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On y est ! Dimanche, les
Français éliront leur président. Comme
d'accoutumée, le choix devra se faire entre deux candidats
étatistes. Quelque soit le gagnant, la
France a peu de chances de connaître les évolutions structurelles
qui lui permettraient de retrouver rapidement sa compétitivité.
• La
campagne est finie. L'élection semble même déjà
passée. François Hollande, plus sermonneur qu'un curé de
campagne, multiplie les sorties solennelles. Nicolas Sarkozy, presque soulagé,
parle de la vie après la politique. Si l'on croit les sondages, c'est
plié. La France s'apprête à découvrir une nouvelle
ère, celle où l'antisarkozysme ne
serait plus un programme politique en soi. Finalement, ne serait-ce pas
là le point le plus inquiétant de cette élection ?
Depuis cinq ans, les socialistes ne se sont positionnés que face
à Sarkozy. Leur seule attitude était celle de la pique
méchante. Rarement celle de la critique constructive. Encore moins
celle de l’idée structurée. Dans cet exercice,
François Hollande excelle. L'homme, que ses proches décrivent
comme plein d'esprit, semble plus à l'aise avec les allusions perfides
que dans la rédaction d'un programme répondant aux défis
qu'il devra affronter. S'il est élu, il s'apercevra qu'un pays
profondément en crise est infiniment plus difficile à
gérer que les luttes internes d'un parti politique dont les cadres
s'affublent eux-mêmes d'un sobriquet pachydermique.
Sarkozy battu,
le PS sera confronté à son propre vide. Ça promet pour
les législatives !
• Au
premier tour, le bloc de gauche n'a pas obtenu 44% des suffrages
exprimés. Ce résultat a été peu commenté,
pourtant sa signification est forte.
D'abord, cela laisse
un petit espoir à Nicolas Sarkozy. Si les voix de droite, de toute la
droite, se reportent sur lui, il pourrait coiffer son rival au poteau. Reste
à savoir si le sentiment de rejet qu'il inspire sera moins fort que la
grande frousse rose. Pas Sûr...
Ensuite, 44%
est un résultat faible mais conforme aux scores antérieurs de
la gauche. Que ce soit à la présidentielle ou aux
législatives, les deux élections les plus importantes à
l’échelle nationale, le bloc de gauche ne dépasse jamais
les 50%. Bref, la France n’est pas un pays de gauche. Le PS a pris
depuis une dizaine d’années, l’habitude de remporter les
élections intermédiaires et locales. Ces résultats lui laissent
penser qu’il a une représentativité électorale
pour diriger le pays. Malheureusement, cela ne se retrouve pas à
l’échelle nationale depuis longtemps. Les dirigeants socialistes
sont un peu comme ces coureurs du Tour de France qui se voient déjà
pouvoir prétendre à
la victoire finale parce qu’ils passent la moyenne montagne avec le
favori, avant de connaître des défaillances insurmontables dans
les Alpes. Bref, la gauche ne gagne jamais. Mais parfois, la droite
conservatrice perd. Surtout quand le Front National est fort. Si Nicolas
Sarkozy veut l’emporter, il a besoin des voix du FN. Mais c’est
également le cas d’un François Hollande. Voilà une
vérité que certains de mes confrères, assez sensibles au
parfum de la rose, préfèrent passer sous silence. Un homme de
droite élu avec les voix du Front national est un homme sale, indigne
et démago. Un socialiste, c’est différent, il a su
convaincre les brebis égarées de revenir vers de plus saines
orientations. Les électeurs du FN ne seraient donc de bons citoyens
légitimes que quand ils font gagner le candidat socialiste…
Mais surtout,
que dire d’un système qui permet à la gauche de diriger
un pays alors qu’une majorité de ses citoyens
n’adhèrent pas à ses idées ?
• En
début de campagne, Nicolas Sarkozy a dû présenter des
excuses pour ses débordements bling-bling de
début de mandat. Pourtant, s’il perd dimanche, ce ne sera pas
pour ça. Ni même pour son bilan. Mais pour avoir menti sur le
rêve. En 2007, les Français, excédés par
l'immobilisme lugubre des années Mitterrand et Chirac, ont voté
pour celui qui incarnait le dynamisme, le changement. Ils rêvaient
d’un dirigeant qui libérerait leur énergie. Ils ont eu droit
à un omni-président qui dépensait beaucoup de la sienne
à courir après les sujets d’actualités.
L’inconscient
des Français réclame un retour au bon sens de Bastiat, mais ils
ne le trouvent sur aucun menu. Alors, ils projettent leurs rêves dans
le premier qui prétend les refléter, même si l’image
est imparfaite. Heureusement pour lui, François Hollande ne fait
rêver personne. Il n’y aura pas de déçu.
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