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Recension de De la conduite humaine de Michael Oakeshott

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Published : June 27th, 2014
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Les élections européennes de mai 2014 ont mis en lumière le dégoût d’une partie importante des populations du continent à l’égard des partis politiques traditionnels. Dans de nombreux pays, ce sont des organisations dites « eurosceptiques » ou « populistes » qui ont mené la danse. Ces résultats doivent néanmoins être relativisés, tant l’abstention a été importante. De plus, il serait aventureux de prétendre que les suffrages montrent une nostalgie des citoyens européens à l’égard des États-nations et une méfiance accrue face à l’Union européenne. Les résultats électoraux traduisent surtout une volonté de sanctionner les partis dominants qui ont été incapables de diminuer les effets de la crise internationale.


Un auteur britannique, Michael Oakeshott, a bien su analyser ce type de scepticisme à l’égard du politique. Les Belles Lettres avaient fait paraître, fin 2006, Morale et politique dans l’Europe moderne. Mais, dès 1995, un autre de ses ouvrages majeurs avait été traduit par PUF : De la conduite humaine. C’est ce livre-ci que nous allons recenser.


Michael Oakeshott est un penseur conservateur et très méfiant à l’égard de la théorie de la Tabula rasa utilisée à si mauvais escient par les révolutionnaires français au moment où ces derniers voulaient réduire en cendres l’ordre monarchique ancien. Ils se fondaient en cela sur les idées émises par les philosophes des Lumières, dont John Locke, et ce, même si ce dernier ne niait pas l’importance de l’expérience.


Selon Oakeshott, l’ordre français ancien présentait certainement quelques défauts qu’il fallait corriger. Mais lesdits révolutionnaires ont voulu aller au-delà. Ils ont souhaité saper tous ses fondements[1] alors que la France jouissait pourtant d’un prestige quasi inégalé à l’approche du XIXème siècle. Quelque peu anticléricaux (doux euphémisme…), ils abolirent même le calendrier chrétien. Au cours du XVIIIème siècle, les relations avec certains rivaux ancestraux, comme l’Autriche, s’étaient également pacifiées, suite, notamment au mariage entre Louis XVI et la fille de l’impératrice, Marie-Thérèse. Mais la Révolution bouleversa la donne, y compris en matière de relations diplomatiques…


Le principal « hic », exploité, à juste titre, par les révolutionnaires français, était le piètre état des finances publiques sous la royauté. Les dépenses étaient évidemment supérieures aux recettes et les nombreuses fêtes organisées expliquaient, au moins partiellement, ce déficit. Pour autant, on ne peut pas dire que la Révolution française a contribué à améliorer les choses.


En l’espace de quelques années, les traditions issues de l’Ancien Régime s’étaient effondrées. Le rationalisme des révolutionnaires était lui-même contestable. La démocratie qu’ils voulaient instaurer n’était en fait qu’un leurre : les membres du Directoire, supposément hostiles à la politique de terreur, ont effectué un coup de force, en 1797, contre les royalistes qui venaient pourtant d’emporter les élections.


Oakeshott ne s’appesantit pas sur cette période de l’histoire de France. Mais tout lecteur de son ouvrage – surtout s’il est français – pensera inéluctablement à la Révolution française. En outre, Oakeshott critique fortement l’État moderne, directement issu de 1789.


Autre fait intéressant dans l’ouvrage: le philosophe britannique rappelle que les « États protestants » portaient en eux des germes totalitaires, ce qui va à l’encontre de l’assimilation éculée et erronée faite par Max Weber entre libéralisme et protestantisme.


De la conduite humaine – qui n’est plus publié et qui est difficilement trouvable à des prix raisonnables sur le marché de l’occasion – est un livre très hermétique (son traducteur le signale d’ailleurs), du début à la fin, même si la fin – et le troisième chapitre dans son ensemble – sont plus agréables à lire.

 

 



[1] À ce titre, le décret du 4 août 1789 est particulièrement emblématique de l’ambiance intellectuelle qui régnait en France à ce moment.

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Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
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