Face à un
gouvernement en difficulté financière qui refuse de verser une somme 3,8
milliards de dollars de revenus provenant de la vente de billets d’avion en
raison des contrôles de capitaux en vigueur, les compagnies aériennes ont
réduit leurs services vers le Venezuela de moitié au mois de janvier, ce qui
n’a fait qu’ajouter aux frustrations de la vie quotidienne des citoyens du
pays.
Le manque de
vols complique les vacances, les voyages d’affaires et les projets
d’évacuation des citoyens qui cherchent à quitter le pays, qui souffre d’une
inflation de 60%, d’une explosion du crime, de pénuries alimentaires et d’un
chômage croissant. Steve H. Hanke, professeur d’économie à l’Université Johns
Hopkins, a récemment annoncé que le Venezuela se trouve actuellement au
sommet de son « indice de misère », qui prend en considération le
taux d’inflation, le taux de chômage et la stagnation économique de 89 pays.
« Au
Venezuela, les gens ont le sentiment de ne plus pouvoir partir », a
expliqué Virginia Hernàndez, une Vénézuélienne qui poursuit actuellement ses
études d’orthodontie en Argentine. Suite à un récent voyage à Caracas, elle
s’est retrouvée coincée. La compagnie aérienne nationale Conviasa n’avait
aucun avion disponible et ne pouvait lui offrir de billet retour vers Buenos
Aires. Toutes les autres compagnies aériennes avaient déjà rempli tous leurs
avions.
Datanalisis,
une société de sondage basée à Caracas, a déterminé qu’un citoyen sur dix –
dont une majorité de citoyens de classe moyenne âgés de 18 à 35 ans – cherche
à quitter le pays. C’est près de deux fois le nombre de personnes qui ont
cherché à partir en 2002, année qui a été marqué par un coup avorté contre le
président Hugo Chavez et une grève pétrolière qui a paralysé le pays.
Les agences
touristiques sont inondées de demandes et doivent refuser des clients parce
qu’elles n’ont plus aucun billet à vendre. Certaines personnes partent en bus
pour Lima, un voyage qui dure cinq jours. Les bus se suivent, remplis de gens
qui autrefois prenaient l’avion.
Beaucoup de
ceux qui veulent quitter le pays ne le peuvent pas. Les billets pour d'autres
centres sud-américains comme Panama ou Bogota sont difficile à trouver.
Et n’oublions
pas que les contrôles monétaires actuels signifient que les Vénézuéliens
n’ont accès qu’à un maximum de 400 dollars par an, ce qui les empêche de
payer les prix demandés par les compagnies aériennes pour l’achat de billets
sur internet.
« Presque
tous mes amis veulent partir », a expliqué Roberto Villarroel, un
étudiant universitaire de 19 ans qui voudrait pouvoir s’installer en
Argentine. « Je suis toujours à la recherche d’un billet. Les prix
n’arrêtent plus de grimper ».
Certains
Vénézuéliens, notamment les plus riches, paient n’importe quel prix pour
partir.
Rafael
Larrazabal, un homme d’affaires de 44 ans, est parvenu à trouver des billets
de première classe auprès de Delta, et les a achetés plusieurs mois à
l’avance. Lui, sa femme et ses enfants ont d’abord pris l’avion pour Atlanta,
puis pour Berlin, où ils cherchent à reconstruire leur vie.
« Quel
avenir avons-nous ici ? », a remarqué Mr. Larrazabal lorsqu’il
faisait ses adieux à sa famille. « Ce pays ne fonctionne plus. Le crime
explose. Je veux juste essayer d’en sortir en vie, et je verrais ce qui se
passe ensuite ».