisation sociale de manière productive et positive, alors ils
sont trop égoïstes et irrationnels pour qu’on leur offre le monopole de la
violence et du pouvoir gouvernemental, ou le pouvoir de voter pour leurs
chefs ».
Il y a une
contradiction au sein même de notre ordre social, dit-il. Au travers de notre
vote, nous offrons à certaines personnes l’autorité de faire ce que nous
n’avons aucun droit moral de faire en tant qu’individus. Ni vous ni moi ne
pouvons déléguer à d’autres l’autorité de tirer sur un homme de sang-froid, à
moins d’avoir un badge gouvernemental. Si je vous approchais armé d’un
pistolet et vous demandait votre argent, je serais qualifié de criminel. Mais
si je travaillais pour l’IRS, rien ne pourrait m’arriver. Pour l’étatiste, il
n’y a aucune contradiction ici. Tout n’est question que d’accepter les
faits :
Sans
gouvernement, tout le monde pourrait se jeter à la gorge de tout le monde. Il
n’y aurait pas de routes, les pauvres ne recevraient aucune éducation. Les
personnes âgées et les malades mourraient dans les rues.
Si la
démocratie représente la volonté du peuple, et que le peuple ne se soucie pas
des pauvres, alors la démocratie est un mensonge. Mais les gens ont tendance
à se soucier des pauvres. Pourquoi donc avons-nous laissé le gouvernement se
charger de la question et semer la pagaille ?
Et puis il y a
la guerre, qui pour le gouvernement des Etats-Unis apporte un grand nombre de
bénéfices. La guerre coûte cher – c’est pourquoi nous avons l’impôt sur
les revenus. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous avons le
dollar, imprimé et béni par le gouvernement. N’est-ce pas une coïncidence si
le seizième amendement et le Federal Reserve Act ont été votés peu de temps
avant la guerre en Europe ?
Sans argent
pour financer une guerre – et payer les soldats, volontaires ou non – la
guerre est impossible. La violence sur les champs de bataille n’est qu’un
effet de la menace de violence à l’échelle domestique.
J’ai lu de
nombreux livres et articles sur les origines de la guerre – s’agit-il du
nationalisme, des forces économiques, des idées philosophiques préconçues,
des conflits de classes ? – et aucun ne s’est jamais penché sur le
problème central, qui est le financement de la guerre.
Si l’anarchie
nous mène au succès dans tant de domaines de la vie, pourquoi avons-nous tant
peur d’elle sur la sphère politique ?
En termes de morts causées, un chef d’Etat surpasse des
dizaines de milliers de fois tous les anarchistes.
Guerre
exclue, au XXe siècle, plus de 270 millions de personnes ont été assassinées
par leur gouvernement. Comparez cela aux douzaines de meurtres commis par les
anarchistes. Il est difficile de comprendre comment la fantaisie de
l’« anarchiste diabolique » a pu perdurer, au vu de la petite pile
de corps générée par l’anarchie, comparée à l’Everest de cadavres empilés par
les gouvernements en seulement un siècle.
Molyneux
mentionne l’échec constant des gouvernements à trouver une solution
politique. Il y a bien longtemps, les consommateurs américains ont pu
entendre dire que la taille des entreprises était une menace pour leur
bien-être, à une heure où les prix étaient en déclin. Jusqu’à présent, la Fed
insiste sur l’inflation, et ne cesse plus de tenter de la stimuler. Un peu
plus tard, le président des Etats-Unis a annoncé qu’il envoyait les jeunes de
la nation combattre une guerre qui « mettrait fin à toutes les
autres ». L’IRS et la Fed étaient là pour lui venir en aide. Dix ans
plus tard est survenu le krach créé par la Fed, que l’administration Hoover a
pris comme une invitation à se mêler de l’économie. En est né le New Deal
après l’arrivée au pouvoir de FDR. Les Américains l’aimaient beaucoup. Il les
a menacés d’amendes et de peines d’emprisonnement s’ils continuaient
d’utiliser de l’or comme monnaie, une action qui selon les grands prêtres
intellectuels de l’époque ralentissait le rythme de la reprise. Mais ils
l’aimaient quand même. La « surprise » de Pearl Harbor lui a donné
l’excuse de mobiliser des troupes, ce qui a réglé son problème de chômage. Et
puis nous avons eu la Guerre froide, la Corée, l’assassinat, le Vietnam,
l’abandon de l’étalon or par Nixon, l’inflation des années 1970, et ainsi de
suite.
C’est pourquoi
le gouvernement insiste sur son monopole sur l’éducation des enfants. Il veut
que les gens le saluent, et non qu’ils se rebellent. La liberté, sans
gouvernement, est anarchie. Et l’anarchie est une bien mauvaise chose.
Molyneux nous
en offre une autre perspective :
Le
gouvernement n’élargit pas son pouvoir parce que la liberté ne fonctionne
pas. C’est la liberté qui ne fonctionne pas parce que le gouvernement élargit
son contrôle.
Le
gouvernement – l’institution populaire qui sert ceux qu’il exploite, vous
demande de voter pour conserver sa légitimité.