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Pris à leur propre logique

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Published : November 14th, 2012
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Pourquoi les dirigeants européens s’acharnent-ils sur la Grèce ? Une première réponse est qu’il ne veulent pas admettre la faillite de leur stratégie, mais elle n’est pas suffisante. La seconde est qu’ils sont pris à leur propre jeu. Celui qui consiste à financer le désendettement des pays assistés en empruntant sur le marché, ou en apportant sa garantie, ce qui revient au même si un accident de parcours intervient et un défaut est enregistré. Avec alors comme effet pour les États d’accroître l’endettement qu’ils sont eux aussi sommés de réduire. Tout sauf le défaut grec ! On comprend dès lors pourquoi…


Avec la Grèce, l’échafaudage du crédit est mis à nu. Une vis sans fin est actionnée, les nouveaux crédits étant consacrés au remboursement des précédents (augmentés des intérêts), les banques s’étant retirées du jeu au détriment de la BCE qui y est entrée. Lorsqu’elles achètent encore de la dette, c’est pour l’apporter immédiatement en garantie de leurs emprunts à cette dernière pour s’en débarrasser ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la BCE a limité l’en-cours des banques grecques, afin de ne pas accroître le sien sur la dette nationale.


En ne voulant ni remettre au pot, ni restructurer la dette grecque, les dirigeants européens tentent quand même de poursuivre la partie, tandis que le FMI voudrait en siffler la fin pour faire la part du feu, ce qui obligerait les États européens à constater leurs pertes. Ceux-ci s’y refusant, la seule solution qui reste à leur disposition est de repousser l’échéance en étalant le remboursement de la dette grecque, ou en diminuant son taux d’intérêt. Cela n’ira pas loin et ne fera qu’empirer la situation.


Pour le mesurer, il faut prendre en compte non seulement les crédits mais aussi les garanties dispensées. On aurait grand tort de sous-estimer les méfaits de l’équivalent pour les États du hors-bilan pour les établissements financiers, de tout ce qui n’est pas comptabilisé dans la dette mais peut l’être à la faveur d’un mauvais concours de circonstances, comme le sont précisément les garanties. La même logique que celle de la Grèce a d’ailleurs prévalu en France en faveur de Dexia, avec une aussi lourde épée de Damoclès au-dessus de la tête sous forme de garanties.


Comme un malheur n’arrive jamais seul, les dirigeants européens ont un deuxième gros souci. Les banques disposent du parapluie grand ouvert de la BCE, qui joue son rôle, à voir la relative détente observée sur le marché interbancaire, tant qu’il n’est toutefois pas refermé. Mais les États n’ont pour eux qu’un dispositif qui a fait au contraire la preuve de sa nocivité, ce qui explique que les dirigeants espagnols font tout pour ne pas l’utiliser, avec l’appui du gouvernement allemand qui cherche à éviter d’être entraîné dans ce nouvel enchaînement.


Ce qui a conduit Luis de Guindos, le ministre des finances espagnol, à présenter lundi dernier devant le Parlement européen un invraisemblable scénario de sortie de crise. Il a d’abord plaidé pour un assouplissement des objectifs de réduction du déficit à « un rythme raisonnable », mesuré en prenant en compte le déficit structurel (et non pas nominal pour tenir compte de la récession), puis insisté sur le fait que l’Espagne remplissait déjà les conditions qui seraient imposées en cas de sauvetage . Il a ensuite affirmé que la mise en place de la bad bank (la Sareb), conjointement avec l’injection de 35 à 40 milliards d’euros d’aide européenne dans les banques, allait se traduire par un important renforcement du secteur financier. Lui permettant de prédire qu’il sera prêt à financer l’économie réelle dès la fin de l’année, suggérant que la machine allait ensuite repartir. Si ce scénario est la seule alternative qui s’offre au désastre grec et portugais, on comprend que l’affaire est décidément très mal partie.


Voilà où en sont les dirigeants européens : dans un cas, il ne savent pas comment sortir de la dangereuse logique des plans de sauvetage qu’ils ont instituée, dans l’autre, ils font tout pour éviter que de nouveaux pays n’y rentrent, afin de ne pas se retrouver devant le même épineux problème…


À quoi bon adopter cette stratégie, dans ces conditions ?


Billet rédigé par François Leclerc


Son livre, Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de paraître


Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.


 

 


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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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