In the same category

Pris en otage

IMG Auteur
Published : July 03rd, 2012
1614 words - Reading time : 4 - 6 minutes
( 0 vote, 0/5 )
Print article
  Article Comments Comment this article Rating All Articles  
0
Send
0
comment
Our Newsletter...
Category : Editorials

 

 

 

 

Excusez mon cynisme, mais le président arrogant et astucieux de la Cour Suprême qu’est John Roberts n’aurait-il pas récemment versé un peu d’huile de maïs dans le moteur au réservoir de douze trillions de dollars qu’est la dette des Etats-Unis ? Ou, pourrais-je dire (excusez une fois encore la métaphore utilisée), aurait-il tout juste offert à Obama juste assez de corde pour pouvoir se pendre ? Roberts a très certainement conscience de ce qu’il fait : il rend fous furieux des millions d’électeurs du tea party, jeunes et/ou pauvres, en cette année d’élections cruciales. La réforme Obamacare sera à partir d’aujourd’hui définie comme étant une nouvelle taxe imposée à ceux n’ayant pas les moyens de se payer une assurance maladie – en d’autres termes, une injustice grossière, gracieusement offerte par Mr. Obama.


Nous pourrions également la qualifier de pilule de cyanure. Obama ne cesse de nous chanter que c’est là l’élément clé de ses 2700 pages de projets de réforme – élément allant à l’encontre des intérêts de ceux qu’il était supposé protéger. Oubliez toutes les gentillesses au sujet du commerce inter-Etat et autres bavardages sans importance. Ce sur quoi j’aimerai me concentrer ici est l’intervention machiavélique du président de la Cour Suprême Roberts à l’aube des élections présidentielles. Il aurait aussi bien pu marquer au fer rouge les lettres T-A-X-E sur le front du président, les retombées auraient été identiques.


Bien entendu, avec ou sans réforme, le système médical des Etats-Unis demeure un système de prise d’otages. Lorsque vous tombez malade, vous faites tout ce que vous pouvez pour aller mieux, et le système le sait. Vous feriez n’importe quoi pour rester en vie, même si cela finirait par vous coûter la saisie de votre domicile ou l’arrêt de scolarisation de vos enfants. Il est bien connu que la cause principale de banqueroute personnelle aux Etats-Unis est l’impossibilité pour ceux qui ont les moyens de s’offrir une assurance maladie de rembourser leurs factures médicales. Lorsqu’une vie est en jeu et qu’une intervention d’urgence est nécessitée, il est mal vu que de demander au chirurgien quels sont ses tarifs. Ou peut-être les gens ne veulent-ils simplement pas poser la question parce que, quelque part, ils savent que la somme qu’on leur demandera de payer ne sera de toutes façons pas en phase avec la réalité du nombre d’heures travaillées et du service rendu. Il en va de même pour les services hospitaliers, qui n’ont rien à voir avec les tarifs contre lesquels ils sont échangés. C’est du racket pur et simple. Nous avons besoin d’une réforme réelle qui puisse mettre un terme aux escroqueries systématiques des docteurs, compagnies pharmaceutiques, hôpitaux et autres organismes de santé. Le problème, c’est que le gouvernement ne veuille pas réellement mettre fin à ces excès. Ce qu’il veut, c’est que le public Américain paie les frais de son propre racket.


Avant de perdre votre temps à énumérer les nombreuses idioties et injustices inhérentes aux services médicaux des Etats-Unis, dîtes-vous que leur système tout entier finira par tomber en ruine, et ce quelles que soient les décisions de la Cour Suprême et la volonté d’Obama. Le système économique des Etats-Unis est sur le point d’exploser. Leur système bancaire a été maintenu sous l’assistance respiratoire qu’est la fraude comptable depuis 2008. Leur racket artistique finira tôt ou tard par prendre fin. Viendra un jour où cette abstraction que nous appelons ‘monnaie’ se présentera à nous pour ce qu’elle vaut vraiment, à moins qu’avant cela, plus personne ne décide de lui accorder quelque importance. Sans un système bancaire stable, aucune des escroqueries organisées du système médical Américain ne pourra perdurer.


Le système médical des Etats-Unis finira, comme tout le reste, par être organisé à une échelle bien plus modeste et locale. Nous aurions beaucoup de chance si nos experts médicaux parvenaient à réorganiser un système médical et hospitalier de manière à ce qu’il ressemble à quelque chose après que la bureaucratie pernicieuse qu’est celle du racket aura été éliminée. Les compagnies d’assurances finiront par être enterrées dans le cimetière d’éléphants des institutions ratées. Espérons seulement que les médecins et leurs assistants se souviennent de se laver les mains…


Quelques notes secondaires :


Toute personne cherchant à comprendre la condition physique déplorable de la population des Etats-Unis n’a qu’à se rendre dans n’importe quel supermarché et constater l’étendue des rayons de produits sucrés que l’on aime en ce pays confondre avec de la nourriture. Au passage, cette matrice touche également à sa fin, bien que les évènements ne se déroulent pas assez rapidement en ce sens pour que nous puissions éviter une généralisation des désordres métaboliques à l’ensemble de la population. L’espérance de vie des Américains commencera bientôt à diminuer, avant que leur diminution de salaire ne vienne aggraver ce ralentissement. Même les médecins ne savent plus rien de ce qu’est la nutrition, et ne font plus d’effort pour tenter de combattre l’industrie mortelle qu’est celle de la transformation des aliments. Ceci me pousse à soulever un deuxième point :


La bureaucratisation et de la turbo-spécialisation de la médecine n’ont fait que rendre les médecins plus stupides et plus ineptes qu’ils ne l’étaient déjà. Mon expérience personnelle en est l’exemple parfait. Durant deux ans, j’ai souffert de nombreux symptômes allant de sensations d’endormissement dans les mains jusqu’à des fatigues à la limite du surnaturel. Mon ancien généraliste n’a pas jugé nécessaire d’en rechercher la cause, et est même allé jusqu’à rejeter ma demande d’examen toxicologique. J’ai donc dû devenir mon propre médecin. Pendant un moment, j’ai cru que j’avais la maladie de Lyme, maladie qui fait rage dans ma région. Je suis donc allé voir un spécialiste de la maladie de Lyme qui n’était pas pris en charge par mon assurance maladie (les compagnies d’assurance ne reconnaissent pas ses traitements ‘agressifs’ et les jugent non-standard – la raison à cela, c’est que l’établissement médical ne sait absolument rien de la maladie de Lyme).


Bref, j'ai demandé au spécialiste de la maladie de Lyme d'inclure un examen du taux de cobalt dans mon système sanguin, dans la mesure où il y a des chances que j’aie à l’époque pu souffrir d’empoisonnement au cobalt. La raison pour laquelle je lui ai demandé cela est que lors de mes recherches sur Google, je me suis aperçu que de nombreuses personnes ayant eu une prothèse de hanche métal-métal souffraient des mêmes symptômes que moi. Et je suis moi-même, depuis 2003, un porteur de prothèse de hanche métal-métal. Ces prothèses avaient autrefois été introduites parce que les orthopédistes voulaient pouvoir offrir aux patients les plus jeunes des implants à la longévité accrue. C’est alors que les mauvaises retombées technologiques sont venues botter les fesses de tout le monde, y compris les miennes.


Les résultats de mon examen sanguin ont prouvé que j’avais effectivement été victime d’un empoisonnement au cobalt (alors que mes examens pour la maladie de Lyme me sont tous parvenus comme étant négatifs). Vous serez surpris de savoir que mon spécialiste a tout de même voulu me soigner contre la maladie de Lyme… Il a ignoré mes résultats sanguins et m’a prescrit une ordonnance pour plus de 400 dollars d’antibiotiques. Il était l’une de ces personnes dont le seul outil est le marteau, et aux yeux desquelles tout ressemble à un clou. J’ai refusé sa proposition de traitement et suis allé voir mon nouveau généraliste pour lui demander de pratiquer un nouveau test sanguin, cette fois-ci pour vérifier mes taux de cobalt et de chrome (ma prothèse métal-métal est constituée d’un alliage cobalt-chrome-titane). Les résultats me sont tous deux parvenus positifs. Il semblerait que les frottements répétitifs entre les deux disques de métal n’aient cessé de répandre des ions métalliques dans mon système ces quelques neuf dernières années.


Je suis donc allé rendre visite au chirurgien qui m’avait à l’époque installé cette prothèse. Il m’a prescrit une IRM et une analyse aux rayons X, et m’est apparu comme étant assez inquiet. Il m’a ensuite envoyé voir un autre chirurgien orthopédique spécialisé dans le remplacement de mauvaises prothèses de hanche – particulièrement le remplacement de prothèses telles que la mienne, faisant aujourd’hui l’objet de l’un des plus importants litiges médicaux de l’Histoire. Les fabricants de ces prothèses sont actuellement poursuivis en justice.


J’ai bien une assurance maladie, mais je suis persuadé que j’aurais tout de même plusieurs milliers de dollars à débourser de ma poche avant que mes problèmes de santé ne soient réglés. En attendant, il faudra que je me contente d’être l’un de ces patients énervants au possible qui posent des questions à la pelle pour s’assurer qu’ils ne finiront pas handicapés, morts, ou en déambulatoire. Je suppose que je peux me considérer chanceux d’avoir mis le doigt sur l’origine de mes problèmes à temps, et que je puisse encore subir une chirurgie réparatrice. Une année ou deux plus tard, j’aurai certainement commencé à ressembler à un artisan de fonderie du XIXe siècle, à la voix rauque et au visage violacé…


Il y a de fortes chances que je sois allongé sur une table d’opération au moment où une nouvelle crise financière fera son apparition, crise qui aura cette fois-ci une magnitude si importante qu’elle aura des conséquences bien plus lourdes que l’effondrement de Lehman Brothers en 2008. J’espère que mon chirurgien et mon anesthésiste ne se mettront pas à courir tous en même temps dans la salle d’opération et à passer des coups de téléphone à leur responsable de fonds alors que je serai couché là, inerte, tel une dinde de Noël. Priez pour moi, je suis un otage du système.




Mon nouveau livre, Too Much Magic, qui est sorti aujourd’hui, traite principalement des retombées technologiques telles que celle que j’ai mentionné plus haut.


 

 

<< Previous article
Rate : Average note :0 (0 vote)
>> Next article
James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé, une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde fonctionnera de manière décentralisée et local.
WebsiteSubscribe to his services
Comments closed
Latest comment posted for this article
Be the first to comment
Add your comment
Top articles
World PM Newsflow
ALL
GOLD
SILVER
PGM & DIAMONDS
OIL & GAS
OTHER METALS
Take advantage of rising gold stocks
  • Subscribe to our weekly mining market briefing.
  • Receive our research reports on junior mining companies
    with the strongest potential
  • Free service, your email is safe
  • Limited offer, register now !
Go to website.