Qu’est-ce vraiment que le « racisme » ?

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Published : October 02nd, 2010
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Category : Today's Editorial

J’aimerais me pencher sur deux termes que l’Etat et ses parasites ont employés avec beaucoup de succès au service de l’accumulation de pouvoirs politiques. Le premier est le racisme. L’autre est l’égalité.

Qu’est-ce que le racisme ? Nous n’en entendons presque jamais la définition. Je doute que quiconque sache réellement de quoi il s’agit. Si vous êtes prêt à contester mon opinion, demandez-vous pourquoi, si le racisme est vraiment quelque chose de clair et déterminé, tant de désaccords persistent quant à quels comportements sont racistes et lesquels ne le sont pas ?

Une personne ordinaire décrirait certainement le racisme comme la définition que donne Murray N. Rothbard à l’antisémitisme, un sentiment qui implique de la haine ou une intention de perpétrer des actes de violences envers le groupe détesté :

« Il me semble qu’il y ait seulement deux définitions défendables de l’antisémitisme : la première se concentre sur l’état mental subjectif de la personne, et l’autre se concentre « objectivement » sur les actions qu’elle entreprend ou les politiques auxquelles elle adhère. La première définition de l’antisémitisme est simple et conclusive : une haine envers les Juifs…

Comment, autrement qu’en étant l’ami d’une personne ou son psychologue, pouvons-nous savoir ce qui se cache dans son cœur ? Peut-être que la question centrale n’est pas l’état d’esprit d’une personne, mais quelque chose qui peut être observé par ceux qui ne la connaissent pas personnellement. Dans ce cas, concentrons-nous sur l’objectif plutôt que sur le subjectif, c’est-à-dire sur les actions de la personne. Ainsi, la seule définition rationnelle d’un antisémite est une personne qui demande à ce que des difficultés politiques, sociales, légales et économiques soient imposées aux Juifs (ou qui participe à leur établissement). »

Voilà qui semble raisonnable : 1) une personne est raciste si elle éprouve de la haine envers un groupe racial particulier, mais 2), puisque nous ne pouvons pas lire dans l’esprit des gens, et puisqu’accuser les gens de détester un groupe racial est une question sérieuse, plutôt que d’essayer de lire les esprits d’un suspect, il nous faut déterminer s’il défend un traitement spécial contre le groupe en question.

Revenons-en à Rothbard :

« Mais suis-je là en train de dire que l’antisémitisme n’existe pas ? Certainement pas. Selon sa définition la plus subjective, par la nature même de la situation, je ne connais aucun antisémite. Du point de vue objectif, qui permet aux observateurs d’avoir plus d’aperçu, et en laissant de côté les antisémites évidents du passé, il existe aux Etats-Unis des antisémites modernes : des groupes tels que le mouvement d’identité chrétienne, ou de résistance aryenne, ou encore l’auteur du roman Turner’s Diaries. Mais ce sont là des groupes marginaux, me dîtes-vous, des groupes qui ne valent pas que l’on s’en inquiète. C’est justement à cela que j’essaie d’en venir ».

D’autre part, peut-être qu’un raciste est une personne qui pense que des groupes d’individus qui lui sont différents tendent à avoir des caractéristiques communes, bien qu’il soit conscient que les individus sont tous uniques. Qu’il s’agisse de la structure familiale, d’un penchant pour l’alcoolisme, d’une réputation de travailleur ou d’autres qualités des plus diverses, Thomas Sowell a assemblé de nombreuses études prouvant que ces traits ne sont pas distribués de manière égale au travers des populations.

Les Chinois ont par exemple tout autour du monde une réputation de travailleurs acharnés, qui n’ont pas peur d’accomplir leurs tâches dans des conditions particulièrement difficiles. A dire vrai, c’est une des raisons pour lesquelles les syndicats du travail américains n’appréciaient pas les travailleurs chinois du XIXe siècle. Au XXe siècle, la minorité chinoise dominait certains secteurs de l’économie de Malaisie bien qu’ils aient été l’objet de discriminations dans la constitution malaise, et gagnaient en moyenne deux fois plus que le Malais moyen. Ils étaient propriétaires d’une vaste majorité de moulins à riz en Thaïlande et aux Philippines. Ils conduisaient plus de 70% de la vente de détail en Thaïlande, en Indonésie, au Cambodge, aux Philippines et en Malaisie.

Nous pourrions en dire de même des Arméniens des diverses régions du monde, ou encore des Juifs et des Indiens orientaux. Les Américano-japonais ont commencé par subir tant de discriminations qu’on les a confiné dans des camps pendant la deuxième guerre mondiale. Ils ont commencé à rivaliser avec les Blancs en matière de salaires dès 1959, et les ont excédés à hauteur d’un tiers dix ans plus tard.

Il en va de même pour les Allemands, dont la réputation et les accomplissements en matière de produits industriels et de technologie sont évidents non seulement en Allemagne mais aussi parmi les communautés allemandes aux Etats-Unis, au Brésil, en Australie, en République Tchèque et au Chili. Ils ont eu en Irlande des exploitations plus prospères que celles des irlandais au XVIIIe siècle, plus prospères que celles des Russes en Russie, que celles des Brésiliens au Brésil, et que celles des Chiliens au Chili.

Les Juifs ont un salaire moyen plus élevé que celui des Hispaniques aux Etats-Unis, ce qui, nous dit-on, est une conséquence de la discrimination. Vraiment ? Comme le dit Sowell, comment pouvons-nous expliquer que les Juifs gagnent plus que les Hispaniques dans les pays hispaniques ?

Selon les lois ineptes qui régissent la société américaine, Sowell, étant lui-même Noir, est autorisé à discuter ce phénomène, alors que le reste d’entre nous se trouverait critiqué et verrait sa carrière et sa réputation brisée s’il osait mentionner ce sujet interdit.

Afin de ne pas être qualifié de raciste, nous devons donc prendre le moins de risques possibles en prétendant croire aux points suivants :

-les disparités salariales entre les groupes sont entièrement explicables par la discrimination,

-si un groupe racial est « sous-représenté » au sein d’une profession particulière, la cause en est certainement le racisme,

-si des élèves appartenant à une minorité ethnique sont disciplinés de manière disproportionnée à l’école, la cause doit en être le racisme, même quand les professeurs impliqués appartiennent au même groupe racial,

-si des résultats de tests – à l’école comme dans le secteur privé – diffèrent en fonction des groupes raciaux, ces tests sont racialement injustes, même si les questions présentent une grande disparité en matière de contenu culturel.

Aucun de ces points n’est défendable, mais chacun d’entre eux doit être accepté. Les sceptiques sont bien entendu « racistes ».

Les opinions suivantes ont toutes été déclarées comme étant racistes à un moment ou à un autre, par une source ou par une autre :

-la discrimination positive n’est pas désirable,

-les lois contre la discrimination sont une violation des droits de propriété et de la liberté des contrats,

- Brown v. Board of Education était basé sur un raisonnement erroné,

-l’ampleur du racisme aux Etats-Unis est exagérée.

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles une personne pourrait soutenir de tels propos. Mais puisque, selon les sites populaires de gauche comme Daily Kos, ThinkProgress et Media Matters, il est raciste de penser ainsi, les arguments présentés importent peu. Vous êtes raciste. Protestez tant que vous voudrez, vous continuerez d’être ridiculisé. Vous pourrez prétendre que vous avez des raisons logiques et fondées, vos excuses ne seront qu’un miroir de fumée pour dissimuler votre racisme. La seule manière que vous avez de les satisfaire est d’abandonner vos idées (et ils continueront toutefois de douter de votre sincérité), même si vous continuez de les croire fondées.

Les accusations de racisme impliquent donc bien souvent une forme de lecture de pensée – par exemple, si telle personne dit s’opposer aux lois contre la discrimination pour un quelconque principe, ce doit être qu’elle est raciste.

Voir des libertaires, qui devraient savoir de quoi ils parlent, participer à cette forme de contrôle de la pensée, ou prétendre que la question de la liberté concerne leur propre liberté d’agir en idiot, est on-ne-peut-plus malheureux. L’Etat utilise le racisme pour justifier sa mainmise sur l’éducation, l’emploi, la redistribution de richesses et beaucoup d’autres choses. Il réduit au silence les critiques de la violence de l’Etat par sa magie, par un mot jamais défini, par des accusations que ses critiques doivent passer le reste de leur vie à démentir, seulement pour découvrir que leur situation ne pourra pas changer tant qu’ils ne répudieront pas leur philosophie toute entière.

S’ils tentent de se défendre en disant avoir des amis proches issus du groupe ethnique qu’ils sont dits haïr, on les ridiculise davantage. Voici ce qu’en dit Rothbard :

« J'aimerais souligner un autre point : tout au long de ma vie, j’ai entendu des antisémites ricaner au nez de païens qui, pour se défendre face à des accusations d’antisémitisme, ont décrété que certains de leurs amis étaient des Juifs. C’est une phrase qui fait toujours ricaner, comme si la tourner au ridicule suffisait à réfuter l’argument qu’elle présente. Mais il me semble que le ridicule est utilisé ici parce que cet argument est acceptable. Si certains des amis de Mr. X sont des Juifs, n’est-il pas absurde et contradictoire de le qualifier d’antisémite ? »

Difficile d’argumenter contre Rothbard sur ce point. Si une personne est accusée de ne pas aimer la viande de bœuf, mais que cette personne peut prouver aimer les hamburgers et la goulash, les accusations portées contre elles ne sont-elles pas automatiquement réfutées ?

Je ne connais personne qui éprouve de la haine envers un groupe tout entier, et ceux pour qui c’est le cas sont si peu nombreux que leurs organisations sont similaires à celles de lunatiques et d’informateurs du FBI. Je ne connais personne qui préconise l’usage de la violence à l’encontre d’un groupe particulier.

Nous devrions tous traiter les autres avec justesse et avec respect. Toute personne décente voit les choses de cette manière. Mais comment et pourquoi la question d’égalité entre-t-elle en jeu, autrement que dans le sens évident et libertaire que nous devrions tous éviter de s’agresser les uns les autres ?

L’Etat n’aime rien plus qu’il n’aime la guerre contre les drogues, contre le terrorisme, contre la pauvreté ou contre l’inégalité. L’Etat aime l’égalité en tant que principe organisateur, parce qu’elle ne peut jamais être achevée. En essayant de parvenir à l’égalité, l’Etat accumule du pouvoir au travers de ses pratiques et de ses institutions. Ceux qui remettent en cause l’objectif de l’égalité sont exclus de la société polie. C’est un racket, dans lequel les libertaires n’ont rien à faire.

Si c’était l’égalité matérielle que nous voulions, elle disparaîtrait à la seconde où elle se matérialiserait, dès que les gens reprendraient leurs habitudes de dépenses et que les biens et services offerts par certains se verraient accorder plus de valeur que ceux offerts par d’autres. Si c’était en revanche l’égalité d’opportunités que nous recherchions, alors il nous faudrait abolir la famille, chose qu’ont contemplé tant de gouvernements socialistes, puisque les conditions familiales jouent un rôle si important dans le développement des enfants.

Je m’oppose bien évidemment à l’inégalité qui naît du privilège dont jouissent certaines personnes et certains groupes. Mais le véritable problème n’est pas l’inégalité en elle-même. Il est la justice et la propriété privée.

Même le vieux dicton selon lequel nous sommes tous égaux dans les yeux de Dieu n’est pas tout à fait correct. Erik von Kuehnelt-Leddihn, Catholique et libéral classique, a noté que Judas, qui a trahit le Christ, n’était en rien l’égal des autres disciples, et que l’origine de l’égalité n’est en fait que le désir de Lucifer d’être l’égal du Christ. Voici son avis :

« L’égalitarisme, sous les meilleures circonstances, devient une hypocrisie. S’il est sincèrement accepté, il représente une menace plus grande encore. Alors, toutes les inégalités apparaissent sans exception comme étant injustes, immorales, intolérables. En naissent la haine, le malheur et un mal-ajustement général. La situation se trouve aggravée par les efforts mis en place pour établir l’égalité au travers d’un processus de nivellement artificiel, qui ne peut être appliqué que par la force, la terreur ou au travers de restrictions. La conséquence en est une perte totale de liberté. »

Si nous voulons être libres, nous devons délaisser l’Etat, ses méthodes et son langage.

 

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