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Quand on aime on ne compte pas

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Published : November 08th, 2012
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Category : Editorials

 

 

 

 

Tepco vient d’avancer la somme de 10.000 milliards de yen (soit 100 milliards d’euros), le double de l’estimation initiale, pour couvrir le coût de la catastrophe de Fukushima ; un montant qui doit également couvrir le coût des compensations versées à un million et demi de victimes. C’est via la réévaluation de cette estimation que des mises en cause inévitables s’engagent du bout des lèvres au Japon. Le scénario du démantèlement est-il tenable ? Quelle va être l’étendue réelle des zones à décontaminer afin de permettre le retour des évacués ? Les questions ne sont pas encore explicitement formulées, mais le terrain est préparé.


« Nous devons discuter avec le gouvernement des besoins selon plusieurs scénarios », a reconnu le nouveau président de Tepco, Kazuhiko Shimokobe, sans toutefois aller jusqu’à les décrire. Parmi les raisons justifiant cette réévaluation financière, il a cité le coût du retrait du combustible fondu (les coriums) ainsi que du démantèlement de la centrale, ou bien celui de la construction de sites de stockage des détritus contaminés qui en proviendront. L’avenir qui sera réservé aux deux réacteurs épargnés de la centrale, ainsi qu’aux quatre de sa sœur de Fukushima Daini, n’est pas non plus sans incidences financières, qui devront à leur tour être chiffrées.


Et encore, il ne s’agit là que des coûts directs ! D’évidence, ils ne pourront pas être supportés par l’entreprise, même nationalisée, ce qui impliquera le soutien massif d’un État déjà surendetté. Les coûts indirects ne sont pas chiffrables, impliquant la production d’énergie de substitution et l’importation de gaz et de pétrole pour faire tourner les centrales thermiques, dans le contexte d’un plan très flou d’abandon progressif de l’électronucléaire. Les effets sur l’industrie, le commerce et le tourisme sont également incommensurables.


Tepco va créer un centre de recherche afin de concevoir les technologies susceptibles de réaliser un programme qui devra donc être revu, reposant sur des effets d’annonce dépassés. Non seulement en raison de ses implications financières, mais aussi de sa faisabilité. Les travaux de décontamination déjà effectués dans l’improvisation dans la région de Fukushima suggèrent l’étendue des problèmes posés si l’on ne se contente pas de solutions de fortune, qui au mieux déplacent les problèmes et au pire pourraient les aggraver.


Les deux chantiers du démantèlement et de la décontamination des sols ne s’attaquent pas à la pollution radioactive de la mer, alors que les mauvaises surprises se multiplient à propos de la contamination de la ressource halieutique : il est découvert que les poissons se déplacent ! Enfin, la contamination des sous-sols de la centrale et des nappes phréatiques est encore loin d’avoir levé tous ses mystères.


L’équation économique de l’électronucléaire prend une toute autre tournure quand arrive le moment où est présentée l’addition de ses faux-frais. La création de pools d’assureurs et de réassureurs ne suffisant pas, étant donné l’ampleur du risque à couvrir, un dispositif a en Europe été prévu par la Convention de Paris qui attend sa ratification : les États prendront le relais financier une fois les plafonds d’indemnisation prévus atteints, un troisième étage reposant enfin sur la solidarité des pays adhérents à la Convention de Bruxelles.


————


FUKUSHIMA, LA FATALITÉ NUCLÉAIRE vient de paraître aux éditions « Osez la République sociale ! » [148 pages - 11 euros.] Vente en ligne ici


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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On peut prévoir toutes les solidarités que l'on veut, à tous les étages...
quand la facture est trop grosse pour l'ensemble de la Société, c'est la fin.
La fin d'une civilisation, la fin des territoires et la fin des individus.

Tout ça pour avoir chauffé des passoires thermiques, éclairé des autoroutes ou fait circuler des trains vides pendant une toute petite poignée d'années. Merci les baby-boomers! Vos ancêtres comme vos descendants vous félicitent de tout coeur !
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On peut prévoir toutes les solidarités que l'on veut, à tous les étages... quand la facture est trop grosse pour l'ensemble de la Société, c'est la fin. La fin d'une civilisation, la fin des territoires et la fin des individus. Tout ça pour avoir chauff  Read more
Rüss65 - 11/8/2012 at 12:03 PM GMT
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