Qui
va payer pour la crise ? Cette interrogation qui résume tout reste
sans réponse définitive, malgré les mauvaises
intentions. Les Grecs viennent de mettre les pieds dans le plat en refusant
de continuer à le faire, et les dirigeants européens se
raccrochent à une solution politique qui n’évitera pas
une renégociation des conditions de leur plan de sauvetage. La
situation espagnole glisse du bout des doigts d’un gouvernement qui
tente de ne pas avoir à accepter un tel plan. Le New Deal de Roosevelt
fait progressivement référence, sans
être pour l’instant assorti de rien de concret, sauf pour
l’instant un catalogue à la Prévert.
Sur
le terrain des banques, Jörg Asmussen de la
BCE tente de répondre à cette même question en
suggérant la création sans attendre d’une bad bank ; elle
serait destinée à prendre en charge la totalité des
actifs immobiliers espagnols toxiques. Dans le but de faire une fois pour
toutes le ménage après avoir pendant tant de mois dissimulé
ce qui ne peut plus l’être.
Mais
il va plus loin, réaffirmant la position de la BCE, en
réclamant la mise sur pied d’un « fonds de liquidation des
banques à l’échelle européenne ».
C’est prôner pour celles-ci une mutualisation de leur sauvetage
et se défausser sur les États. Car si le MES devait obtenir la
possibilité de financer directement les banques, ce que les Allemands
refusent encore, ce sont les finances publiques qui garantiront in fine les
emprunts du MES…
La
dette est trop grosse pour être remboursée en totalité
(TGRT). Au fil des expédients destinés à le nier,
qui s’épuisent, cette vérité va finir par
s’imposer. Il est encore possible de chercher à gagner du temps,
mais pour combien de temps ? Le tonneau des Danaïdes a cette
particularité bien connue d’être percé.
Avant
même d’avoir été ratifié, le pacte
budgétaire européen se confirme inapplicable. L’ajout
d’un volet croissance est un cautère sur une jambe de bois. Le
ménage qui est désormais engagé dans les coffres des
banques espagnoles met une fois encore en évidence que, dans sa
globalité, la dette européenne est tout à fait
indigeste. Une remise à plat et des reconsidérations
d’envergure sont nécessaires.
«
Une croissance à crédit nous ramènerait au début
de la crise » vient de déclarer Angela Merkel
au Bundestag. Michel Sapin, donné pour futur ministre des finances
français, lui donne dans la foulée raison sur ce point.
Pourtant, sans même s’en rendre compte, la chancelière
vient de localiser l’origine de la crise – ce crédit qui
faisait office de substitut – ne voyant d’autre ressource pour ne
pas recommencer que d’accroître « la
compétitivité », sans préciser qui en fera les
frais et qui en recueillera le bénéfice. Cela revient à
préconiser de peser sur les revenus des salariés sans le
bénéfice de la compensation du crédit. Sur quoi
reposera alors le retour de la croissance salvatrice ? Sur un magistral essor
de la productivité ? Ces gens sont de dangereux rêveurs qui vont
nous vendre une croissance miraculeuse.
Billet
rédigé par François Leclerc
Son
livre, Les CHRONIQUES
DE LA GRANDE PERDITION vient de paraître.
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