Les
ministres des finances européens sont parvenus dans la nuit à
conclure un accord a minima, qui nécessite comme à
l’accoutumée un décryptage en raison de ses zones
d’ombre. Ils ont effectué un train de nominations à la
BCE et au MES reposant sur la reconduction provisoire de Jean-Claude Juncker
à leur tête, faute d’autre solution. Puis ils sont
parvenus à « un accord politique » (entendez : dans ses
grandes lignes) à propos du seul cas de l’Espagne, qui doit
encore être totalement bouclé pour adoption le 20 juillet
prochain.
Une
année de plus est donnée au gouvernement espagnol pour
réduire son déficit et revenir dans les clous, ce qui
entérine le dérapage en cours et s’appuie sur les
nouvelles mesures d’austérité que Mariano Rajoy va annoncer cette semaine. Seraient dans les tuyaux
une hausse de la TVA, la réduction des remboursements de la
sécurité sociale, la diminution des allocations chômage
et une refonte de la grille de calcul des retraites. Le programme a
été présenté en avant-première par le
ministre espagnol des finances, Luis de Guindos.
Une
tranche de 30 milliards d’euros a été puisée dans
l’enveloppe de 100 milliards précédemment annoncée
afin que le Fonds de stabilité financière puisse soulager les
banques au cas par cas. Les seules contreparties envisagées –
qui demandent à être précisées – concernent
le seul secteur financier, puisque les coupes budgétaires sont faites
par le gouvernement sans que rien ne lui soit formellement demandé,
une petite gracieuseté.
Ces
premiers versements, qui devraient intervenir à la fin du mois, seront
transférés via le gouvernement et comptabilisés dans son
déficit, ce qui relativise la rallonge d’un an accordée
pour diminuer le déficit… Un rideau de fumée obscurcit la
question des garanties apportées ou non par les États aux aides
futures des banques par le MES. Si cette qualification ne peut pas être
formellement appliquée au dispositif qui se dessine, on comprend que
l’aide serait remboursée en priorité par le gouvernement,
ce qui revient au même. Celui-ci, qui avait refusé la
création d’une bad bank afin d’accueillir les actifs
dépréciés des banques bénéficiant
d’une aide européenne, devrait mettre sur pied une structure ayant
le même but sans en porter le nom, ce qui revient à lui faire
supporter le poids de nouvelles pertes qui seraient constatées.
À
l’arrivée, le lien étroit entre dette publique et dette
privée ne sort pas spécialement desserré
de ces dispositions, contrairement aux volontés affichées !
Les
autres questions en suspens, la Grèce, Chypre et l’architecture
de l’union bancaire, attendront. Soit la prochaine réunion du 20
juillet, à l’ordre du jour déjà surchargé,
soit pour le dernier point le mois de septembre, à charge pour la
Commission européenne de fournir pour cette date un rapport
circonstancié… Le sujet est décrit comme très
compliqué par Wolfgang Schäuble,
prétexte habituel pour ne pas avancer.
Et
l’Italie dans tout cela, où la situation se
détériore rapidement ? Le cas est réservé pour de
nouvelles improvisations.
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre, Les
CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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