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L’objectivisme
est une philosophie développée par la philosophe
américaine d’origine russe, Ayn Rand.
Elle touche à cinq domaines :
·
La
métaphysique
Ayn Rand
soutient que la réalité existe indépendamment de
l’observateur. Plus concrètement, ce n’est pas parce que
je ne regarde pas la Lune qu’elle n’existe pas. Il s’agit
d’une réalité objective. La philosophe appelle ce principe
la « primauté de l’existence ».
L’esprit n’est qu’un moyen de découvrir la
réalité sans être en mesure de la créer.
·
L’épistémologie
Les individus sont en contact avec cette
réalité à travers la perception de leurs sens qui
permettent la formation de concepts suivant un processus logique inductif et
déductif. En cela, Ayn Rand rejette
profondément le scepticisme philosophique, estimant que la
vérité est atteignable pour l’homme.
·
L’éthique
L’essentiel de l’éthique
objectiviste est résumée en une phrase par Ayn
Rand : « Pour vivre, un homme doit tenir trois choses pour
valeurs suprêmes et souveraines de la vie : la Raison, le Sens et
l’Estime de soi. ». La préservation de la vie est donc la fin
ultime, puis l’homme doit ensuite rechercher son propre
intérêt rationnel. Dans un de ses ouvrages, La vertu d’égoïsme, elle écrira
d’ailleurs : « La rationalité est la vertu
fondamentale de l’homme, la source de toutes ses autres
vertus. ». Rand, parfois adepte de la vision binaire, rejette
ainsi la foi, estimant qu’elle va à l’encontre de la
raison et qu’elle conduirait l’homme à fonder son
existence sur des « chimères » issues de ses
représentations du monde et non sur des faits objectifs.
Elle prône
précisément un « égoïsme
rationnel ». En témoigne la devise martelée par le
héros de son roman-phare, La
Grève : « Je jure sur ma vie et sur mon amour pour
elle, que je ne vivrai jamais dans l’intérêt de
quelqu’un d’autre, ni ne demanderai à quelqu’un
d’autre de vivre dans le mien. ». Cela ne signifie pas pour
autant que Rand s’oppose au bénévolat et à
l’aide aux plus démunis, à condition que cela repose sur
une base volontariste.
·
La
politique
La vision politique d’Ayn Rand est étroitement liée à ses
vues éthiques. Pour la philosophe, les droits ne peuvent être
qu’individuels et, en tout cas, nullement collectifs. En ce sens, elle
tient en horreur le programme politique du Parti démocrate de 1960,
lequel faisait la part belle à ces « faux
droits ». Le droit fondamental de l’être humain est
donc le droit de vivre. Un de ses corollaires est le droit de
propriété. D’ailleurs, sans droit de propriété,
aucun autre droit n’est concevable. Seule une société
capitaliste est à même de protéger ces droits.
Inutile évidemment de préciser qu’Ayn
Rand rejette l’étatisme…
·
L’esthétique
Rand et les objectivistes voient
l’art comme une nécessité cognitive permettant aux
êtres humains d’appréhender des concepts en tant que
perceptions. Une définition assez banale en soi.
Malheureusement,
la philosophie randienne, pourtant d’essence
individualiste, déboucha sur une secte solide
où, par exemple, on alla jusqu’à distribuer un Index des
livres autorisés. De la même manière, les membres de ce
mouvement durent signer un serment de loyauté à Rand. Nathaniel
Branden, auparavant un membre important de son cercle,
devint soudainement un pestiféré et tout adepte du culte randien avait l’interdiction formelle de lire un de
ses ouvrages sous peine d’être
« excommunié ». Pire, les Randiens
n’étaient pas autorisés à se marier avec des non-randiens…
Le culte randien ressemble dangereusement au culte communiste,
tant la philosophe fondatrice semblait souhaiter, à l’instar de Marx,
l’apparition d’un « Homme nouveau ». De
même, les « purges » randiennes,
même si elles sont exemptes de violence, rappellent, en certains
aspects, les Grandes Purges staliniennes…
En ce sens,
même si le scepticisme philosophique ne doit pas être paré
de toutes les vertus méthodologiques, loin s’en faut, on ne peut
qu’appuyer les tentatives de certains disciples randiens,
tels que David
Kelley, d’« aérer » le mouvement et
cette philosophie quelque peu dogmatiques.
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