Pourquoi une monnaie or ne génère pas de cycles économiques

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Frank Shostak
From the Archives : Originally published December 10th, 2015
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Category : Gold University

24hGold - Pourquoi une monnaie...

A en croire les idées reçues, une hausse de la masse monétaire n’a pas nécessairement d’effet sur l’activité économique. Par exemple, si une croissance de la masse monétaire répond à une croissance égale de la demande monétaire, nous dit-on, l’économie ne se trouve pas affectée. La croissance de la masse monétaire est neutralisée, pour ainsi dire, par une hausse de la demande en monnaie ou la volonté du public de posséder plus de monnaie qu’auparavant.

Mais que signifie demande en monnaie ? Et comment cette demande diffère-t-elle de la demande en biens et services ?

Une demande en biens à la consommation n’est pas une demande en un produit particulier, mais une demande en services offerts par ce produit. Par exemple, la demande des individus en produits alimentaires est liée au fait que ces biens leur apportent les éléments essentiels à leur survie et à leur bien-être. Ici, la demande signifie simplement que les gens souhaitent consommer ces produits parce qu’ils leurs apportent les éléments essentiels à leur vie et à leur bien-être.

La demande en monnaie est également liée aux services que la monnaie est capable d’offrir. En revanche, plutôt que de consommer de la monnaie, les gens demandent de la monnaie afin de l’échanger contre des biens et services. Avec l’aide de la monnaie, les biens deviennent plus facilement échangeables – il est possible d’obtenir plus que dans une économie de troc. La monnaie est la plus échangeable des marchandises.

Pourquoi existe-t-il une demande en monnaie

Prenons par exemple un boulanger, que nous appellerons Jean. Imaginons qu’il produise dix miches de pain par jour et en consomme deux. Les huit pains restants sont échangés contre d’autres produits variés tels que des fruits et légumes. La capacité qu’a Jean à se procurer des fruits et légumes dépend de sa production d’un moyen de paiement, ici le pain. Notre boulanger paie ses fruits et légumes grâce au pain qu’il produit. Notons donc qu’il est nécessaire pour sa production de pain, au-delà de lui fournir du pain à manger, de lui permettre d’accéder à d’autres produits consommables.

Si Jean décidait de produire plus de pain, disons vingt miches par jour, il pourrait acheter une plus grande variété de produits. En conséquence de cette croissance de production, le pouvoir d’achat de Jean augmenterait. Cette hausse de pouvoir d’achat ne se traduirait en revanche dans l’économie de troc pas nécessairement par l’achat de davantage de biens et services.

Dans une économie de troc, il est possible que Jean ait des difficultés à se procurer grâce à son pain tous les biens dont il a besoin. Il se pourrait qu’un producteur de légumes ne souhaite pas échanger son produit contre du pain. Pour surmonter ce problème, Jean aurait à échanger son pain contre une autre marchandise plus largement acceptée que le pain. Jean échangerait donc son pain contre cette nouvelle marchandise et utiliserait cette dernière pour se procurer les produits dont il a besoin.

En échangeant son pain contre une marchandise plus acceptable, Jean fait grimper sa demande en cette marchandise. Notez aussi que la demande de Jean pour cette marchandise acceptable n’est pas liée à son désir de la conserver, mais de l’échanger contre les produits qu’il souhaite posséder. Une fois de plus, la raison pour laquelle il demande cette marchandise est qu’elle lui sert d’outil de conversion du pain qu’il produit en les produits dont il a besoin.

Imaginons maintenant que la marchandise plus largement acceptée soit produite en de plus grosses quantités. En conséquence, cette marchandise est disponible en de plus grosses quantités par rapport aux autres biens produits, et le prix unitaire de cette marchandise en termes de produits chute. Tout cela n’a rien à voir avec la production de biens. La croissance de la disponibilité de la marchandise plus largement acceptée ne perturbe pas la production de biens et services. Bien évidemment, si le pouvoir d’achat de la marchandise plus largement acceptée continuait de décliner, les gens finiraient pas la remplacer par une autre marchandise plus stable.  

Historiquement, dans de nombreuses sociétés et au travers d’un processus de sélection, les gens ont choisi l’or en tant que marchandise la plus échangeable. C’est ainsi que l’or est devenu une monnaie.

Monnaie réelle et monnaie produite « à partir de rien »

Imaginons maintenant que la demande d’un individu en monnaie augmente. Une manière de satisfaire cette demande est, pour les banques, de trouver des prêteurs volontaires. Grâce à la médiation des banques, ces prêteurs peuvent transférer leur or à des emprunteurs. Ce type de transaction ne cause de tort à personne.

Une autre manière pour une banque de satisfaire cette demande est de, plutôt que de trouver des prêteurs volontaires, créer de la monnaie fictive – qui n’est pas garantie par l’or – et de la prêter.

Notez que cette croissance de disponibilité monétaire est d’abord distribuée à certains individus. Il doit toujours y avoir un premier bénéficiaire de cette monnaie nouvellement créée par les banques.

Cette monnaie, créée « à partir de rien », est employée dans le cadre d’un échange de biens et services (elle déclenche un échange de rien du tout contre quelque chose). Cet échange représente la diversion du capital réel vers des activités qui ne génèrent pas de capital, sous couvert de prospérité économique.

Dans le même temps, les créateurs de capital réel se retrouvent avec moins de ressources à leur disponibilité, ce qui diminue leur capacité à faire croître l’économie.

Une « demande accrue en monnaie » pourra-t-elle nous sauver ?

Une croissance correspondante de la demande en monnaie pourrait-elle prévenir les dommages générés par la création de monnaie « à partir de rien » ?

Disons simplement que lorsque la production de biens augmente, la demande en monnaie augmente dans le même temps qu’est créée de la monnaie « à partir de rien ». Les gens demandent de la monnaie afin de pouvoir l’échanger contre des biens. Vient donc un moment où ceux qui possèdent de la monnaie produite « à partir de rien » l’échangent contre des produits. Une fois que cela se produit, un échange de rien du tout contre quelque chose est généré, qui affaiblit les créateurs de capital réel.

Nous pouvons donc en conclure que, que la demande en monnaie grimpe ou qu’elle baisse, ce qui importe est que les individus emploient de la monnaie pour finaliser leurs transactions. Comme nous l’avons vu, une fois que de la monnaie créée « à partir de rien » est injectée dans l’économie, les générateurs de capital se retrouvent affaiblis, ainsi que le potentiel de croissance économique. Il est donc évident que la génération de monnaie « à partir de rien » soit une mauvaise nouvelle pour l’économie. L’idée qu’elle puisse être sans conséquence si elle est entièrement soutenue par la demande ne tient donc pas debout.

A l’inverse, une croissance de la masse de monnaie liée à l’or ne génère pas d’échanges de rien du tout contre quelque chose. Et une croissance des quantités de marchandises disponibles ne génère pas de cycles économiques.

Nous pouvons aller jusqu’à dire que la création de monnaie « à partir de rien » est responsable de la menace que sont les cycles économiques. Cette croissance monétaire génère des cycles économiques, et ce peu importe l’état de la demande en monnaie.

L’or cause-t-il des cycles économiques ?

Selon beaucoup d’économistes en revanche, dans une économie dotée d’un étalon or, une croissance de la disponibilité de métal jaune génère des distorsions similaires à celles nées de la monnaie créée « à partir de rien ».

Ce n’est pas le cas.

Commençons par observer une économie de troc. Imaginons qu’un mineur, Jean, produise dix onces d’or. S’il produit cet or, c’est parce qu’il estime qu’il existe un marché pour ce produit. Parce que les gens demandent de l’or, nous savons que l’or contribue au bien-être des individus. Jean échange ses dix onces d’or contre des produits variés tels que des pommes de terre et des tomates.

Les gens ont découvert que l’or, en plus d’être utile pour le secteur de la bijouterie, a également d’autre utilisés. Sa valeur d’échange est donc supérieure à ce qu’elle était auparavant. En conséquence, Jean peut échanger dix onces d’or contre encore plus de pommes de terre et de tomates.

Pouvons-nous dire que c’est une mauvaise nouvelle, parce que Jean dévie davantage de ressources vers lui-même ?

Non, parce que c’est ce qui se passe en permanence sur le marché. Au fil du temps, les gens assignent une importance accrue à certains biens et réduisent l’importance qu’ils accordent à d’autres. Certains biens sont désormais considérés comme plus importants que d’autres en termes de bien-être apporté. Les gens ont découvert que l’or peut être utile pour d’autres choses, comme par exemple en tant que moyen d’échange. En conséquence, ils en font grimper davantage le prix en termes de tomates et de pommes de terre. L’or est désormais majoritairement demandé en tant que moyen d’échange – et la demande en d’autres services liés à l’or tels que les bijoux est désormais bien inférieure à ce qu’elle était auparavant.

Voyons maintenant ce qui se passe si Jean augmente sa production d’or. L’or produit apporte un bénéfice supplémentaire qu’est le fait de servir de moyen d’échange. En ce sens, il fait partie du capital réel et améliore le niveau de vie et le bien-être des gens. L’une des raisons pour lesquelles l’or a été sélectionné comme moyen d’échange est qu’il est relativement rare.

Cela signifie qu’un producteur qui échange son produit contre de l’or s’attend à ce que le pouvoir d’achat issu de ses efforts soit préservé au fil du temps par son métal. Si pour une quelconque raison, la production d’or venait à grimper et cette tendance venait à persister, l’or verrait sa valeur décliner par rapport à tous les autres biens. Dans de telles conditions, les gens abandonneraient l’or pour se tourner vers d’autres marchandises susceptibles de le remplacer.

A mesure que la disponibilité d’or augmente, son rôle en tant que moyen d’échange diminue alors que la demande en autres utilisations a des chances de rester la même ou de grimper. En ce sens, une croissance de la production d’or ajoute au capital réel. Quand Jean échange de l’or contre des produits, il s’engage dans un échange de quelque chose contre autre chose. Il échange du capital contre du capital.

Comparons cela aux reçus sur l’or (à des reçus qui ne sont pas garantis à 100%). Ils constituent un acte de fraude, et correspondent à une inflation. Ils établissement une plateforme de consommation sans contribuer au capital réel. Des certificats sont utilisés pour échanger quelque chose contre rien du tout, ce qui ensuite génère des cycles économiques. L’impression de certificats sur l’or non-garantis détourne l’épargne depuis les activités créatrices de capital vers les propriétaires de certificats. C’est ce qui nous mène à une croissance économique.

Le détournement de l’épargne réelle se fait au travers de certificats non-garantis (ou de la monnaie non-garantie). Une fois que la création monétaire diminue ou prend fin, le flux d’épargne vers les activités nées de la création de monnaie non-garantie se tarit. En conséquence, ces activités prennent fin et une récession se développe.

Pour ce qui concerne la disponibilité d’or, aucune fraude n’est commise. Le fournisseur de métal n’a fait qu’accroître sa production d’une marchandise utile. En ce sens, nous n’avons pas un échange de rien du tout contre quelque chose. Et nous n’avons pas d’émergence de bulles. Une fois encore, le producteur de capital produit quelque chose d’utile susceptible d’être échangé contre d’autres biens. Il n’a pas besoin de créer de monnaie non-garantie pour détourner du capital réel vers lui-même. Notez que l’un des facteurs de l’émergence d’une phase de croissance économique est l’injection dans l’économie de monnaie créée « à partir de rien ». Et la disparition de cette monnaie est la cause principale des cycles de récession. L’injection de monnaie créée « à partir de rien » génère des bulles alors que sa disparition les détruit.

Sous un étalon or – un véritable étalon or sans manipulation par les banques centrales – cela ne peut pas se produire. En conséquence, sous un étalon or, la monnaie ne peut pas disparaître, puisque l’or ne peut pas disparaître. Nous pouvons donc en conclure que l’étalon or, s’il n’est pas altéré, ne génère pas de cycles économiques.

 

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Frank Shostak est le directeur des études économiques de M.F. Global.
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Pouvoir d'achat ! Pouvoir d'achat ! Pouvoir d'achat !

Mais déjà pour acheter quoi ?

"Il y a le vital, le simplement normal (déjà quelque peu subjectif), le superflu (bien plus subjectif encore) et le luxe (sans commentaire). Et il y a au moins deux   milliards de Terriens qui ne disposent pas du vital,  alors/parce que quelques millions de Terriens n'appellent pas le superflu par son nom"

 L'avenir raisonnable devrait être la décroissance de la consommation suicidaire et souvent égocentrique des uns et la croissance de l'éco-consommation vitale  légitime des autres. Une stratégie défendue par un président et un premier ministre dotés ayant avant tout de l’intelligence du cœur.

 Mais en serait-on là si l'homo sapiens sapiens était raisonnable  ?

 Homo débilissimus debilissimus , oui !


N.B. Quel est le train de vie des "grands coeurs", célèbres ou inconnus, qui défilent de temps en temps pour que cesse la misère ?

Modeste ? Solidaire ? Y compris avec ceux d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du sud que "notre" mode de vie "moyen" , et en particulier d'alimentation, affame, voire tue à petit feu ?
Mais pourquoi avons-nous laisser une poignée de profiteurs détruire un système qui avait fait ces preuves?
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