Principe de Précaution

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From the Archives : Originally published June 18th, 2008
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Hier le gouvernement nous expliquait qu’il fallait travailler moins pour partager les emplois ; aujourd’hui, il se rend compte qu’il faut travailler plus pour créer de la richesse. Hier le gouvernement nous expliquait que les personnes plus âgées devaient laisser la place aux jeunes actifs, subventionnant les départs anticipés en retraite ; aujourd’hui, il voudrait imposer des quotas d’embauche pour les séniors. Hier le gouvernement voulait limiter l’installation des grandes surfaces ; aujourd’hui, il voudrait inciter l’installation des grandes surfaces. Poussé par les lobbies écologistes, le gouvernement a fait passer des quotas pour développer l’utilisation des biocarburants dans la foulée des accords de Kyoto, quotas qui sont désormais inscrits dans les traités européens (le paquet Climat-Energie). Aujourd’hui, les mêmes sont réticents à produire de l’énergie à partir de denrées agricoles alors que, sur la planète, des populations entières souffrent de la faim. Et je n'ose évoquer le rapport Teulade remis à Mr Jospin, alors premier ministre, qui prévoyait le retour du plein-emploi en France dans un délai imminent, rendant inutile - selon les experts officiellement désignés par le gouvernement de l'époque - toute réforme du système de retraite par répartition...


On pourrait multiplier à l’infini les égarements de cet Etat interventionniste qui prétend réguler l’économie alors que ses représentants n’ont jamais une vision exacte des processus économiques, pensant corriger une erreur en faisant une nouvelle erreur. Bien-sûr, les personnalités qui composent les gouvernements changent par le jeu démocratique. Mais c’est précisément là le risque de politiser l’économie : ceux qui sont au pouvoir n’ont pas de mémoire et sont poussés à flatter une « opinion publique » qui n’a pas de cervelle. Puis chacun se renvoie ensuite la faute. Il aurait mieux valu ne pas intervenir du tout plutôt que croire qu’une intervention supplémentaire peut corriger les effets destructeurs déclenchés par l’intervention passée.


Imaginez qu’une loi neutralise un marché X. Constatant la pénurie du produit X, le gouvernement impose un rationnement de la consommation tandis qu’il oblige les entreprises à accroitre leur capacité de production. Quelques années plus tard, c’est la surproduction qui éclate. Alors le gouvernement se mobilise pour relancer les consommateurs tandis qu’il impose des quotas aux entreprises pour limiter leur production. C'est ce qui se passe dans l'éducation, dans la santé, le logement, l'agriculture, le marché du travail, partout où l'Etat a considéré qu'il pouvait mieux faire que le marché.


Pourtant, pour peu qu’on laisse l’économie déployer ses effets mécaniques et nécessaires, les corrections et ajustements se produiront par eux-mêmes, sans que le gouvernement soit dans l’obligation de décréter quoi que ce soit. La meilleure police des prix, c’est le jeu naturel de la concurrence. Et les meilleures informations qui permettent aux consommateurs et aux producteurs de prendre leurs décisions dans un processus complexe qui organise des interactions mutuelles à l’insu de tous, ce sont les signaux envoyés par des mouvements de prix libres.


La concurrence ne se décrète pas. Les philosophes des Lumières considéraient qu’il était nécessaire de protéger la démocratie d’elle-même, la quête de la majorité pouvant déboucher sur des programmes politiques toujours plus démagogiques. Et ces programmes conduisent toujours à une extension infinie de l’Etat-Providence laquelle constitue une caricature, sinon une négation, de l’Etat de droit. Il faudrait inscrire dans la Constitution un principe de précaution qui dirait en substance : « quand on ne connait pas tous les effets de l’intervention de l’Etat dans l’économie, alors le gouvernement doit s’abstenir d’intervenir ».





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Docteur en sciences économiques de l'université de la Méditerranée et Maître de conférences – HDR - à l'IAE de l'université de Perpignan. Médaille du Bibliographical Institute of Cambridge (London, 2012), il est spécialiste de croissance économique ainsi que chercheur en tourisme international et consultant pour l’Organisation Mondiale du Tourisme (Nations-Unies). Il signe des chroniques économiques dans la presse nationale (Les Echos, Le Monde, le Figaro, Economie-Matin) et internationale (l’AGEFI le quotidien suisse des finances, le Boston de Providence aux USA, le Québécois Libre à Montréal). Il anime enfin, depuis plus de 15 ans, un blog à vocation pédagogique, Chroniques en liberté, à l'attention de ses étudiants et du grand public. Ouvrages [1] Les défis économiques de l'information, la numérisation, L'Harmattan, Paris 1996. [2] L’innovation dans l’industrie du tourisme - Enjeux et stratégies. En co-écriture avec B. Solonandrasana, L’Harmattan, Paris, 2001 [3] L’épopée de l’innovation – Innovation technologique et évolution économique, L’Harmattan, Paris, 2005. [4] L’innovation dans l’industrie du tourisme. Enjeux et stratégie, avec B. Solonandrasana, L’Harmattan, Paris 2006. [5] Fondements d’économie du tourisme. Acteurs, marchés, stratégies. De Boeck Université, Bruxelles 2007. [6] Le modèle français dans l’impasse, Tatamis Editions, Paris 2013. [7] Histoire thématique et contemporaine des faits économiques, Ellipses, Paris 2015. [8] Analyse de la finance internationale : le grand naufrage, en co-écriture avec Faouzzi Souissi (Trader),The Book Edition, Paris 2019.
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La concurrence ? Mais c'est un leurre ! Qui va concurrencer les gros comme AMAZON, MICROSOFT, IBM, AUCHAN, CARREFOUR, BOUYGUES, SFR, FREE, ORANGE, etc ???

j' adore votre phrase : "bien sûr, les personnalités qui composent le gouvernement changent par le jeu démocratique ( SIC ! )"... car "bien sûr", remplacer un clone politique par un autre clone politique ( et je pourrais tout aussi bien écrire clown politique ) c' est ça la démocratie... Méga LOL !

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Un aspect non négligeable du problème :
C'est quoi, au juste, la qualification de nos prétendues zélites ?
En quoi consiste leur responsabilisation ?
A quels controles sont elles soumises ?
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Tant que l'état se mêlera de tout et de rien, il n'en résultera rien de bon (questions de compétences proches de la nullité de ses élus et serviteurs "zélés" ou "ministres intègres" sur un nombre inouïs de sujets) en revanche l'état se devrait de jouer pleinement et entièrement son rôle d'arbitre et siffler les fautes commises par les uns et les autres afin de les sanctionner y compris très durement. Tout le monde sait que ce n'est pas le cas (sans oublier les arbitres corrompus, d’où des sanctions décuplées à cet égard), je gage qu'un certain nombre de candidats à toutes ces fonctions vont se désister ou déclarer forfait.
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Constats exacts mais conclusion fausse.
On ne peut JAMAIS connaître TOUS les effets de l'intervention de l'Etat, justement à cause des constats de complexité précédents. En laissant la porte ouverte à une POSSIBILITE d'intervention SI... il est clair que TOUJOURS les pseudos "grosses têtes" stipendiées par l'Etat prétendront avoir fait le tour de la question au mépris de toute VERITE. DONC l'Etat doit faire son travail uniquement c'est-à-dire un MINIMUM MINIMORUM d'administration : 60.000 fonctionnaires, de police et l'armée NON permanente sauf quelques services et la dissuasion nucléaire point final.
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" DONC l'Etat doit faire son travail uniquement c'est-à-dire un MINIMUM MINIMORUM d'administration ".
Parfaitement d'accord ! La démocratie, par définition, suppose non seulement le principe de précaution mais avant tout celui de subsidiarité : la société civile devrait avoir l'initiative première des services publics et l'état un rôle secondaire de coordination.
Mais c'est tout le contraire qui se passe, comme l'avait prévu Alexis de Tocqueville : c'est ce qu'il nomme "le despotisme démocratique", favorisé d'ailleurs par la démission de la plupart des citoyens. Il en attribue la source à l'état d'égalité qui caractérise les sociétés démocratiques. Plus elle se développe et plus l'état confisque le pouvoir. Il écrivit cela en 1835-1840 ! A voir les progrès fulgurants de l'égalitarisme depuis quelques décennies, on peut imaginer que le totalitarisme "démocratique" n'est plus très éloigné.
Voir " De la démocratie en Amérique ", vol.II, quatrième partie.
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ungars - 11/10/2018 at 3:40 PM GMT
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