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Il y a
maintenant cinq ans, paraissait un des livres les plus pertinents et les plus
pédagogues sur la crise financière de 2007, Meltdown. Le livre a rapidement
été traduit en français par les éditions Valor. On peut le trouver aisément et gratuitement
sur Internet. Son auteur est Thomas Woods, un jeune écrivain
américain qui partage les préceptes de l’école
autrichienne d’économie. Ce n’est d’ailleurs pas
pour rien si son préfacier n’est autre que Ron Paul,
l’homme politique américain qui s’est
présenté aux primaires républicaines
de 2008 et 2012.
Le livre est d’ailleurs
frappant sur un point : la façon dont Ron Paul avait, dans sa
préface, exactement prédit la crise qui ne manquerait pas
d’arriver. Ron Paul n’est pas économiste mais son analyse
était incommensurablement supérieure à celle de
« pseudo-spécialistes »
qui tentent lamentablement de réécrire l’histoire et,
plus précisément, leurs prévisions d’antan. Or,
c’est un fait avéré que très peu
d’économistes avaient anticipé la crise et que, parmi ces
(rares) heureux pronostiqueurs, on y inclut surtout des proches de
l’école autrichienne d’économie. De ce fait, il est
curieux d’attribuer au marché libre la paternité de la
crise financière.
C’est
toute l’essence du livre de Thomas Woods qui montre brillamment que le
premier fautif est la banque centrale américaine qui a
artificiellement créé des billions de dollars ex nihilo. Pire
encore, cette institution – dont le président est souvent
considéré, à juste titre, comme l’homme le plus
puissant du monde – ne semble pas tirer les leçons de la crise
et persiste dans l’injection monétaire
inconsidérée. Hélas – chose qui n’est pas
écrite dans l’ouvrage de Woods – sa
« cousine » européenne a elle-même
dérogé à ses principes de rigueur, ne comprenant pas que
cette rigueur avait justement permis à l’Europe
d’être moins touchée par la crise que les
États-Unis.
Woods montre
aussi que l’abandon des principes libéraux a surtout
profité aux plus puissantes entreprises, bénéficiaires
des largesses de la banque centrale, pendant que, dans le même temps, des
« Américains moyens » voyaient leurs logements
saisis par millions.
Woods rappelle un fait important, à savoir que la plupart des
Américains semblaient s’opposer au plan Paulson
mais les parlementaires, soucieux d’empocher des dons substantiels
émanant de ces grandes firmes, l’adoptèrent tout de même,
plongeant plus encore les États-Unis dans la crise.
Pour enrayer
cette spirale inflationniste, Woods ne voit qu’une solution : le
retour à la monnaie-marchandise et, plus spécifiquement
à l’étalon-or, même s’il ne nie pas que
l’argent, voire le cuivre peuvent aussi avoir une utilité pour
les petites transactions. L’étalon-or est le meilleur garde-fou contre la
folie de nos dirigeants. Son maintien aurait permis de raccourcir, voire
d’empêcher la Première Guerre mondiale, selon Ferdinand Lips. Cette idée, raillée tout au long du
XXème siècle, revient progressivement à la
mode. Pour autant, une grande partie des économistes
préfèrent appeler à un retour des idées
keynésiennes, oubliant que c’est justement les théories
de leur maître à penser – jamais enterrées,
contrairement à ce que nous enseigne l’histoire officielle
– qui ont conduit de nouveau le monde vers la crise.
Par ailleurs,
la lecture du chapitre 5 s’impose tout particulièrement :
nous savons que l’histoire officielle professe que Roosevelt a permis
aux États-Unis de sortir de la crise où l’avait
plongé le trop libéral Herbert Hoover. Or, documents officiels
à l’appui, Woods montre, au contraire, que c’est en
raillant le « socialisme » d’Hoover que Roosevelt
et son futur vice-président, John Nance
Garner, accédèrent à la Maison-Blanche. Et,
contrairement à un mythe inlassablement ressassé, Roosevelt ne
fit pas sortir son pays de la crise. Outre qu’il dirigea son pays de
façon quasi dictatoriale (anticipant ainsi le recul actuel des
libertés), les États-Unis connurent une nouvelle grande
récession en 1937, Roosevelt s’attirant, au passage, les foudres
des milieux d’affaires. De même, en 1939, 17 % de la population
américaine était toujours au chômage.
Le livre de
Woods, bien que datant de 2009, est toujours
d’actualité dans un contexte de crise persistante.
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