Prévisions pour
2016
Cet article comporte un
élément suprême que vous devrez garder en tête à tout moment : une
société (soit une économie et une politique, ou économie politique) qui
repose sur une dette qui ne sera jamais remboursée est certaine de faire
faillite. Ses institutions finiront par cesser de fonctionner. Ses activités
commerciales s’enraieront. Ses dirigeants se démoraliseront. Ses citoyens
prendront les choses en main et se soulèveront. Et son capital s’évaporera.
Compte tenu de l’étape
de l’Histoire humaine que nous traversons aujourd’hui – le dépassement de
l’ère techno-industrielle – cet effondrement ne sera pas facile à surmonter.
Il ne ressemblera en rien aux reprises assez aisées qu’ont traversées le
Japon et l’Allemagne après le fiasco brutal qu’a été la seconde guerre
mondiale. La situation est allée trop loin, et de bien des manières.
L’effondrement à venir réinitialisera les termes de la vie civilisée à un
niveau largement pré-industriel. Il ne nous reste plus qu’à voir jusqu’où
nous rebrousserons chemin.
Ces termes pourraient
être quelque peu négociables si tant est que nous acceptions la réalité de
cette réinitialisation et y soyons préparés. Mais hélas, une majorité des
individus qui sont encore aujourd’hui capables de réflexion préfèrent le
techno-narcissisme à un examen réaliste de notre monde d’aujourd’hui – ils
attendent passivement que leur arrivent miraculeusement des remèdes
technologiques (« ils » finiront bien par « trouver une
solution ») qui permettront aux rackets actuels de se poursuivre. Ainsi,
les voitures sans chauffeur permettront aux vastes étendues suburbaines de
continuer de fonctionner en tant qu’environnement le plus adapté à la vie
humaine ; la médecine moléculaire éliminera la finalité qu’est la mort
des affaires humaines ; des sources énergétiques encore inconnues nous
permettront de conserver les petits conforts qui nous sont familiers ;
et les tours de passe-passe financiers continuels nous fourniront le capital
nécessaire à tout cela.
Au passage, il est un
deuxième élément auquel nous devrions prêter attention : une majorité
des activités qui ont aujourd’hui lieu aux Etats-Unis se sont transformées en
rackets, ou en combines malhonnêtes d’accumulation de bénéfices, une réalité
qui est plus évidente et nauséabonde dans les domaines de la médecine et de
l’éducation que nulle part ailleurs. Et ce sont là deux domaines dont le
système d’opération de base présente à l’origine les vertus les plus sacrées
que nous ayons pu développer au cours de notre brève Histoire de
civilisation : devoir, diligence, et j’en passe.
Je prédis depuis un
certain nombre d’années déjà que ce consortium de rackets finira par nous
mener vers un échec certain. Et jusqu’à présent, rien ne semble s’être
produit, du moins rien de bien catastrophique. Je maintiens toutefois que
tous les systèmes complexes dont dépendent notre vie contemporaine et nos
finances sont plus dénués de réalité que n’importe quel autre système, et sont
donc plus enclins à s’effondrer les premiers. L’un des éléments les plus
marquants de ces dernières années a été la capacité pour la hiérarchie
bancaire d’employer la fraude comptable pour éviter le moindre éveil à
l’ampleur majestueuse de notre dette impayable. La leçon qu’en tirent certainement
ceux qui encouragent le triomphe de la fraude est que le mensonge fonctionne,
et pourra fonctionner indéfiniment – ou du moins jusqu’à ce qu’une
culpabilité claire ait été définie, après que les plus gros perpétrateurs
seront morts ou à la retraite, ou que leur crime sera devenu trop ancien pour
être puni.
Voilà qui en dit long
sur la société que nous sommes devenus. Le racket est devenu une norme
omniprésente, et la possibilité d’échapper aux conséquences de ses actes
personnels a été élevée au rang de compétence enviable. En réalité, l’art de
l’évasion est venu remplacer ce que nous appelions autrefois l’honneur. Nous
vivons dans un monde qui n’honore plus que les plus petits des Hommes.
Ironiquement, nous ne tendons plus qu’à admirer les superhéros, parce qu’il
nous est aujourd’hui impossible d’imaginer des Hommes faire preuve de
courage, de fortitude et de respect pour la vérité. Tout comportement est
provisionnel et équivoque. Chaque loi peut être utilisée pour servir ce
qu’elle a été destinée à combattre. Tout est possible, et plus rien n’a
d’importance.
En cette fin d’année, je
tenterai d’expliquer ce que nous avons traversé jusqu’à présent, où nous en
sommes aujourd’hui, et vers où je pense que nous nous dirigeons. Ma méthode
d’étude est nouvelle et heuristique. Je suis allergique aux tableaux et aux
graphiques, qui sont les outils premiers utilisés par les racketteurs et les
impressarios d’idées chimériques pour manipuler la réalité. Les analyses
statistiques servent également l’idée que s’il vous est possible de
quantifier suffisamment de choses, vous avez aussi le pouvoir de les
contrôler (et si vous les mesurez mal de votre propre intention, vous pourrez
prétendre avoir pris le contrôle). Cette illusion de contrôle est
l’ingrédient le plus instable du système financier. Quand nous nous
rapprocheront du point d’échec, une véritable calamité se profilera à
l’horizon.
Je suis bien plus
intéressé par le long terme que par le moment présent. La succession des évènements
inclue généralement plus de vecteurs et de facteurs que n’importe quel
calcul. Les conséquences se détachent facilement du linéaire. C’est
finalement un exercice qui pourrait être appelé raconter l’Histoire du futur
– ou tout simplement raconter une histoire.
Le système
bancaire et les marchés
Le gros évènement de
l’année dernière a été la mise en scène d’En attendant Godot par la
Fed autour de la question des taux des fonds fédéraux. Quand Godot s’est
finalement présenté deux semaines avant la nouvelle année, il ne l’a fait que
sous la forme attendue mais bien triste à voir d’une hausse « de 25 à 50
points de base » – qui nous donne l’impression d’une possible hausse de
50 point de base, mais devrait se trouver frapper au plus bas de l’échelle
(sans oublier que les taux de prêt à un jour étaient déjà de quelques points
de base au-dessus de zéro, ce pourquoi la hausse nette sera en réalité de
moins de 25 points de base).
Le contexte de cette
mascarade a été évident aux yeux de tous ceux qui n’ont pas eu le cerveau
endommagé par des heures de parties de Candy Crush sur leur téléphone :
la Fed a fait grimper les taux malgré une économie globale chancelante ;
elle a été forcée d’agir en fin d’année sans quoi elle aurait perdu ce qui
lui restait de crédibilité ; et a laissé la porte ouverte à un possible
battement en retraite en 2016. Mais les dommages ont déjà été causés. La Fed
a été exposée telle une machine de propagande impuissante face aux courants
véritables de l’économie, qui n’a généré que méfaits et incompréhensions et a
fini par mettre à mal ce qu’il restait du lien solide qui existait autrefois
entre la monnaie et l’activité humaine. Tout ce qui sera fait au cours de
cette année d’élections présidentielles sera observé avec la plus grande suspicion,
notamment pour ce qui sera des préparations au couronnement d’Hillary
Clinton. Ses relations avec les grosses banques sont bien comprises. C’est
pourquoi la Fed a dû agir en décembre.
Les marchés boursiers
ont quelque peu décliné cette année, à l’exception du Nasdaq, qui a gagné
plus de 5% (vive la grandeur technologique !) – malgré un accroc à la
fin de l’été qui a vité éte repris par le refinancement de ses marchés des
actions et la manipulation de sa devise par la Chine.
L’or et l’argent ont
poursuivi leur déclin pour une quatrième année consécutive, ce grâce aux
ventes répétées de contrats à termes orchestrées aux heures creuses, avant
même que les traders new-yorkais ne soient sortis du lit. N’importe quel
graphique peut prouver de ces activités suspicieuses, ce qui nous pousse à
nous demander pourquoi un vendeur chercherait à réduire le prix de vente de
son produit en vendant sur un marché à une heure où aucun acheteur n’est
présent, ou même éveillé. La réponse semble être la suivante : pour
donner au dollar plus de lustre qu’il n’en a réellement.
Les nombreuses années de
politiques de taux d’intérêt à zéro pourcent, combinées à l’accumulation
d’une dette qui ne sera jamais remboursée, ont rendu plus difficile encore
l’émission de dette susceptible d’être un jour remboursée. Mais les taux
d’intérêt zéro ont aussi nullifié la relation entre les taux d’intérêt et le
risque. Dans un système qui ne serait pas encombré par les interventions des
banques centrales, les taux d’intérêt devraient être portés bien plus haut
sur des instruments aux perspectives si décevantes. Bien évidemment, une
hausse des taux d’intérêt ne ferait que rendre les nouvelles obligations bien
moins susceptibles d’être respectées par leurs émetteurs, et notamment par
les gouvernements qui s’affairent sous des montagnes de dettes de la taille
de l’Himalaya. Les tensions que présente cette équation ont été
provisoirement dissimulées sous des piles de papier au travers des swaps de
taux d’intérêt et d’autres machinations absconses et produits dérivés
destinés à supprimer la véritable découverte de prix.
La frénésie de rachat
d’actions des entreprises survenue en 2015 a été l’exemple parfait de la
théorie selon laquelle tout peut arriver, et plus rien n’a d’importance. Tout
le monde s’en est aperçu. Cette frénésie de rachat s’est développée
simplement pour assurer aux directeurs de corporations le maintien de leurs
bonus, et personne ne s’en est plaint. En termes d’indices, elle n’est
parvenue à rien. Les marchés ont continué de stagner malgré la prise en main
des insiders, parce que les bases fondamentales sont catastrophiques, et que
l’économie globale entrait alors très évidemment en phase de contraction
déflationniste.
Mes lecteurs ne dérivent
généralement qu’hilarité de mes tentatives annuelles de prédire le
comportement des marchés boursiers. J’aimerais donc ajouter à leur plaisir en
me montrant aujourd’hui plus précis encore. Je suis d’avis que le S&P
atteindra un sommet le 15 janvier 2016 à 21h42, et s’effondrera ensuite pour
passer en-dessous de 1.000 points avant juin. Le carnage qui se profile aujourd’hui
aux marges du marché des obligations se propagera jusqu’en son cœur pour que
nous voyions enfin réévalué le risque sur le marché souverain européen. Des
obligations françaises, espagnoles, britanniques et italiennes à moins de
2% ? De quelle blague s’agit-il ? Attachez vos ceintures et jetez
un œil sur vos fonds de pension.
Le pétrole et la
déflation
Le marché du pétrole a
ébahi aussi bien le grand public que les cohortes d’observateurs supposément
dans le vif de l’action. Je suis toujours d’avis que la contraction
déflationniste qui se développe à l’échelle de la planète est largement dûe
au fait que le monde ne dispose plus aujourd’hui de la forme très
particulière de pétrole qu’est le pétrole abordable. Le pic pétrolier
tient toujours, et ne fait que se présenter d’une manière différente que ce à
quoi beaucoup s’attendaient. Nous sommes à la merci d’une équation assez
simple : un pétrole à plus de 75 dollars le baril détruit les économies
industrielles, et un pétrole à moins de 75 dollars le baril détruit les
sociétés pétrolières. Il n’y a pas de situation d’équilibre possible.
Le public s’est fait
avoir avec la combine à la Ponzi du pétrole de schiste, qui lui est apparu
comme un remède miracle, comme le miracle de la fracturation. Il a opéré au
travers de la conversion de montagnes de capital peu cher et à fort effet de
levier en une explosion de la production pétrolière des Etats-Unis. Il a vu
le jour quelques années après qu’un prix de 100 dollars le baril est venu
écraser l’économie – pour écraser ensuite la demande en pétrole. Oups. Le
problème était que le pétrole de schiste coûte très cher à la production, et
qu’une demande réduite influence le prix marché à la baisse. A plus de 100
dollars le baril, presque personne ne tire profit de sa production de
schiste. A 40 dollars le baril, le pétrole de schiste est le perdant évident.
C’est pourquoi en 2015, les sociétés pétrolières ont licencié des milliers
d’employés et suspendu leurs activités sur certains puits pour se contenter
de prier pour un lendemain meilleur. Mais leurs vœux ne se sont pas exaucés.
Un grand nombre d’entreprises ont fait faillite. Le paysage du Dakota du Nord
est désormais jonché de résidences en construction qui ne seront peut-être
jamais achevées, et les charpentiers et couvreurs qui ont perdu leurs contrats
sont repartis vivre dans le Minnesota avant que les huissiers ne viennent
leur saisir leur Ford F110. Triste, je sais bien…
La rapide accélération
de la production de pétrole de schiste de 2010 à 2014 a servi de projet de
démonstration pour convaincre Wall Street de divertir davantage
d’investissements vers les sociétés pétrolières. Elle s’est également
intégrée dans une campagne de relations publiques pour permette aux individus
de pouvoir, que ce soit au sein ds entreprises ou du gouvernement, prétendre
que les problèmes énergétiques des Etats-Unis étaient derrière nous. Le
« miracle de schiste » allait faire des Etats-Unis l’Amérique
Saoudite et lui offrir son « indépendance énergétique ». Elle a
joué le rôle de réponse à toutes les espérances des Etats-Unis : Dieu,
nous vous en conjurons, permettez-nous ne toujours pouvoir nous rendre à
WalMart en voiture. Bien moins une conspiration diabolique qu’un effort
collectif de déni et de rejet de la réalité.
Il s’est trouvé qu’une
grande partie des financements offerts par Wall Street provenait
d’obligations à haut rendement (toxiques) émises par les sociétés pétrolières
– accompagnées de lourdes commissions pour les grosses banques. Quand le prix
du pétrole s’est effondré pour passer sous les 50 dollars, un grand nombre de
sociétés pétrolières – notamment les plus petites aux flux de trésorerie
inexistants – n’ont pas pu verser leurs paiements d’intérêts. Ce qui nous
attend en cette année 2016 est une débâcle de défauts d’obligations et de
faillites de corporations sur les champs pétroliers américains. Plus encore,
en raison de la géologie particulière du pétrole de schiste et de
l’épuisement rapide des puis fracturés, est-il nécessaire de continuer de
fracturer et de creuser sans cesse de nouveaux puits pour maintenir le niveau
de production ? Cela ne nécessiterait que davantage de financements. Et
comme les obligations financières existantes ne peuvent pas être remboursées,
ces nouveaux financements n’arriveront pas. Il en ira donc de même pour la
production additionnelle. Tout cela signifie que la production de pétrole de
schiste s’effondrera en 2016, quand les puits déjà creusés et pour le moment
intacts s’épuiseront. Selon moi, la production de pétrole américaine plongera
d’un million de barils par jour avant 2017. Et cela inclut le déclin annuel
de 5% de la production de pétrole conventionnelle.
Certains pourraient
penser qu’un tel effondrement fera grimper les prix à nouveau, à mesure que
l’offre diminuera. Mais cette supposition pose quelques problèmes. Le premier
est que le récent prix de 100 dollars le baril a causé des dommages
permanents au travers l’économie, notamment pour les petites entreprises et les
ménages (ou les travailleurs de la classe moyenne). Ces dommages semblent
être de plus en plus permanents, ce qui signifie l’apparition d’une économie
d’aggrégat plus restreinte et d’un resserrement de la demande à mesure que
les citoyens manqueront de moyens. Si le prix du pétrole remontait jusqu’à un
niveau qui justifierait un renouveau des activités d’explorations et de
production d’un pétrole cher et difficile à extraire (probablement au-delà de
110 dollars), les économies ne pourraient que s’effondrer à nouveau – chose
qui ne pourra pas se reproduire indéfiniment, puisque viendra un jour où une
reprise ne sera tout simplement plus possible. Un autre problème est que
l’effondrement du prix du pétrole a fortement endommagé l’industrie
pétrolière ainsi que sa crédibilité en tant qu’investissement viable.
Contrairement aux attentes, le prix actuel du pétrole ne fait rien pour re-stimuler
l’activité économique. Il ressemble de très près à une boucle de rétroaction
qui se renforce d’elle-même, à une spirale baissière au sein d’un système
global complexe qui se prend les pieds dans les retombées de ses activités
principales.
C’est pourquoi je suis
d’avis que le prix du pétrole continuera de plonger en 2016, jusqu’à passer
sous les 30 dollars, et que l’industrie pétrolière s’en trouvera plus
endommagée encore. Des défauts surviendront, ainsi que des manifestations de
nouveaux troubles géopolitiques qui nous mèneront à d’importants
rationnements et à une situation de rareté. Il semblerait que nous soyons
incapables d’accepter le fait que notre paradigme techno-industriel ait été
destiné à fonctionner grâce à un pétrole peu cher qui n’est tout simplement
plus disponible aujourd’hui.
Géopolitique
La nervosité se fait
sentir. Les gens ne peuvent plus s’empêcher d’en revenir aux mystérieux
évènements qui nous ont menés à la première guerre mondiale, qui a mis fin
avec éclat à la première itération du globalisme. Les grandes nations de 1914
semblent avoir entraînées malgré elles dans une débâcle pour laquelle
personne ne s’était préparé – le massacre des tranchées, la banqueroute des
Trésors nationaix, la chute de trois dynasties, la montée du fascisme et des
Bolcheviques…
Ceux qui sont encore
dotés d’une cervelle ne peuvent manquer de percevoir des situations
similaires se présenter aujourd’hui – un mouvement global vers un conflit
majeur. Nous avons par exemple les efforts en cours des Etats-Unis
d’antagoniser la Russie pour aucune bonne raison apparente, qui ont entraîné
avec eux les dupes de l’OTAN. Je ne reviendrai pas sur notre décision absurde
de déstabiliser l’Ukraine. David Stockman l’a déjà très bien couvert la
semaine dernière sur
son blog. Et de toute façon, l’affaire remonte à 2013-14. Le pays est
désormais en faillite. Je ne serais pas surpris si, d’ici la fin de l’année,
l’Ukraine suppliait la Russie de la reprendre sous son aile et d’en devenir
une fois encore une province. Mais la Russie refusera. Pourrait-elle vraiment
se permettre une telle annexe, anciennement son ennemie, indigne de confiance
et coûteuse ? Alors l’Ukraine s’en retournera supplier les Etats-Unis et
l’OTAN pour leur soutien financier. Mais quand le moment sera venu, les
Etats-Unis et l’Europe seront dans une telle situation financière qu’ils ne
pourront que prétendre refinancer l’Ukraine, de la même manière qu’ils ont
prétendu maintenir leurs propres économies grâce aux manipulations et aux
tours de passe-passe des banques centrales. L’Ukraine s’enfoncera dans un Monde
fait main de néo-médiévalisme, et donnera l’exemple au reste du monde.
Imaginez seulement cela : bandits, autarcie de gangsters, néo-servage.
Un avenir rigoureux certes, mais un avenir néanmoins.
En 2015, les relations
entre les Etats-Unis et la Russie se sont concentrées sur la Syrie. Nos
erreurs colossales au Proche-Orient, qui ont donné lieu à la naissance
d’ISIS, nous ont dérobés de toute solution cohérente de lutte contre le
barbarisme et l’animosité de l’Islam radical. C’est pourquoi notre
« adversaire », M. Poutine, a décidé d’agir, et a décrété que déstabiliser
ce qu’il reste aujourd’hui du gouvernement de M. Assad n’était peut-être pas
une si bonne idée – comme il l’a clairement expliqué devant l’Assemblée des
Nations-Unies. Reste encore à voir si la Russie sera capable de pacifier la
Syrie, un pays désormais majoritairement en ruines. Mais contrairement aux
Etats-Unis, la Russie n’a pas d’intentions ambivalentes concernant ISIS. Nous
avons longtemps prétendu que n’importe quelle bande de brutes opposée à Assad
était notre amie, mais les objectifs de la Russie sont plus directs :
soutenir Assad, sauver ce qu’il reste des institutions du gouvernement en
Syrie, et détruite ISIS. Et en échange, la Russie obtient un port d’eau
tempérée sur la Mediterranée, qui représente supposément une menace
existentielle pour les Etats-Unis.
Le conflit régional
majeur concerne ici les Sunnites et les Chiites, ou si vous préférez, les
maniaques religieux sponsorisés par l’Arabie Saoudite et les maniaques religieux
sponsorisés par la Perse. Malheureusement, la situation se traduit par un
conflit entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis, et l’Iran et la Russie.
Ajoutez à cela des cartes joker comme le Hezbollah et Israël, et vous avez la
recette parfaite d’une escalade du conflit. Malheureusement, les Etats-Unis
ne semblent pas capables de formuler une stratégie qui n’aggraverait pas la
situation pour les citoyens de la région ou des Etats-Unis (ou ceux de ses
alliés européenns, envahis par des réfugiés qu’ils ne peuvent pas absorber
confortablement, et objets de la terrible menace terroriste).
Je suppose qu’en 2016,
Obama se contentera de ne plus marcher dans les pieds de Poutine et attendra
de voir ce qui en ressortira. Il n’a plus beaucoup d’autres solutions. La
pire conséquence qui puisse en découler pour Obama, c’est le succès de
Poutine à pacifier la Syrie, qui fera passer les dirigeants américains pour
des incompétents, chose qu’ils sont après tout. Il faut parvoir savoir
accepter ses erreurs. Bien qu’Obama n’ait aucune affection pour Hillary
Clinton, je doute qu’il veuille faire s’effondrer la pyramide favoritiste
grinçante du Parti Démocrate à Washington DC. Il se pourrait donc qu’il
s’efforce de ne pas déclencher une troisième guerre mondiale en période
d’élections. Il lèguera la tâche à Hillary, si elle venait à être couronnée
le 20 janvier 2017.
En 2016, tout sera
possible au sein du monde islamique. Toutes les nations islamiques sont
surpeuplées, compte tenu de la mauvaise qualité du terrain. La plupart
d’entre elles ont été établies sur un territoire terriblement dégradé par
l’explosion démographique survenue au cours de ces cent dernières années, et
devraient souffrir des anormalités climatiques et météorologiques qui les
attendent. Les gouvernements continueront de tomber sans pour autant être
remplacés par un système politique cohérent. L’Algérie, la Libye, l’Egypte,
l’Irak (oubliez celui-là), le Pakistan, la Malaisie et l’Indonésie ne sont
que marginalement stabilisés. L’Afghanistan est sans espoir. Il ne nous sera
jamais possible de contrôler son territoire où les habitants qui y vivent.
Mais nous y maintiendrons une garnison pour défendre Kaboul et de prétendre
qu’il est suffisant de contrôler la capitale d’un pays.
Vient ensuite le gros
calibre qu’est l’Arabie Saoudite, avec ses revenus pétroliers en déclin et sa
multitude de dépendants paresseux. Les mésaventures du roi Salman pendant la
guerre civile au Yémen a donné naissance à un autre Etat en faillite et à une
réduction des ressources de l’Arabie Saoudite. Si les autres clans de
l’Arabie, quels qu’ils soient, renversaient Salman, ils créeraient une
ouverture pour une guerre civile influencée par des non-royaux affiliés à
ISIS. Un soulèvement en Arabie Saoudite aurait certainement de profondes
conséquences pour les marchés pétroliers. Les Etats-Unis se retrouveraient entraînés
dans ce combat de boue, et nos tentatives de stabiliser notre vieil
« allié » sur le terrain ne fonctionneraient certainement qu’aussi
bien que nos aventures en Irak. La conséquence en serait un conflit plus
large encore dans cette partie du monde, pour des ressources de plus en plus
rares, et notamment pour l’accès à l’eau. Les guerres chaudes se
multiplieront à diverses échelles, et les populations fuiront les zones de
crise en masse. Si elles prenaient la route de l’Europe, on leur fermerait
très vite la porte au nez.
La Turquie, qui dispose
de la deuxième plus grosse armée parmi les membres de l’OTAN, aurait pu être
une force de stabilité au Proche-Orient, mais son président, Recep Tayyip
Erdogan, n’en fait qu’à sa tête. Il ne peut pas décider s’il est du côté des
Islamistes ou de l’Occident, et tente de s’accorder aux deux tout en
accumulant de grandes richesses personnelles. Les deux camps sont désormais
méfiants envers lui. Il est récemment allé jusqu’à abattre un avion de chasse
russe et recevoir des livraisons de pétrole envoyées par ISIS depuis des
puits volés en Syrie et en Irak. Il a été incapable de convaincre l’OTAN
quant à l’affaire de son espace aérien, et a fatalement aliéné ses auditeurs occidentaux
par ses actions. Il a de la chance que Poutine n’ait pas décidé de faire
d’Ankara un cendrier. Les Kurdes de la frontière sud de la Turquie menacent
le pays de guerre civile par la formation de leur propre nation. Et
l’économie turque est encore une fois en déclin, ce qui renforce son statut
d’ « homme malade de l’Europe ».
Les jours de gloire de
l’Europe en tant que parc d’attraction du tourisme occidental sont derrière
nous. Le continent s’en est retourné à un dangereux désordre de nations, de
tribus et de factions, envahi d’intrus islamiques qui ne font que compliquer
les choses. Qui sait ce qui explosera ensuite. Quand il deviendra évident en
2016 que l’afflux de réfugiés enregistré en 2015 n’était pas une situation
exceptionnelle et que la zone euro ne pourra pas l’absorber, les nations
individuelles se lanceront dans des déportations de masse. Elles n’y
parviendront qu’après avoir parcouru un chemin difficile qui ne sera pas sans
raviver les mémoires de l’Holocauste. Contrairement aux Juifs dans les années
1930, les Islamistes assassinent aujourd’hui des jeunes dans des salles de
concert, placent des bombes dans les métros, tirent sur des civils en
terrasse, décapitent des journalistes et menacent directement l’existence de
la société européenne. Ce problème de l’Islam est différent, et quatre
générations se sont déjà succédé depuis Auschwitz. Les Européens auront
bientôt à se lever pour défendre leurs cultures respectives et collective.
La France choisira un
nouveau président en 2017. Il reste encore une année entière à François
Hollande pour prouver de sa faiblesse. Mais les Français pourront-ils
supporter l’idée du régime fasciste de Marine le Pen ? La droite
française n’est pas en faveur d’une réduction du gouvernement et ne cherche
qu’à réorganiser les choses différemment. A mesure que s’écoulera 2016,
attendez-vous à voir le bon vieux Sarko leur mettre des bâtons dans les
roues. Il est peut-être malhonnête, mais il est tout aussi entêté que Le Pen,
et bien moins fou. Les électeurs français en ont assez de la souplesse de
Hollande, mais ils ne sont pas prêts pour une version féminine d’Hitler.
Sarko est le Diable qu’ils connaissent, et ils veulent le voir revenir.
La même situation se
présentera en Allemagne. Les électeurs du pays se révolteront peu à peu face
à ce que représente Mutti Merkel, qui leur a imposé un million de réfugiés
islamiques. Ils n’opteront pas non plus pour un nouvel Hitler, mais ils
partiront à la recherche d’un dirigeant aux poings d’acier pour protéger le Volk
face à l’arrivée de nouvelles hordes dont ils ont vraiment assez. Sans
oublier le baby-sitting par l’Allemagne des banqueroutes des nations du Sud.
A mesure que s’écoulera
l’année 2016, les PIIGS seront de nouveau placés en soins intensifs.
L’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce devront finalement faire face à
l’absence d’acheteurs pour leurs obligations et à la fausseté de leurs taux
d’intérêt très bas. L’Espagne, pour ce qui la concerne, n’en a pas fini avec
le problème de sécession de la Catalogne. Le Portugal n’aura d’autre choix
que de s’en retourner au XVIIe siècle. Les clowns de Bruxelles n’ont aucun
projet pour réparer les finances de l’Euroland au-delà d’un QE massif qui ne
pourra pas durer indéfiniment. Celui qui remplacera Merkel en tant que chancellier
sera peut-être celui qui réalisera que l’Allemagne doit en finir avec la
devise unique et les terribles responsabilités qu’elle implique.
Le Royaume-Uni est une
cause perdue qui ne sait plus dans quel camp se blottir. Il n’a plus aucune
économie en-dehors de celle des fraudeurs de la City, sa version personnelle
de Wall Street. Cet établissement dilapidé a perdu sa place de capitale
financière désirable après des années de mauvaises pratiques, et voit aujourd’hui
un pourcentage accru de ses activités relocalisé à Shanghai. Le Premier
ministre conservateur David Cameron est le gigolo des grosses banques. Le
chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, est un unioniste romantique
vieux-jeu au beau milieu d’une nation dont la force de travail industrielle
n’existe pratiquement plus. L’implosion de la dette et la Grande dépression
2.0 prévues pour 2016 placeront le chef du Parti indépendentiste Nigel farage
sous les projecteurs en tant que sauveur de ce qu’il reste encore de la
Grande-Bretagne.
Concernant l’Asie, la
question que tout le monde se pose est de savoir si la Chine pourra se sortir
de l’impasse dans laquelle elle est aujourd’hui coincée : un système
bancaire empris de corruption, des montagnes de dettes toxiques et un
malinvestissement tel que le monde n’en avait encore jamais vu. Le pays
s’étouffe sur ses excès de capacité industrielle à une heure où le monde
entre dans une phase de contraction d’une échelle monumentale. La Chine
pourra-t-elle continuer de pomper des essoreuses à salade et des poupées
d’Han Solo dans un monde noyé sous les babioles en plastique et trop fauché
pour en acheter davantage ? Elle possède encore 3,4 trillions de dollars
de réserves étrangères pour, théoriquement, se refinancer en cas de pépin.
Mais ces réserves commencent à affecter la valeur de sa devise rattachée au
dollar, et son partenaire commercial principal (les Etats-Unis) pourra lui
mener une guerre monétaire interminable pour la dissuader de se débarasser de
ce qui lui reste de papier du Trésor américain ; ce qui, bien
évidemment, l’énerve davantage et la pousse à chercher d’autres manières de
se défendre – c’est là l’essence même des guerres des monnaies. Et c’est
aussi la raison pour laquelle la Chine (avec la Russie et les autres) a lancé
sa propre version du FMI, la Banque de développement de la BRIC, ainsi qu’une
alternative au système international de compensation qu’est SWIFT.
Les statistiques
économiques et financières de la Chine sont moins fiables encore que le
gateau trop cuit que nous offrent les agences américaines, mais
l’effondrement des prix des marchandises à l’échelle internationale nous en
dit suffisamment long : la Chine ne pourra plus faire gonfler son économie
comme elle l’a fait jusqu’à maintenant, et peut être plus du tout. Le voyage
a été plaisant, et très rapide, mais il s’est produit alors que le monde
atteignait les limites de sa croissance. La contraction de la Chine pourra
être aussi prompte que sa montée en puissance, et si c’était le cas, elle
entrerait le même vortex de contraction qui a déjà aspiré tous les autres.
Ma prédiction quelque
peu farfelue concernant la Chine est qu’après que Kim Jong-Un aura pris une
décision un peu trop hostile face à son voisin du sud, la Chine envahira la
Corée du Nord et y établira un régime plus rationnel. Kim Jong-Un finira sa
vie à chanter dans les salon-bars de Macao.
Les ébats des
Etats-Unis
Ayez crainte. Donald
Trumps n’est plus drôle du tout. Il est Hitler, mais sans la cervelle et le
charisme. Et s’il en est arrivé où il est aujourd’hui, c’est bien pour une
raison. Il représente parfaitement le caractère dépravé de la culture de
laquelle il ressort : narcissiste, moralement à la dérive, perdu dans ses
fantaisies, incapable de honte, vulgaire et sadique. Hillary (inutile de
mentionner son nom de famille) n’est pas beaucoup mieux, mais elle n’est
clairement pas aussi idiote. Elle n’est que plus corrompue. Voilà quels sont
les avatars de nos deux partis politiques majeurs. Ayez crainte, et pleurez.
La bonne nouvelle, c’est
qu’il arrive occasionnellement aux partis politiques d’éclater et de
disparaître, ce qui serait une conséquence intéressante des élections
présidentielles de 2016. Trump pourrait y parvenir assez rapidement avec les
Républicains. Il a déjà expliqué clairement qu’il ne ressent aucune loyauté
envers l’Equipe rouge, et la rumeur courre déjà en coulisses que certains
membres du parti trouveraient bien un moyen ou un autre de mettre fin à la Créature
de Trump. Compte tenu de notre société litigieuse, l’une des conséquences
possibles serait une élection prise en otage par les cours judiciaires. Oy
vey is mir. Une autre possibilité serait la transmission d’un message à
l’Equipe Tump par une combinaison d’éléments de la NSA et du complexe
militaire qui lui conseillerait d’abandonner, sans quoi… Ce qui serait bien
sûr fait de telle manière à ce que Trump ne puisse pas y avoir recours pour
alimenter son grand monologue narcissique. Si rien de tout cela ne se
produisait et que Trump parvenait à être élu, alors je ne m’étonnerais pas de
voir se développer un coup d’Etat contre lui avant avril 2017. Bonjour, crise
constitutionnelle. Et personne ne pourra savoir ce qui se passera ensuite.
Parmi les opposants de
Trump à une nomination à la tête des Républicains se trouve Rand Paul, qui
est lui-aussi un personnage dérangeant sans pour autant être un maniaque. Il
ferait selon moi un bon président, sobre, réfléchi et libre de toute
obligation envers les forces du racket. Mais ses chances d’être nominé sont
aussi presque nulles.
Hillary est tout le
contraire de dérangeante. Elle est la marraine du racket. En revanche, au vu de
la manière dont se présentent les choses, elle ne fera que présider sur la
Grande dépression 2.0. Contrairement à FDR pendant GD 1.0, Hillary
n’obtiendra pas la confiance de la population qui n’aura que soif de
vengeance contre ses électeurs, et plus particulièrement contre les banquiers
de Wall Street. La nation plongera dans des guerres de faction et pourrait
traverser une division régionale sous le règne de Mademoiselle
C’est-Mon-Tour. Mais je m’emporte… la question est de savoir si Hillary
pourra être arrêtée. A l’heure actuelle, je ne vois pas comment, compte tenu
du poids de la machinerie calibrée en sa faveur par la tout-aussi-odieuse
directrice du Parti national, la membre du Congrès Debbie Wasserman Schultz.
Bernie Sanders a établi
une compagne d’opposition respectable, et il est peut-être trop tôt pour se
persuader de son échec avant les élections primaires en Iowa et dans le New
Hampshire. Peut-être pourra-t-il en effet affronter Rodan le Reptile volant –
mon surnom préféré pour Hillary. Je ressens toutefois de l’aversion pour la
philosophie politique de Bernie en tant que « socialiste » auto-proclamé.
Je me rends compte que cela peut paraître comme le rejet éhonté d’une
étiquette politique cartoonesque, mais je trouve que cette auto-proclamation
laisse présumer un gouvernement plus large encore à la tête de notre nation.
L’Histoire voudrait désormais nous mener dans n’importe quelle direction, à
condition que nous nous éloignions de cette forme de contrôle
hyper-centralisé. Nous irons à contre-courant de son désir à notre plus grand
péril. Bien que j’admire la présence de Bernie en tant qu’opposition vocale à
Hillary, je ne suis pas favorable à ce qu’il essaie de nous vendre.
Je sais que Martin
O’Malley est toujours dans les parages, mais il ne ressemble à plus rien
qu’une cartouche vide, à un tas de muscles à la recherche d’une opinion sur
le monde, et je ne crois pas, contrairement à certains observateurs, que son
absence dans les débats soit la faute des média. Au cours des quelques
discussions démocratiques qui ont été tenues l’année dernière, il n’a su
offrir rien de plus qu’une liste d’idéologies centristes conventionnelles et
déjà usées – il n’a aucunement fait mention des problèmes extraordinaires
auxquels fait face le pays en cette apogée de l’idylle techno-industrielle,
et de la longue urgence qui viendra ensuite.
C’est tout ce que nous
obtenons pour le moment du Parti démocrate : un sens profond de
lendemain meilleur. Et pourtant, le véritable problème du caractère infect
d’Hillary ne disparaît pas, et pourrait peser lourd sur les voix. Il y a même
des chances que beaucoup de femmes votent contre elle. Ma conclusion
provisoire est qu’Hillary perdra les élections face à un individu encore
inconnu qui ne sera pas Trump. Président Cruz ? Rubio ?
Christie ? Jeb ? El pendejo supremo! A suivre…
Les relations
raciales et la couardise des classes de penseurs
2015 a été une mauvaise
année pour les groupes d’Américains qui ont essayé (ou pas) de s’entendre,
notamment pour les relations entre Blancs et Noirs. La société américaine
ressent la force des idéologies identitaires qui se propagent sur les campus
d’universités depuis quelques dizaines d’années, et qui se manifestent
aujourd’hui par une orgie de victimisation, de beaux discours identitaires,
d’hystérie sexuelle, de dénonciation de boucs-émissaires, de despotisme
intellectuel, de chantage juridique et (n’oublions pas ce dernier point) de
positionnement carriériste. Moins l’éducation supérieure est pertinente, plus
les persécutions des inquisiteurs de la justice sociale envers ceux qui
n’achètent pas l’agenda de privilège racial sont vicieuses. En 2015, elles se
sont transformées en une campagne contre la liberté d’expression et
d’enquête. Les doyens de la « diversité » se multiplient tels des
mouches du vinaigre.
J’ai récemment fait l’
« erreur » de suggérer que les Afro-américains bénéficieraient d’un
meilleur apprentissage de l’Anglais parlé au sein du primaire et du
secondaire – et j’ai été vilifié pour mes propos. Mes opposants ne m’ont pas
offert d’idée contraire et se sont contentés de m’injurier. Je suspecte que
beaucoup de pesonnes aux bonnes intentions perdent patience face à ce racket
– un racket d’extorsions de traitement préférentiel et d’argent à des Blancs
qui se sentent coupables.
Dans le domaine du crime
et de la police, la situation est particulièrement déplorable. Les vies
noires ont de l’importance, mais pas tant que ça aux yeux des Noirs
eux-mêmes, qui ne cessent plus de se massacrer les uns les autres à
Baltimore, St Louis, Detroit, Milwaukee et « Chi-raq » plus
rapidement que n’importe quel autre groupe ethnique sur le territoire. Les
martyrs du mouvement agissent comme s’ils souhaitaient qu’il leur arrive
quelque chose, comme par exemple le malheureux Tamir Rice, qui à l’âge de
douze ans a brandi une arme à balles BB ressemblant de très près au calibre
.45 ACP conçu en 1911 pour l’US Army, ou encore Michael Brown qui s’en est
pris à l’officier Darren Wilson, ou Trayvon Martin qui en est venu aux mains
avec George Zimmerman. Les policiers présents lors de ces incidents incluent
des officiers noirs, dont une femme sergent qui faisait la ronde des trottoirs
sur Staten Island quand son collègue a étranglé Eric Garner (elle n’a rien
fait pour intervenir), et les nombreux policiers noirs de Baltimore qui ont
emmené Freddy Gray faire le tour en camion-cellule qui lui aura été fatal. La
scène est truffée d’ambiguïtés, et je reste généreux.
Où allons-nous en termes
de relations raciales ? Pour le moment, certainement pas dans la bonne
direction. La tendance sera à l’étiquetage de certains quartiers par la
police comme « zones interdites » - si ce n’est que pour éviter les
litiges aux plusieurs millions de dollars qui surgissent de ces
confrontations ambigües. Certains pourraient y voir du positif, mais cela
vient en réalité s’inscrire dans la théorie décadente du « tout peut
arriver et plus rien n’a d’importance ». La grande question à laquelle
nous devrons répondre sera de savoir si l’Amérique Noire continuera de
s’imposer comme une culture d’opposition. C’est ce qu’elle est devenue, bien
que les classes de penseurs ne l’admettent pas. Elles ne reconnaîtront pas
non plus le besoin d’une culture commune au sein de notre nation, d’un
ensemble de valeurs et de normes de conduites partagées par tous.
Changements
climatiques
Ils sont la base même du
désespoir à laquelle les personnes les plus réfléchies ne peuvent cesser de
penser lorsque tous les petits problèmes des relations humaines et du projet
de civilisation sont laissés de côté. Une météo bizarre ? Des
inondations bibliques ? La fonte des glaciers ? Il a fait 70 degrés
Farenheit la veille de Noël à New York City, des fleurs continuaient de
pousser dans les jardins jusqu’il y a deux semaines. Certaines de mes
connaissances ne peuvent plus cesser de parler des changements climatiques.
Je parviens toutefois à me sortir le problème de la tête en me concentrant
sur quelque chose de moins lointain – un bon repas, une rencontre entre amis,
un concert… mais il reste toujours tapi dans le fin fond de ma mémoire tel un
voleur masqué des caricatures du New Yorker.
Malgré la conférence sur
le changement climatique à Paris, je ne suis pas persuadé que les gouvernements
régionaux feront quoi que ce soit, ou que ce qu’ils feront pourra améliorer
la situation. Et je ne suis même pas inquiet de la responsabilité de l’Homme
dans les changements climatiques. J’accepte simplement que quelque chose se
passe et que nous devions nous y ajuster. Il me sembe que cet ajustement ne
sera pas facile, et que d’ici cinq-cent ans, il y aura bien moins d’êtres
humains sur Terre, si tant est qu’il en reste encore. Et du point de vue de
la survie de la planète, c’est probablement une bonne chose.
En attendant, faisons de
notre mieux pour nous comporter avec autant de courtoisie que possible les
uns envers les autres. Bonne chance pour 2016 !