En janvier 2013, mes
prévisions pour l’année se concentraient sur trois évènements spécifiques. La
hausse du rendement des obligations américaines sur 10 ans, le gonflement des
bilans de la réserve fédérale et le déclin du ratio or/argent.
Deux de ces évènements se sont
déroulés comme je m’y attendais, mais le troisième n’a pas confirmé les deux
autres.
1) Hausse du rendement des obligations
américaines sur 10 ans
En janvier 2013, je pensais
que le rendement de 2% des obligations sur 10 ans était crucial. Je le
percevais comme un point critique qui, une fois atteint, signalerait la fin
de la répression financière par la Fed. Je m’attendais à ce que ce taux de
rendement indique l’incapacité de la Fed à maintenir les taux d’intérêts à
des niveaux artificiellement bas, parce que les forces de marché auraient
commencé à prendre le dessus. En d’autres termes, le point de tournant aurait
dû se manifester à l’heure où les investisseurs vendaient plus d’instruments
de dette que la Fed n’en achetait. Ce déséquilibre aurait engendré une hausse
des rendements.
Les rendements ont approché à
plusieurs reprises la barre des 2% au cours des premiers mois de 2013.
Finalement, la barre des 2% a été franchie en mars, alors que la Fed se
préparait pour la réunion du FOMC. Le marché pensait que la Fed annoncerait la
réduction de son programme de quantitative easing.
Après qu’elle eut manqué de le faire, les rendements ont augmenté pour
atteindre 2,3%. Notons que les rendements des obligations sur 10 ans sont
désormais en passe de franchir l’autre palier clé de 3%, ce qui nous mène au
point suivant.
2) Hausse des bilans de la Réserve
fédérale
La Réserve fédérale a commencé
à gonfler ses bilans à la suite de l’effondrement de Lehman
Brothers en septembre 2008, alors qu’elle cherchait
à protéger les banques de la crise financière qui s’emparait des marchés
globaux. Au travers de son programme de quantitative easing
et de swaps de devises avec les banques européennes, la Fed a vu ses actifs
atteindre un record de 2,86 trillions de dollars en juillet 2011.
La
Fed a ensuite ralenti la cadence, et dix-huit mois plus tard, ses actifs
étaient passés à 2,81 trillions de dollars. C’est cet étrange étranglement qui a attiré mon attention en janvier
2013.
Lorsque la Fed fait gonfler
ses actifs, elle transforme de la dette en dollars. Mais au lieu de faire
prévaloir la théorie économique et monétaire et la sagesse conventionnelle,
cette nouvelle monnaie, que la Fed a injecté dans
l’économie, n’a pas bénéficié à l’économie des Etats-Unis. Le taux de chômage
est resté élevé malgré les tentatives du gouvernement d’en alléger les
chiffres. Les salaires réels et les ventes au détail (à l’exclusion des
ventes de produits haut de gamme destinés aux riches) ont stagné, et le
sentiment positif qui accompagne toujours une expansion économique est resté
absent.
La création monétaire a en
revanche été relativement favorable aux marchés des actions et de l’or, comme
nous le montre le graphique suivant qui illustre leur corrélation. Depuis
l’annonce d’un programme de quantitative easing
d’un trillion de dollars par la Fed en mars 2009, les deux marchés ont été
soulevés par cet excès monétaire, l’or et les actifs de la Fed ayant atteint
un record en 2011. Les avancées de l’or et du S&P ont cependant pris fin
quand la Fed a cessé d’élargir ses bilans.
Appréhendés ensemble, ces
évènements signifient que les actions n’ont pas grimpé depuis leur record à
la baisse d’avant-Lehman pour des raisons de
conditions économiques favorables. La nouvelle monnaie créée par la Fed
devait aller quelque part, et elle a
terminé sur le marché des actions. Elle a aussi terminé sur le marché
de l’or, qui répond toujours à des dévaluations du dollar par des hausses de
prix.
Après que l’avancée des
marchés des actions et de l’or aient pris fin, je m’attendais à ce que le
prix de l’or augmente en 2013 parce qu’il me semblait évident que la Fed
continuerait de gonfler ses bilans par la monétisation de la dette.
Transformer de la dette en devises est l’unique outil dont disposent les
banques centrales. Elles l’utilisent de temps à autre pour couvrir de papier
leurs problèmes financiers et les banques insolvables et tenter de relancer
l’économie, bien qu’elles soient déjà criblées de dettes.
Les banques centrales ont
recours à la monétisation pour dissimuler l’insolvabilité des gouvernements,
qui empruntent tout l’argent que les marchés sont prêts à leur prêter. Une
fois qu’il leur est impossible de transmettre ses instruments d’endettement
au public, les gouvernements ne mettent pas fin à leurs dépenses. Ils forcent
au contraire les banques centrales à racheter leur dette et la transformer en
devises. Cette destruction des devises engendre une fuite depuis les devises
vers les actifs réels, et tant que l’économie n’est plus basée sur des
principes stables, elle laisse s’installer l’hyperinflation.
Bien qu’une hausse du prix de
l’or et une hyperinflation du dollar soient évidentes à mes yeux, il est
toujours difficile d’établir des prévisions temporelles. En janvier dernier,
je recommandais donc l’observation d’un indicateur supplémentaire pour
soutenir mon analyse.
3) Chute du ratio or/argent en-dessous de
50
En période de marchés
haussiers des métaux précieux, l’argent enregistre de meilleurs performances
que l’or, ce qui signifie que le ratio or/argent diminue. A mesure que le
prix des deux métaux augmente, celui de l’argent augmente plus rapidement, et
il faut de moins en moins d’onces d’argent pour acheter une once d’or.
L’inverse se produit en
période de marchés baissiers, qu’il s’agisse de corrections sur le long terme
ou de corrections sur le court terme au sein d’un marché haussier. L’argent
enregistre des performances inférieures à celle de l’or. Le prix de l’argent
– mesuré en pourcentage – diminue plus que celui de l’or.
J’ai donc recommandé
d’observer le ratio or/argent en 2013 dans l’éventualité de le voir passer
en-dessous de 50, qui représente un important niveau technique. Il demeure un
important niveau technique aujourd’hui, puisqu’il n’a pas été franchi.
Lorsqu’il le sera, l’argent aura enregistré de meilleurs performances que
l’or, ce qui indiquera que les prix des deux métaux seront en train de
grimper.
Ayant établi tout cela, tournons-nous
maintenant sur l’année à venir. Les douze prochains mois dépendront des mêmes
forces – les taux d’intérêts, les bilans de la Fed, et le ratio or/argent qui
nous confirmera que les métaux précieux sont à nouveau sur une pente
grimpante. Cette dernière force est extrêmement importante.
Des décennies durant, les
politiques monétaires de la Réserve fédérale et les politiques fiscales du
gouvernement américain ont détruit le pouvoir d’achat du dollar. Les tableaux
ci-dessous illustrent l’érosion actuelle du pouvoir d’achat du dollar et
d’autres devises du monde, parce que les autres banques centrales du globe
poursuivent les mêmes politiques fiscales et monétaires. Contrairement aux
années 1970, alors que le mark allemand et le franc suisse offraient un
refuge contre un dollar rapidement gonflé, aucune devise ne peut aujourd’hui
servir de réserve de valeur.
|
Taux de changement annuel en % par rapport à l’or
|
|
USD
|
AUD
|
CAD
|
CNY
|
EUR
|
INR
|
JPY
|
CHF
|
GBP
|
2001
|
2.5%
|
11.3%
|
8.8%
|
2.5%
|
8.1%
|
5.8%
|
17.4%
|
5.0%
|
5.4%
|
2002
|
24.7%
|
13.5%
|
23.7%
|
24.8%
|
5.9%
|
24.0%
|
13.0%
|
3.9%
|
12.7%
|
2003
|
19.6%
|
-10.5%
|
-2.2%
|
19.5%
|
-0.5%
|
13.5%
|
7.9%
|
7.0%
|
7.9%
|
2004
|
5.2%
|
1.4%
|
-2.0%
|
5.2%
|
-2.1%
|
-0.0%
|
0.9%
|
-3.0%
|
-2.0%
|
2005
|
18.2%
|
25.6%
|
14.5%
|
15.2%
|
35.1%
|
22.8%
|
35.7%
|
36.2%
|
31.8%
|
2006
|
22.8%
|
14.4%
|
22.8%
|
18.8%
|
10.2%
|
20.5%
|
24.0%
|
13.9%
|
7.8%
|
2007
|
31.4%
|
18.1%
|
11.5%
|
22.9%
|
18.8%
|
17.4%
|
23.4%
|
22.1%
|
29.7%
|
2008
|
5.8%
|
33.0%
|
31.1%
|
-1.0%
|
11.0%
|
30.5%
|
-14.0%
|
-0.3%
|
43.7%
|
2009
|
23.9%
|
-3.6%
|
5.9%
|
24.0%
|
20.4%
|
18.4%
|
27.1%
|
20.3%
|
12.1%
|
2010
|
29.8%
|
15.1%
|
24.2%
|
25.5%
|
40.2%
|
25.3%
|
13.9%
|
17.4%
|
36.3%
|
2011
|
10.2%
|
8.8%
|
11.9%
|
5.1%
|
12.7%
|
30.4%
|
3.9%
|
10.2%
|
9.2%
|
2012
|
7.0%
|
5.5%
|
4.4%
|
5.9%
|
5.2%
|
11.0%
|
20.5%
|
4.4%
|
2.3%
|
2013
|
-28.2%
|
-16.5%
|
-23.3%
|
-30.3%
|
-31.3%
|
-19.0%
|
-12.8%
|
-30.2%
|
-29.6%
|
Moyenne
|
13.3%
|
8.9%
|
10.1%
|
10.6%
|
10.3%
|
15.4%
|
12.4%
|
8.2%
|
12.8%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Taux de changement annuel en % par rapport à l’argent
|
|
USD
|
AUD
|
CAD
|
CNY
|
EUR
|
INR
|
JPY
|
CHF
|
GBP
|
2001
|
-0.1%
|
8.5%
|
6.1%
|
-0.1%
|
5.3%
|
3.1%
|
14.4%
|
2.3%
|
2.7%
|
2002
|
4.8%
|
-4.6%
|
4.0%
|
4.9%
|
-11.0%
|
4.3%
|
-5.0%
|
-12.6%
|
-5.3%
|
2003
|
24.0%
|
-7.3%
|
1.4%
|
23.9%
|
3.2%
|
17.7%
|
11.9%
|
11.0%
|
11.9%
|
2004
|
14.3%
|
10.2%
|
6.5%
|
14.3%
|
6.4%
|
8.6%
|
9.6%
|
5.4%
|
6.5%
|
2005
|
29.6%
|
37.7%
|
25.5%
|
26.3%
|
48.1%
|
34.6%
|
48.8%
|
49.3%
|
44.4%
|
2006
|
45.3%
|
35.3%
|
45.3%
|
40.5%
|
30.4%
|
42.6%
|
46.7%
|
34.8%
|
27.5%
|
2007
|
15.4%
|
3.7%
|
-2.1%
|
7.9%
|
4.3%
|
3.1%
|
8.3%
|
7.2%
|
13.9%
|
2008
|
-23.8%
|
-4.3%
|
-5.7%
|
-28.8%
|
-20.1%
|
-6.1%
|
-38.1%
|
-28.2%
|
3.4%
|
2009
|
49.3%
|
16.1%
|
27.6%
|
49.3%
|
45.0%
|
42.6%
|
53.0%
|
44.9%
|
35.0%
|
2010
|
83.7%
|
63.0%
|
75.8%
|
77.7%
|
98.5%
|
77.4%
|
61.2%
|
66.2%
|
93.0%
|
2011
|
-9.8%
|
-11.0%
|
-8.4%
|
-14.0%
|
-7.8%
|
6.7%
|
-15.0%
|
-9.8%
|
-10.7%
|
2012
|
8.2%
|
6.8%
|
5.7%
|
7.2%
|
6.4%
|
12.3%
|
22.0%
|
5.7%
|
3.5%
|
2013
|
-35.9%
|
-25.4%
|
-31.5%
|
-37.7%
|
-38.7%
|
-27.7%
|
-22.1%
|
-37.7%
|
-37.1%
|
Moyenne
|
15.8%
|
9.9%
|
11.6%
|
13.2%
|
13.1%
|
16.8%
|
15.0%
|
10.7%
|
14.5%
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
Au cours de ces treize
dernières années, l’or et l’argent ont enregistré des taux annuels
d’appréciation très importants, malgré le déclin du prix de l’or en 2013.
Leurs performances en font deux des meilleures classes d’actifs.
Pour ce qui est du futur, l’or
et l’argent continueront d’augmenter tant que Washington poursuivra ses
politiques. Compte tenu du fait que le gouvernement continue de dépenser sans
cesse et que la Réserve fédérale imprime sans plus s’arrêter (et ce même si
elle prévoit de diminuer ses achats d’obligations de 10 milliards de dollars
par mois pour les passer à 75 milliards de dollars), au fil du temps, les
métaux continueront de grimper.
Je
suis certain que la hausse du prix de l’or et de l’argent sera la différence
principale entre 2013 et 2014. L’accumulation d’or physique et/ou d’argent
physique sur une base de coût moyen demeurera une stratégie clé en 2014. En
achetant des métaux physiques, vous investissez sur de la vraie monnaie, et
épargner est important, comme je l’explique dans mon article « Saving Real Money ».
Il y a de nombreuses années,
Richard Russell parlait de la devise de la Fed comme pouvant être résumée par
les termes « l’inflation ou la mort». Le système financier est devenu si
anormal que la Fed a dû continuer de favoriser l’inflation pour empêcher le
système de dérailler. L’ironie en est que l’effondrement actuel est la
conséquence de cette inflation accumulée.
Ce problème est abordé par The
Money Bulle : What To Do Before
It Pops, un livre que j’ai co-écrit avec John Rubino.
Dans notre livre publié en 2004, The Coming
Collapse of the Dollar, John et moi-même conseillions à nos lecteurs de
parier contre la bulle de l’immobilier avant qu’elle explose, et d’acheter de
l’or avant qu’il grimpe. C’étaient bien entendu les deux techniques
d’investissement de la décennie.
Nous pensons aujourd’hui que
l’Histoire est sur le point de se répéter. Plutôt que de s’intéresser aux
causes de la crise financière de 2008, les gouvernements du monde ont
continué dans la même voie, accumulant toujours plus de dette et faisant gonfler
toujours plus de bulles sur l’investissement. Nos prévisions pour 2014 sont
les mêmes que l’an dernier, le point essentiel étant le potentiel d’un
évènement de type cygne noir tel que celui dont nous avons fait l’expérience
en 2008 avec l’effondrement de Lehman Brothers. La raison de notre inquiétude est simple :
les crises des dettes souveraines et de la solvabilité des banques n’ont pas été
résolues, et les banques centrales continuent de poursuivre des politiques
monétaires qui sont favorables aux gouvernements et aux banques, et non aux
épargnants et aux investisseurs.
Nous
restons donc haussier quant à l’or et l’argent, parce qu’une nouvelle crise
arrive. Qu’on finesse par l’appeler un « boom final », la ‘fin de
la monnaie papier » ou la « deuxième grande dépression », elle
changera la done, depusi
les investissements qui créent de nouvelles fortunes jusqu’aux monnaies que
nous épargnons et dépensons.