Il est inutile
de s’appesantir longuement sur les causes de la crise financière
qui continue de frapper durement l’Occident.
On
connaît les effets néfastes de la « planche à
billets » qui consiste en une création monétaire
incontrôlée par les banques centrales. Une telle politique ne
peut que conduire à une hyperinflation. De nombreux États
l’ont compris, surtout en Europe.
Ainsi, la
Constitution allemande a fini par interdire cette pratique lorsqu’elle
vise à satisfaire les besoins publics. Idem pour le Traité
communautaire de Lisbonne. De même, l’un des objectifs
fondamentaux de la Banque centrale européenne était le maintien
de la stabilité des prix, à savoir la maîtrise de
l’inflation desdits prix.
Malheureusement,
les règles juridiques intangibles, que les citoyens croient
naïvement gravées dans le marbre, subissent toujours des entorses
lorsque les gouvernants invoquent des raisons impérieuses, comme le
serait la crise économique actuelle.
Ainsi, la Banque
centrale européenne a dérogé à cette interdiction
le 10 mai 2010. La monnaie de base émise par la BCE a augmenté
en quatre ans de près de 850 milliards d’euros, soit un
quasi-doublement de ladite monnaie. Et son gouverneur actuel a
récemment annoncé la couleur : il rachètera sans
limite la dette des États, ce qui s’apparente à une
création monétaire. La BCE renoncerait
même à se faire rembourser…
Jusqu’à
présent, les banques privées redéposaient l’argent
créé auprès des banques centrales, ce qui permettait une
hausse raisonnable du niveau général des prix. Mais si elles ne
le font plus, l’hyperinflation va
bientôt guetter l’Europe !
Quant aux dirigeants
américains, ils s’embarrassent moins de principes dont ils
savent pertinemment qu’ils ne les respecteront pas. La création
monétaire y est plus aisée et a fonctionné à
plein après la crise des subprimes, et ce,
alors que c’est précisément l’inondation
monétaire qui a conduit à la crise…
Rappelons, en
effet, que, suite au 11 septembre 2001, le gouvernement américain a cru
bon
de relancer une politique d’« argent à bon
marché », déjà très en vogue dans le
récent passé du pays, dans le but d’améliorer la
confiance des citoyens, ébranlés par les attentats terroristes.
Ce
système est fondé sur une dangereuse illusion, les banques
privées croyant pouvoir se reposer éternellement sur les
liquidités illimitées fournies par la banque centrale. Et, de
l’autre côté, les États poursuivent allègrement
une politique budgétaire irresponsable.
Ce
système a été très critiqué et
pointé du doigt par nombre de personnes en ce qu’il donne
l’impression de favoriser les banques au détriment de la
population.
De plus, la
croissance n’est plus au rendez-vous et, malgré cette
« escroquerie » monétaire, la situation des
finances publiques en Occident demeure très préoccupante.
Qui plus est,
Ben Bernanke ne semble pas vouloir changer une
méthode qui perd : un énième plan monétaire
de 40 milliards de dollars par mois, sous forme de rachat de titres de la
dette hypothécaire de basse qualité, vient d’être
décidé. Ce plan ne fera qu’aggraver les risques
d’un emballement des prix.
Les critiques
sont donc de plus en plus fortes et – chose intéressante –
elles proviennent aujourd’hui du cœur même du
système : le président de la Fed de Philadelphie, Charles Plosser, vient de s’alarmer
à propos des conséquences de ces liquidités excessives
sur l’économie américaine. Il craint un « remake »
de la crise bancaire des années 1930 durant laquelle le président
Roosevelt avait ouvert toutes grandes les vannes monétaires avant d’être
obligé de revenir en arrière suite aux conséquences
désastreuses d’une telle politique.
Espérons
que cette critique bienvenue de Plosser fasse
désormais boule de neige…
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