L’Éducation
nationale est un mammouth ingouvernable. Cela se vérifie
d’année en année et les gouvernements successifs manquent
de courage au moment de s’atteler à des réformes en
profondeur du système.
Vincent Peillon, le nouveau Ministre de l’Éducation
nationale, n’échappe visiblement pas à cette règle
au vu des « réformes »
qu’il compte faire adopter.
Cela dit, ce
n’est pas parce que les politiciens n’osent pas toucher à
cette institution que les chercheurs ne doivent pas, exemples en main,
étudier les meilleures voies de réforme du système.
Le webzine
Contrepoints, cité à plusieurs reprises sur ce site, a
déjà proposé, en cette année 2012, plusieurs
articles sur ce thème. Aujourd’hui, il est vrai que la
privatisation pure et simple de l’enseignement, surtout en France,
paraît totalement utopique, notamment d’un point de vue social.
Des solutions intermédiaires peuvent-elles fonctionner ? Deux docteurs
en économie, Charles Arnoux et Liliane Debroas,
ont rédigé un rapport
sur ce sujet, passant en revue trois mécanismes :
-
Le chèque-éducation
-
Il a fait l’objet d’une
défense féroce
par Milton Friedman dans Capitalisme et
liberté. Il permet, en effet, aux parents de financer directement
l’école dans laquelle leur enfant sera scolarisé, via un
« chèque » versé à
l’établissement choisi par lesdits parents. Cette mesure est
souvent (à tort) assimilée
à de l’ultra-libéralisme, plusieurs de ses adversaires
estimant qu’elle remet en cause le caractère public de
l’Éducation nationale alors qu’elle ne fait
qu’instaurer une portion de libre-choix dans le système
centralisé actuel. De plus, il convient de préciser qu’il
s’agit d’un mécanisme, certes encore très
méconnu, mais qui suscite l’adhésion
d’une écrasante majorité de parents
d’élèves. Il est d’ailleurs de plus en plus en
vogue, ayant figuré dans quelques programmes politiques lors de
l’élection présidentielle de 2007 et, surtout, il a
été une des propositions de la Commission Attali.
-
Le crédit d’impôt
-
Il permet aux parents de déduire
des impôts les frais de scolarité de leurs enfants. Les
crédits d’impôt, dans leur contexte actuel, sont de plus
en plus pointés
du doigt. On a, en effet, souvent tendance à assimiler la baisse de la
pression fiscale à la hausse des dépenses publiques et ce,
alors qu’une mesure comme le crédit d’impôt permet
seulement aux ménages de conserver un peu plus d’argent. Cela a
aussi pour avantage de voir la puissance publique « moins
riche » et donc moins tentée de dépenser les revenus
extorqués aux contribuables à tout-va.
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Les « charter schools »
-
Ce sont des écoles publiques,
financées par l’État mais gérées de
manière privée. Elles ont pour principale particularité
d’être autonomes et donc libres de leur pédagogie.
S’appuyant
sur les expériences étrangères, Charles Arnoux,
co-auteur de cette étude, conclut que « la liberté
scolaire coûte moins cher et a au moins d’aussi bons
résultats ».
De son
côté, Alexis Vintray, auteur de
l’article
sur Contrepoints, explique qu’il ne faut pas rejeter ces solutions car
elles représentent une avancée certaine dans le contexte actuel
où le système éducatif français est presque
entièrement public.
Pourtant le
chèque-éducation, pour ne citer que lui, entérine la
mainmise de l’État sur l’éducation et ne peut donc
prétendre résoudre certains problèmes liés
à celle-ci. Il est aussi difficile de penser qu’elle puisse
être une mesure transitoire vers un système davantage
privé. Car il ne suffit pas d’appliquer une gestion privée dans le secteur
public pour obtenir les bénéfices d’un marché qui
fonctionne librement. Le risque dans ce type de réforme est
qu’elle n’enraye pas les effets pervers de la gestion publique et
crée d’autres problèmes qui seront bien entendu mis sur
le compte d’une trop grande libéralisation et serviront à
prôner le retour en arrière.
Enfin,
l’association « Alliance pour la séparation de
l’école et de l’État » explique que le
chèque-éducation pourrait même permettre à
l’État de mettre son grappin sur les écoles
privées, le financement public devenant alors conditionné.
Dans de telles
conditions, instiller
une authentique dose de concurrence et de libéralisation dans le
secteur public de l’enseignement paraît être le meilleur
moyen de proposer une éducation plus digne de ce nom.
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