Aux États-Unis
comme en France, seule l’élection présidentielle attire tous les regards et
les élections intermédiaires sont toujours analysées en fonction de leur répercussion
sur le grand moment à venir. Ainsi, les élections générales américaines qui
se tiendront ce 4 novembre seront l’occasion d’en savoir plus sur les
candidats potentiels à la Maison Blanche dans deux ans. Si, dans le camp
démocrate, la situation est assez simple, avec une Hillary Rodham-Clinton
qui émerge comme la candidate évidente, dans le camp républicain, la lutte
sera plus serrée.
Étonnamment,
le candidat malheureux de 2012 Mitt Romney apparaît dans les sondages
comme l’un des favoris. Lors d’apparitions récentes, il a déclaré
qu’il n’y avait « qu’une chance sur un million » de se présenter.
Mais tout le monde sait qu’en politique, déclarer n’être pas candidat est
déjà une façon de se préparer à l’être. Effaçant son image du perdant de
2012, M. Romney est parvenu à retrouver l’affection de la base du parti. Il
s’est également attiré les faveurs de la direction en luttant
systématiquement contre le Tea-Party.
L’autre
candidat potentiel de l’establishement sera Jeb Bush, ancien
Gouverneur de Floride et surtout fils et frère de deux anciens présidents.
Pourtant ce qui constitue sa force risque aussi de l’affaiblir. Les réseaux
de la famille Bush lui garantissent des entrées partout et un accès à
d’immenses fonds de soutien. Mais son statut de pur produit de Washington lui
aliénera les électeurs du Tea Party. Sa candidature serait inteprétée comme
une tentative des caciques de reprendre en main le Parti républicain.
Personne ne sait aujourd’hui s’ils sont prêts à mener ce combat.
Derrière ces
deux grandes figures viennent de nombreux autres candidats potentiels. Le
colistier de M.Romney, Paul Ryan s’est illustré par son implication
dans l’accord bipartisan qui a mis fin au grand blocage budgétaire de 2013.
Ce grand lecteur de Ayn Rand a publié au printemps un rapport sur la lutte
contre la pauvreté qui lui servira manifestement de programme pour la
campagne de l’investiture.
Dans le
Wisconsin, le gouverneur Scott Walker joue sa réélection. En 2011,
fraîchement installé, il est devenu une icône de son parti à l’occasion d’un
conflit homérique avec les syndicats de fonctionnaires. Pour réduire le
déficit budgétaire de l’État, il décide d’un train de mesures d’économies qui
déclenche la fureur de la gauche. Dans un mouvement surréaliste, l’ensemble des
sénateurs démocrates s’enfuit dans l’Illinois voisin afin de bloquer le
processus législatif. M. Walker devra finalement faire face à une élection de
rappel organisée pour le démettre de ses fonctions, procédure extrêmement
rare dont il sortira vainqueur. Les résultats de cet automne permettront de
savoir si la confrontation était une bonne approche.
La conquête du
vote hispanique pourrait passer par Marco Rubio, sénateur de Floride
d’origine cubaine. Ce conservateur bon teint, pro-life et climato-sceptique,
jouit d’une grande popularité au sein du Tea Party. Autre latino clairement
attaché au Tea Party, Ted Cruz s’est illustré par son opposition
résolue à l’Obamacare au point d’être considéré comme un des responsables du
shutdown.
Enfin, il
faudra certainement compter avec Rand Paul qui se compose une identité
très particulière à la jonction entre les conservateurs et les libertariens.
Le fils de l’ancien candidat Ron Paul a acquis une renommée planétaire lors
de sa flibusterie à la tribune du Sénat. M. Paul s’était alors exprimé
pendant 13 h d’affilé pour dénoncer l’usage des drones par l’armée américaine
suscitant une vague de soutien mondiale. Brisant les lignes établies, le
sénateur du Kentucky cherche des alliés tant dans le camp démocrate que dans
le camp républicain. Apprécié du Tea Party sans en être la marionnette, son
discours civil et économique lui ouvre l’accès à de nouveaux électorats, dont
les jeunes et les minorités. L’accueil qui sera réservé à cette stratégie
constituera l’un des grands enseignements des primaires républicaines.
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