La
civilisation occidentale est dotée d’une histoire riche.
Son héritage est pluriel. Ses apports sont d’origine grecque,
romaine, judéo-chrétienne…
Un philosophe
réputé, Philippe Nemo, avait
tenté de remonter la chronologie de cette construction progressive de
la civilisation occidentale à travers un livre intitulé Qu’est-ce que l’Occident ?. Fabrice
Copeau en avait fait, l’an passé, une recension,
rappelant les cinq axes de construction identifiés par Nemo :
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L’héritage
grec
L’apport de la civilisation grecque
est multiple selon Philippe Nemo. Il est vrai que,
d’un point de vue purement politique, la stratégie militaire
athénienne a profondément inspiré les grandes puissances
occidentales par la suite. Les conflits constants dans cette région de
l’Europe n’ont pu qu’y stimuler les progrès de la
tactique militaire. Juridiquement parlant, la Grèce antique est
née à la suite de la destruction de monarchies et cette
idée pré-démocratique du gouvernement par les lois et
non plus par un roi a alors émergé. Ensuite, évidemment,
Nemo n’oublie pas d’insister sur
l’apport de la civilisation grecque en matière de sciences et
d’art. Il est vrai que les langues parlées en Occident
s’inspirent profondément
du grec ancien. Néanmoins, l’étendue de cet apport
culturel – s’il est indéniable – est parfois grossie
à l’extrême par nombre de penseurs occidentaux, plus
lapidaires lorsqu’il s’agit de parler des innovations dues
à l’Orient.
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L’héritage
romain
Cet héritage est également
d’essence culturelle de par l’apport du latin à nos
langues modernes. Notre calendrier « temporel »
n’aurait jamais eu non plus la forme qu’il a aujourd’hui
sans Rome. De même, si on en trouve quelques racines dans la
Grèce antique, c’est pendant l’ère romaine que le
développement du droit va connaître un important essor. La
notion de propriété privée, si chère à
l’Occident, y naîtra à ce moment.
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L’apport
biblique
On a parfois naïvement tendance
à séparer les univers gréco-romain et judéo-chrétien,
ce qui est une erreur puisque les Romains, en se convertissant au
christianisme, réaliseront la jonction entre ces deux mondes. La
morale biblique, malgré la perte de vitesse de la
chrétienté en Europe, laissera toujours ses empreintes sur ce continent.
L’idée de solidarité est réellement issue de ce
livre qui est encore aujourd’hui le plus vendu au monde.
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L’apport
de la révolution papale
À partir du XIe siècle,
le Pape Grégoire VII, puis ses successeurs, se rendront compte que
l’attente passive du retour du Christ, au sein de la population,
n’avait fait qu’entraîner le chaos dans la
société et qu’il convenait donc de changer les mentalités.
L’attente devait désormais être active
et il fallait faire passer l’idée que le Christ ne reviendrait
que si l’humanité faisait collectivement l’effort
d’aller vers lui. Le pape comprit que les êtres humains ne
pourraient plus se contenter de voir leurs fautes expiées par la
grâce divine. La spiritualité moderne naîtra de cette
façon, ce qui fera décoller la « fusée
Occident ». Le « droit chrétien »
subit un sérieux coup de fouet, en vue de rendre la morale biblique
plus praticable.
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L’apport
des démocraties libérales
En quelques mots, Nemo
estime qu’il existe un lien fort entre les révolutions
démocratiques qui ont émaillé l’Occident durant
les temps modernes et le développement économique sans
précédent dont ont bénéficié les pays en
question.
Le livre de Nemo, en apparence de petite taille, est en
réalité extrêmement étoffé
et bien construit Quelques regrets tout de même :
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La place sans doute
démesurée accordée à l’apport de la
civilisation grecque : il ne faut pas oublier qu’à
l’époque, déjà, les Grecs reconnaissaient
l’influence des civilisations égyptienne et babylonienne sur la
leur.
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Nemo
occulte malheureusement l’apport des Arabes, apport qui a fait la
richesse de l’Europe, laquelle, dès la fin du XIe siècle,
a commencé
à s’intéresser à la science (mathématiques,
médecine, physique et chimie…) et à la philosophie de ses
ennemis sarrasins.
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