Tout
le monde sur cette terre est fauché, sauf peut être Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs, quoiqu’il
finira peut être plus brisé que fauché par la machine
à broyer politique qui est en train de prendre les maux de la
planète et de les transformer en une sorte de triste charcuterie
destinée à être distribuée aux masses en
colère comme un substitut synthétique de pain et de jeux. Appelez cela une obligation
d’arbitrage politique synthétique et sans couverture.
Il
s’est passé quelque chose la semaine dernière dans le
monde et beaucoup de gens l’on ressenti, particulièrement dans
les organes de distribution des nouvelles et de fabrication d’opinion,
mais ce “ quelque chose” n’a pas été
clairement identifié. La
macro-escroquerie des orgies mondiales de pyramides financières
à la Ponzi est en train d’être découverte par le
public qui commence seulement à ce rendre compte que le trou noir qui
en est la conséquence va engloutir tout ce qui nous est familier,
niveaux de vie, espoirs, rêves sans compter de nombreuses vies. L’action politique va se résumer
désormais à une frénésie pour déterminer
qui et quoi sera englouti ou survivra dans ce trou noir
d’anéantissement. Et
tout ceci est en train d’apparaître comme un moment clef de
l’histoire humaine.
Et
pendant ce temps une énorme tache de pétrole
s’étend lentement au fond des eaux du golfe du Mexique, telle une affreuse Moby
Dick amorphe mais malicieuse attendant son heure pour couler le Pequod Amérique, ou au moins
l’économie de 5 Etats. Dans quelques mois la
société BP se demandera pourquoi elle ne s’est pas
lancée dans un business facile comme la fabrication de couches
culottes plutôt que l’exploration pétrolière, Elle
se posera certainement la question de la viabilité de faire quelque
business que ce soit lié
de près ou de loin avec les Etats Unis, et les Etats µUnis
entreront dans une quête sans fin à propos de
l’intérêt des forages pétroliers offshore, dont
l’avenir avait été assuré par le président Obama lui-même voici seulement quelques semaines.
Dur
de voir vos espoirs
d’approvisionnement énergétiques futurs
s’évaporer au moment même où vos rêves de
prospérité future sont aspirés dans un trou noir.
J’ai
toujours pensé que les gens du sud des Etats Unis sont les plus
dangereux du pays et la catastrophe du Deepwater
Horizon ne va pas améliorer ce point de vue lorsque le pétrole
va toucher leurs cotes. Cela dit,
ils ne sont que marginalement plus dingues que le reste des habitants du
pays, et ils se préparent à une extermination massive des
sortant dans cette fin d’année électorale. Le spectacle va être grandiose,
et vous pouvez être certains que les 10 derniers litres de
pétrole des Etats Unis serviront dans quelques années à
traîner les capitaines de Wall Street attachés derrière le
dernier pickup Sierra GMC dans les plaines de Collier County,
en Floride.
Concernant
l’Europe, ce qui s’est passé durant les dernières
semaines n’est rien de plus compliqué que de se réveiller
en se rendant compte qu’on est fauché. Ils ont envoyé leur dernier
missile de vœux pieux au monstre envahissant de la dette et le monstre
leur a ri au nez. Ils sont maintenant aux fenêtres de leurs bureaux
dans le palais bureaucratique de l’euro et se regardent les uns les
autres pour savoir qui va être le premier à sauter.
Les
Etats Unis, quant à eux, n’ont toujours pas compris. Ce qui a ressemblé pendant
longtemps à un jeu de chaises musicales est en train de se transformer
à quelque chose qui ressemble à un exercice d’alerte
d’incendie chinois, avec l’idée que courir sans but dans
tous les sens est un substitut adéquat pour une action
réfléchie.
Quoi
qu’il en soit, l’Europe et les Etats Unis n’ont plus de
munitions ni de missiles. Personne n’a plus les moyens de renflouer ne
serait ce qu’un stand de limonade. A partir de maintenant les
gouvernements vont commencer à s’effondrer
Tout
pari sur l’avenir politique est impossible à chaque fois que la
tempête se lève. Il
y a des insinuations dans la presse, par exemple, que les communistes vont se
révolter et prendre le pouvoir en Grèce. Super idée,
la crédibilité de
l’espère humaine concernant le communisme ayant disparu dans les
toilettes de l’histoire il y a 20 ans. L’opposition en Grèce
peut bien vouloir s’appeler communiste, mais qu’entend elle par
là ? Il n’y a
plus aucun “ moyen de production ” dans un pays dont
l’économie n’est constituée que de conducteurs de
taxis, de garçons d’étage et de serveurs. Il n’y a aucune richesse
à “ redistribuer ”, juste la douleur de la perte
économie collective lorsque les touristes cesseront d’atterrir.
Partout
ailleurs en Europe, chaque pays est en train de préparer les lits de l’austérité.
Les différents publics ne vont pas apprécier de devoir
s’y coucher.
L’histoire étant le démon transformeur
de concepts que l’on sait, je peux imaginer que ce soient les anglais
qui éliront des nazis cette fois ci (ou quelque chose qui y ressemble),
pendant que les Allemands se retrouveront dans la position bizarre
d’être le gardien moral de l’Europe, le seul modèle
de “ bon parent ” tentant
désespérément de garder un fond de commerce collectif
dans une Europe en déliquescence. Les grands personnages historiques
viennent toujours d’endroits inattendus, la Corse, le Kentucky. Le prochain grand leader
européen est peut être en train de faire ses études au
fond d’une école de droit norvégienne inconnue.
Dieu
seul sait comment les Européens tireront parti du désordre qui
se profile aux Etats Unis. Peut être un certain regret du à
l’arrêt du flux de touristes américains. Ma
prévision est qu’il se pourrait bien qu’il n’y ait
plus de président aux Etats Unis après M. Obama. Les évènements vont
s’enchaîner dans un désordre de plus en plus rapide qui
fera qu’un général comme Patraeus
devra prendre les commandes pour un moment pour empêcher toute
réincarnation du Ku Klux Klan de se métastaser de
l’Atlantique au Pacifique.
Bien
entendu, une fois que les militaires ont pris le pouvoir, il n’y a pas
de retour en arrière. Ce
ne sera pas la fin de l’empire romain version 2.0, parce que même
la gigantesque machine de guerre militaire américaine n’aura
plus les moyens de continuer à fonctionner. Au contraire, je m’attends
à un éclatement des Etats Unis dans des Etat ou des
régions fonctionnellement autonomes, et il est tout à fait
possible que même ce niveau de gouvernance soit hors de portée
de la dureté économique des années à venir.
Il
reste, bien entendu, la vraie bonne question de ce que feront les peuples du
reste du monde, - le monde non occidental s’entend -, lorsque
l’Ouest dévissera dans l’insolvabilité et la
déliquescence.
Les
islamistes feront tout ce qu’il est en leur pouvoir pour aggraver les
choses, et ils peuvent faire beaucoup de choses, de réduire leur
production de pétrole (voire l’arrêter totalement)
à provoquer les populations émigrées en Europe à
une violence politique ou faire craquer quelques bombes, atomiques ou non.
Les
Chinois vont probablement tenter de s’imposer comme les arbitres de
l’effondrement de l’Ouest, mais ils seront engloutis dans leur
propre gouffre de l’implosion de leur population et de leur manque de
matières premières.
Vous
pouvez déjà oublier l’Inde : zéro pétrole.
La
Russie retrouvera son glorieux isolement et profitera des fumées de
méthane de sa toundra.
L’Amérique
du Sud appliquera comme d’habitude les mots sages d’un vice-roi
du Mexique du XVIII° siècle, qui expliquait ainsi sa
méthode d’administration : “ Faire très
peu, et le faire lentement ”.
La
Grande Crise vient juste d’enclencher la deuxième vitesse.
James Howard Kunstler
kunstler.com
James
Howard Kunstler a travaillé comme journaliste
pour de nombreux journaux. Son dernier livre, « The Long
Emergency », décrit les changements auxquels devront faire
face les Etats-Unis au cours du 21° siècle. Kunstler prévoit la disparition progressive de la Surburbia dans le cadre d’un monde en guerre pour
la lutte pour le pétrole. Vous pouvez acheter son livre en cliquant ici, ou avoir
plus d’information en visitant son site web à: http://www.kunstler.com/
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