Une
hausse de 10.000% en six mois ? Les graphiques ci-dessous illustrent
parfaitement la folie de notre temps.
« Un mot, une question :
Ethereum, » m’a dit un membre de mon club de natation dimanche dernier. « Qu’en
penses-tu ? Les prix ont été multipliés par dix depuis janvier. »
La valeur de la crypto-devise a, en effet, été multipliée par dix au cours
des quatre mois qui ont suivi le 16 janvier.
Mais sa hausse a été bien plus
importante que ça. A la fin de l’année 2015, la crypto-devise valait 0,90
dollar. A l’heure où j’écris ces lignes, elle en vaut 91,30. Ceux qui ont
acheté à la fin 2015 ont vu leur actif multiplié par dix avant le 16 janvier
2017. Ceux qui ont acheté le 16 janvier dernier ont vu leur actif multiplié
par dix. Mais ceux qui ont intégré le marché dès le début pour ne plus en
sortir ont vu leur actif multiplié par cent. Pour les adeptes de pourcentages,
c’est une hausse de 10.000%.
Le graphique ci-dessous
représente ce miracle financier (via WorldCoinIndex ):
De quel actif miracle s’agit-il
ici ? Ne me le demandez même pas. Contentez-vous de le croire. Il ne s’agit
certes pas d’une devise utilisable à des fins légitimes, compte tenu de son
niveau d’instabilité. Mais qu’importe de quoi il s’agit, tant que les valeurs
continuent de grimper.
En termes de capitalisation
boursière, Ethereum est désormais la deuxième plus grosse crypto-devise, avec
8,4 milliards de dollars.
La plus importante est Bitcoin,
avec une capitalisation boursière de près de 30 milliards de dollars.
Bitcoin, c’est le grand-père de toutes les autres crypto-devises. La valeur d’un
seul Bitcoin, qui s’élevait à 1.789 dollars dimanche, est 46% plus élevée que
le prix d’une once d’or. Au mois de mai 2015, Bitcoin s’affichait à 240
dollars. Au cours des deux années qui ont suivi la crypto-devise a grimpé de
645% (via WorldCoinIndex
):
En troisième position en termes
de capitalisation boursière se trouve Ripple, qui s’échange désormais pour
0,215 dollar. Il en existe énormément, qui, combinés, représentent un total
de 7,3 milliards de dollars. Ripple valait 0,006 dollar en février dernier.
Au cours de ces onze dernières semaines, la crypto-devise a gagné 3.542% ou,
pour reprendre les mots de mon ami, a été multipliée par 35 en onze semaines.
En voici la représentation graphique (via WorldCoinIndex) :
Ce n’est pas une mauvaise
blague. Ce jeu se joue avec du vrai argent. Et les derniers arrivés en
souffriront le plus.
Il existe aujourd’hui plus de
830 devises alternatives, comme on appelle les alternatives à la
crypto-devise Bitcoin. De nouvelles apparaissent sans cesse. La
capitalisation boursière de toutes ces crypto-devises, selon le Financial
Times, a dépassé la barre des 50 milliards de dollars. Ce n’est pas rien.
Mais comme l’explique le FT, ce
scénario miraculeux implique quelques problèmes :
Une hausse des ICO (Initial coin
offerings) – l’émission non-règlementée de crypto-devises qui permet aux
investisseurs de lever des fonds sur Bitcoin ou d’autres crypto-devises –
alimente le marché et attire l’attention des avocats et des professionnels de
la finance.
Beaucoup craignent que ces ICO,
qui tentent de se présenter comme une alternative aux investisseurs en
capital-risque pour permettre aux entreprises de lever des financements, violent
les lois actuelles sur les valeurs mobilières.
« Un ICO émet des
crypto-devises plutôt que des actions ou obligations, mais ce détail n’est d’aucune
importance pour la substance de l’activité, qui est de lever des fonds tirés
du public, » explique Ajit Tripathi, directeur de technologie financière
chez PwC. « Les activités de levée de capital doivent être règlementées
pour protéger les investisseurs… La question étant maintenant de connaître le
niveau de sophistication de ces investisseurs. »
Bon nombre d’entre eux ne sont
pas ce que nous pourrions qualifier de sophistiqués. D’autres, en revanche,
le sont, maintenant que les sommes impliquées sont devenues intéressantes à
leurs yeux. Pour citer le FT :
Selon les observateurs du
marché, de nombreux individus échangent leurs crypto-devises depuis le
département informatique de leur entreprise du secteur financier, et
échappent au contrôle de leurs directeurs. Beaucoup sont assis sur de
véritables fortunes virtuelles qu’ils sont incapables de liquider en raison
des mesures établies par les banques contre le blanchiment d’argent.
« Des systèmes sont
utilisés ici par des employés pour accroître leur capital personnel. Les
systèmes des corporations entrent en contact avec la périphérie du monde criminel, »
explique Brian Lord, ancien directeur des opérations de lutte contre la
cybercriminalité pour l’agence d’espionnage électronique britannique, le GCHQ,
qui travaille aujourd’hui pour le groupe PGI.
Les négociants les plus sophistiqués
– dont les fonds de couverture et autres – sont impliqués non pas pour des
raisons économiques, mais parce que, comme le montrent les graphiques
ci-dessus, si suffisamment de capital est impliqué, ces crypto-devises
peuvent rapidement flamber. Et si suffisamment de nouveaux investisseurs
peuvent être attirés par la bulle, alors les plus gros pourront en sortir…
une fois qu’ils auront trouvé un moyen de contourner les mesures
anti-blanchiment d’argent des banques.
La SEC et autres agences de
règlementation ont jusqu’à présent choisi de ne rien voir, comme c’est dans
leur habitude. Quand il sera trop tard, et que des quantités considérables de
capital auront été transférées depuis ceux qui auront intégré le marché en
dernier vers ceux qui l’auront intégré les premiers, la SEC décidera
peut-être d’ouvrir les yeux. Et ce seul acte pourrait suffire à renverser
certains des graphiques ci-dessus.
Pour l’heure, les crypto-devises
demeurent relativement peu importantes en comparaison aux dérivés. Quant aux
conséquences des tentatives de réguler ce monstre, lisez ceci… $500
Trillion in Derivatives “Remain an Important Asset Class”: Hilariously, the
New York Fed