Pourquoi nous soucier de la
Russie si même notre grand Twitteur-en-chef s’en prend à sa propre présidence
pour ne plus la faire paraître que pour une mauvaise blague ? Ou du
moins elle pourrait passer pour une blague si les Etats-Unis ne
représentaient pas une telle menace pour l’ordre international. Chose
intéressante, le 25e amendement autorise la destitution du
président au pouvoir si ce dernier se trouve être incompétent ou invalidé,
mais pas s’il fait simplement honte à sa nation.
Il se pourrait toutefois que ses
adversaires aient recours au 25e amendement contre lui, notamment
au vu de l’état de délabrement du système financier, parce que contrairement
à ce qui s’est passé en 2008-09, les banques centrales ne pourront plus
intervenir pour sauver le système monétaire en faillite de neuf années
d’interventions précédentes. Une convulsion des flux de liquidité suffira à
tout faire se renverser, et il n’y aura soudainement plus rien à manger dans
les rayons des supermarchés, parce que notre économie est aujourd’hui
équilibrée sur le principe de rémunération… quand celle-ci
disparaîtra, tout le reste suivra.
Une question se pose ici :
n’est-il pas possible de relancer le flux de liquidités ? Pas quand ce
processus nécessite un autre tour de magie pour créer X trillions de dollars
supplémentaires à partir de rien du tout, après que les X trillions de
dollars déjà créés à partir de rien nous ont forcés à grande vitesse vers le
trou noir du désendettement, parce qu’il aura été découvert que les prêts sur
lesquels ils étaient basés ne pourront jamais être remboursés. En d’autres
termes, ces trillions n’ont aucune valeur.
Désendettement est le terme poli employé par les
économistes pour désigner l’évaporation rapide de votre valeur nette. Liquidité
est celui qu’ils emploient pour désigner les espèces et tout ce qui est
libellé en espèces et susceptible d’être converti en espèces. Ce qui ne va
pas avec une résolution du problème par une nouvelle vague de création
monétaire est que cette solution mène très rapidement à un effondrement total
de la valeur de la monnaie.
Un aperçu de ce qui nous attend
peut aujourd’hui être aperçu dans l’Illinois – qui sera bientôt rejoint par
le Connecticut, la Californie, le Kentucky et bien d’autres Etats en
banqueroute. L’Illinois est en faillite. Il ne peut plus payer les
contractuels qui réparent ses routes et ses canalisations, et livrent de la
nourriture à ses prisonniers. Il fait face à plus de 200 milliards de dollars
d’engagements de retraite qui ne seront jamais versés. Son système Medicaid
est en ruines. Il n’a même pas les sous pour payer les gagnants de la loterie
(qu’est-il arrivé à ce qu’ont payé les perdants pour participer, et qui
devait composer la cagnotte des gagnants ?). Le corps législatif n’a
plus approuvé de budget depuis trois ans.
Le gouverneur et le maire de
Chicago, et tous les autres élus, ne savent pas quoi faire pour surmonter le
problème. Pensez-vous que le gouvernement fédéral interviendra pour rétablir
la situation ? Il devrait alors venir en aide à tous les autres Etats en
difficulté, et ce ne sera pas une option, parce qu’il commence lui-même à
manquer d’argent, et que le problème du plafond de sa dette pourrait ne pas
lui permettre d’emprunter plus d’argent au travers de l’émission de nouveaux
bons du Trésor, instantanément absorbés par la Réserve fédérale – qui, bien
évidemment, n’est pas une agence officielle du gouvernement mais un
consortium bancaire privé chargé de gérer l’argent de la nation.
Commencez-vous à apercevoir le
pourtour de la catastrophe qui se lève telle une mauvaise lune sur la saison
des récoltes de 2017 ? Le peuple américain n’a pas plus idée de la
fausseté et de la fragilité des arrangements financiers de sa nation qu’un
enfant de huit ans de la raison pour laquelle des huissiers ont emmené la
Ford F150 de papa. Nous continuons de faire ce que nous avons toujours
fait : profiter de l’été. Taper dans la salade de pommes de terre et
dans le pack de bières – du moins ceux d’entre nous qui ont encore assez sur
leur MasterCard pour se les payer.
Beaucoup d’Américains ont
atteint les limites de leur crédit, même ceux qui avaient l’habitude de
travailler et d’être payés pour leur labeur. Tous sont devenus leur propre
Illinois, et tous font face chaque jour à toujours plus de problèmes, plus de
factures qu’ils ne peuvent pas payer, et moins de jours qui restent avant
qu’ils n’aient plus rien, pas même le toit au-dessus de leur tête, et encore
moins la foi en la justesse et la décence de leur société.
Et quand il ne leur restera plus
rien, je me demande ce qu’ils feront avec leur grand Twitteur-en-chef à la
Maison blanche. Les tensions s’accumulent, et il ne nous sera bientôt plus
possible d’agir en nation de parfaits idiots. Ce qu’il y a de plus triste,
c’est que ce n’aura même pas été drôle tant que ça aura duré.