« Avez-vous perdu la
raison ?, » a rétorqué Vladimir Poutine à une pique de Megyn Kelly
quant à la supposée perfidie de la Russie envers les Etats-Unis, lancée à
l’occasion de l’interview qui a marqué le début de sa nouvelle émission
Sunday Night sur CNN. Notre bon vieux Vlad a certainement mis le doigt là où
ça fait mal. Son opinion quant à ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis
n’est pas sans rappeler le Martien proverbial qui observe ce à quoi nous,
étranges terriens, nous affairons chaque jour, frottant ses antennes et
cliquetant son bec d’allégresse.
Une question à laquelle il
aurait été correct de répondre « Oui, absolument ». Le lent
effondrement économique, et les efforts des différentes branches du Deep
State qui s’échinent à faire avaler à la tête collective du public ses mêmes
arguments réchauffés, a rendu folle la sphère politique. Chose qui est rendue
évidente par la pagaille qu’est devenue la politique américaine, avec Trump
et tout le reste. Je m’attends à ce que le New
York Times publie d’un moment à l’autre un gros titre de trois
lignes à la La Russie est raciste, Misogyne et Islamophobe pour
venir enfin réunir la paranoïa programmée de l’alliance néoconservatrice/démocrate
progressiste et l’esprit de corps de la Garde rouge.
Monsieur Poutine n’aura pas à
lever le petit doigt pour faire détonner la barge à ordures grinçante que
sont devenues les affaires domestiques des Etats-Unis. Nous sommes déjà bien
en chemin vers une espèce toute particulière de guerre civile. Soyez certain
que l’axe néoconservateur/démocrate progressiste est déterminé à se
débarrasser de Trump à tout prix. Une destitution implique cependant un crime
ou délit significatif. Et après près d’un an, ses adversaires ne sont
toujours pas parvenus à présenter une seule preuve valable de la complicité
du Grand Golem à la toison d’or avec la Russie. Il faut dire que ce soit en
soi quelque peu suspicieux, au vu des milliers de greffiers qui travaillent
d’arrache-pied dans les dix-sept centres de services secrets du gouvernement.
Comment ont-ils pu échouer à obtenir ne serait-ce qu’une seule vidéo de
Donald Trump et Vladimir Poutine suant ensemble dans une bania
moscovite ?
D’ici à ce qu’ils en dénichent
une, Trump restera où il est, l’éléphant fou de la horde républicaine, faisant
s’écraser majestueusement sa trompe contre tout ce qui lui semble cassable
dans le magasin de porcelaine de la politique, et barrissant sans cesse
« Covfefe ! Covfefe ! » La semaine dernière, il y a eu
les accords de Paris. En guise de réaction, les éditorialistes du monde sont
grimpés aux rideaux de leurs cellules capitonnées virtuelles. Paul Krugman a
dû être traîné jusqu’en cure d’hydrothérapie après avoir mis le feu à ses
propres cheveux. Et Rachel Maddow a failli s’exploser la carotide à hurler
comme elle l’a fait.
Je suis un peu plus optimiste
quant au retrait des Etats-Unis. Pour moi, les accords de Paris n’étaient
qu’un autre coup publicitaire qui a permis aux politiciens de prétendre
pouvoir contrôler des forces déjà hors-de-contrôle, un projet international
futile de lavage de mains collectif. L’effondrement économique à venir fera
s’effondrer l’activité industrielle globale que cela nous plaise ou non, et
peu importe les prétendus de bonnes intentions – après quoi nous aurons des
problèmes bien plus pratiques de la vie de tous les jours auxquels nous
frotter.
Bien évidemment, Trump ne peut
possiblement pas voir la situation sous cet angle, au vu de son désir de
repeupler les Etats-Unis d’usines fumantes et de joyeux travailleurs
parcourant les routes des Etats-Unis dans leur Chevrolet venu le weekend.
Cette fantaisie finira par s’effacer à mesure que son incapacité à aboutir à
quoi que ce soit deviendra manifeste et évidente. Quand les
« déplorables » verront leurs espoirs disparaître, ils commenceront
à semer la zizanie sans même que Trump ne les y ait encouragés. Ils se
lanceront dans une bataille acharnée contre le mouvement Black Lives Matter
et les autres guerriers de la justice sociale qui constituent l’avant-garde
des progressistes. Il y aura du sang.
Oui, Mr. P, les Etats-Unis ont
perdu la raison. Nous nous sommes laissés emportés dans douloureux spectacle de
mélodrames et de causes perdues, et avons provoqué une nausée globale qui
pourra ultimement nous être plus fatale encore que le réchauffement de la
température et la fonte des glaces. La Russie, il faut le reconnaître, quoi
que vous pensiez d’elle, a au moins quelque respect pour sa propre survie.
Les Etats-Unis ont un penchant pour l’autodestruction.