Les Français maîtrisent de moins en moins leur pouvoir d’achat. Un
sentiment accentué depuis le passage du franc à l’euro. Le sondage réalisé
par Opinion Way pour AuCOFFRE.com révèle une vraie défiance des Français à
l’égard de l’euro, même s’ils ne souhaitent majoritairement pas revenir au
franc. A deux semaines du référendum sur le Brexit outre Manche, la question
de la monnaie unique est plus que jamais d’actualité.
Un pouvoir d’achat en hausse ou en baisse avec l’euro ?
Pouvoir d’achat en hausse
Selon les chiffres de l’INSEE, le
pouvoir d’achat des ménages a progressé de 0,9 en 2015. En 15 ans, il est
même en hausse constante, même si cette progression a ralenti.
Pourtant, la tendance qui domine dans les affirmations concernant l’euro,
c’est que 81% des Français pensent que leur pouvoir d’achat a diminué.
Ce sentiment ne vient pas seulement que d’un bouleversement des repères,
mais à un accroissement des dépenses contraintes. Comme je l’expliquais dans
cet article, le pouvoir d’achat est calculé sur des critères généraux
(revenu disponible brut) comprenant le salaire, qui a augmenté plus vite que
l’indice des prix. Seulement ce calcul ne prend pas en compte du loyer, des
dépenses d’énergie, d’eau, des charges, assurances et crédits. Selon
l’Observatoire société et consommation, les
crédits à la consommation ont d’ailleurs augmenté de 5% en un an, et il
n’y a pas vraiment de quoi s’en réjouir, ni le prendre comme un signe de
“reprise”.
En plus des calculs statistiques éloignés de la réalité des Français,
l’indice des prix n’est pas représentatif lui non plus des critères
d’évaluation des ménages.
Compte tenu de ce sentiment général, l’euro a du mal à fédérer et
il n’est pas exclu que sortir
de la monnaie européenne profite à l’économie française.
Une monnaie spéculative
60% des Français pensent aussi que c’est une monnaie qui
favorise la spéculation financière. La moitié (52%) y
est attachée, et pourtant, un tiers seulement (32%) des Français
serait favorable au retour du franc.
Ce sentiment a-t-il évolué en 6 ans ? Pas du tout ! En 2010 pour rappel, 35%
des Français étaient pour l’abandon de la monnaie unique et favorables à
une sortie de l’euro pour un retour au franc. Il y a donc une stabilité
dans la défiance des Français vis-à-vis de l’euro : un tiers y est
toujours défavorable.
Comparaison de l’euro avec d’autres moyens de paiement
Une monnaie peu solide
Pas vraiment confiants non plus dans la solidité de la monnaie unique
(56%), 60% des Français pensent qu’elle devrait être adossée à l’or,
qu’elle ait une contrepartie physique.
Ce sentiment apparaissait déjà dans le sondage de mars sur les alternatives
d’épargne. Plus de Français pensaient qu’acheter de l’or était une
meilleure alternative au livret A, plutôt que déposer des euros sur un compte
bancaire. 37% des Français pensaient même que c’était une mauvaise chose de
déposer son argent sur un compte bancaire (contre 36% favorables).
L’or meilleure monnaie que l’euro pour un tiers des Français
Un tiers des Français mettent le dollar et l’or sur le même pied
d’égalité : 37% et 36% des personnes interrogées pensent que ces deux actifs
feraient une meilleure monnaie que l’euro.
Le sentiment vis-à-vis de l’or et des métaux précieux est en général
positif, lorsqu’il est notamment question d’y adosser l’euro, ou encore de
payer avec carte de paiement elle aussi adossée à des matières précieuses
type Vera Carte.
Les monnaies locales et complémentaires en 5e alternative
29% des Français pensent que les monnaies locales ou
complémentaires pourraient être de meilleures monnaies que l’euro. Un tiers
des Français plébiscite (et connaît a fortiori) ces monnaies alternatives,
mais leur principe étant justement d’être complémentaires, pas de se
substituer à une devise nationale.
Dans le précédent article sur les Français
et la fin de l’argent liquide, une grande majorité se dit prête à
utiliser des moyens de paiement en monnaie euro (carte bancaire, chèque,
Paypal, paiement sans contact…) mais peu envisagerait une autre monnaie que
l’euro comme alternative à la disparition du cash : 29% une monnaie
locale ou complémentaire, 15% le Bitcoin, 13%
une carte de paiement non bancaire adossée à un compte en métaux précieux
(type VeraCarte).
Le sentiment des Français à l’égard de la monnaie unique est toujours
paradoxal depuis 2010 : ils se sentent pris au piège de la monnaie unique
dont ils paient le prix fort, tout en ayant conscience qu’il est
difficilement envisageable de revenir en arrière.
La solution à ce paradoxe pourrait résider dans la complémentarité des
monnaies locales et des matières précieuses pour leur côté garantie : laisser
l’euro aux grandes transactions financières, aux manoeuvres de spéculation et
une monnaie alternative non spéculative pour favoriser le développement
économique et écologique local d’une région ou d’une collectivité.
La monnaie a d’autres fonctions que celles qu’on lui impute
traditionnellement, elle peut par exemple être utilisée pour
induire un comportement positif, ce qui n’est pas le cas de l’euro…