J'ai quelque peu
délaissé le ClimateGate et le Réchauffement Climatique
ces quinze derniers jours, pour cause duale de vacances et d'une certaine
lassitude par rapport à un sujet qui ne se renouvelle guère
(cf. le dossier
Réchauffement Climatique d'Ob'lib').
Hélas, la multiplication des révélations de scandales,
fraudes avérées, erreurs "malencontreuses" et
conflits d'intérêts au sein du GIEC, si elle a manifestement
retourné nombre d'opinions mondiales, ne semble en rien vouloir faire
évoluer les lignes de conduites politiques des gouvernements européens
en général, et Français en particulier, sans oublier les
USA et l'ONU. Pire, tels des docteurs Knock déterminés à
nous rendre malades pour pouvoir justifier leurs honoraires de
médecins, nos politiciens semblent à tout prix vouloir rebondir
sur les échecs du GIEC pour aller plus loin dans les politiques
environnementalistes contraignantes, "économicides" et
liberticides.
Mais avant de s'attaquer aux aspects politiques, voyons tout d'abord ce
à quoi les lecteurs assidus des blogs climatiques ont
été confrontés durant ces quinze jours. Quoique non
exhaustive, la liste donne le tournis. Bientôt, les bloggueurs ne
pourront même plus prendre de vacances tellement l'actualité de
la déconfiture de tous les constructivismes s'accélère.
"Temperatures gates"
Depuis les révélations du Climate Gate, de nombreux groupes de
scientifiques indépendants ont disséqué les
différences entre données brutes de températures et
données ajustées fournies soient par le CRU (l'unité
anglaise dont sont parties les mails piratés), le GISS (le centre de
la Nasa qui coordonne nombre de mesures terrestres), et d'autres tels que le
NCDC ou NOAA.
J'ai déjà évoqué dans de précédents
articles des problèmes d'ajustements bizarroïdes en Russie, en
Australie, en Nouvelle Zélande. En voici d'autres.
Scandinavia gate
Le professeur suédois Wibjorn Karlen a mis en évidence des
anomalies entre températures mesurées et températures
"ajustées" par le CRU pour la presqu'ile scandinave. Les
ajustements proposés gomment totalement
la pointe de chaleur observée dans les
années 40, équivalente aux températures actuelles, et la
chute de températures observée entre 1940 et 1975. Le graphe
proposé par l'article montre qu'évidemment, les courbes
"ajustées" par le GIEC ont une toute autre allure
"médiatiquement vendable", de jolies "crosses de
hockey", que les courbes des températures réellement
observées.
Ce qui est également intéressant dans cette affaire scandinave,
c'est que Karlen a commencé à avoir des doutes bien avant le
Climate Gate, comme le montrent les mels du climate Gate, et a tenté
de comprendre auprès d'un des membres de la CGTeam, Kevin Trenberth,
pourquoi les valeurs qu'il obtenait par ses recherches étaient
différentes de celles publiées par le GIEC. Les
échanges de mels entre Karlen et Trenberth, issus
du ClimateGate, sont résumés dans ce post annoté et
commenté par l'australien Willis Eschenbach, qui a mis à jour
des manipulations similaires pour l'Australie. Les réponses de
Trenberth virent très vites aux "non réponses" et au
noyage de poisson. Aucune réponse consistante aux interrogations de
Karlen n'est réellement amenée.
Czech Gate
L'analyste indépendant EM Smith a découvert que sans la moindre
raison explicitée, la
station météo de Prague-Klementinum, une
des plus anciennes et fiables qui ait enregistré la température
au sol depuis 1775, a été purement et simplement
supprimée des échantillons représentatifs servant
à calculer les températures moyennes par le GHCN, l'organisme
basé en Arizona qui alimente les bases de thermomètres servant
ensuite au GISS ou au CRU pour leurs analyses.
Le problème est que cette station, loin de montrer un
réchauffement en république tchèque, montrait un
refroidissement depuis 1800 !
Le GHCN a préféré reconstituer les températures
du passé par modélisation à partir d'une station
installée depuis l'après guerre sur l'aéroport de Prague
Ruzyne. Le professeur Jan Zeman,
de l'Université de Prague, explique ici pourquoi l'abandon de la
station de Klementinum arrangeait bien les réchauffistes, et a
recalculé le réchauffement corrigé de l'effet
"ilôt de chaleur urbaine" estimé à partir
des différences récentes entre la station de Klementinum et de
Ruzyne. Il en déduit que le réchauffement moyen observé
est de 0,25°C par siècle, pas de quoi sauter au plafond de
frayeur.
England Gate
Cette valeur de 0,25°C par siècle sur un peu plus de deux
siècles est parfaitement conforme avec les observations faites sur les
températures en Angleterre centrale par un autre Sceptique bien connu
(et parfois un peu fantasque,
reconnaissons le) Lubos Motl, qui a
constaté que sur des périodes de 30 ans, on observait des variations
importantes du climat à la hausse (jusqu'à +5°C /siècle, et ce dès la période 1691-1720) mais toujours suivies de
périodes baissières comparables, et que la variation
réellement observée de ce fait en deux siècles
était de 0,26°C par siècle, et que par conséquent,
la tendance de +4,7°C/ Siècle observée sur l'intervalle de
30 ans 1978-2007 n'avait rien ni d'exceptionnel ni d'inquiétant.
L'analyse de Motl est complétée
ici par C3H.
USA Gate ?
Là, c'est tellement énorme que je mets encore un point
d'interrogation. Mais si cela venait à être recoupé par
des vérificateurs tiers, cela constituerait "le dernier clou dans
le cercueil" du GIEC.
Le Science and Public Policy Institute du très actif sceptique
Christopher Monckton publie une étude
d'un docteur en Physique retraité de la Nasa, M.
Edward Long, qui a comparé les données brutes puis les
données ajustées des stations urbaines et rurales des 48
états contigus (hors Alaska et Hawaï, donc) des USA.
Vous avez peut être déjà entendu parler de l'effet
"ilôt de chaleur urbaine" ou UHI en anglais (Urban Heat
Island). L'effet UHI augmente de parfois plusieurs degrés la
température atmosphérique de la couche d'air de basse altitude
des villes par rapport à une campagne recevant exactement le
même rayonnement solaire du fait que les villes
réfléchissent plus la chaleur du soleil que les
végétaux, et que les installations de chauffage tendent
également à irradier de la chaleur vers l'atmosphère
basse. Ce phénomène local, en l'état actuel des
connaissances, n'a pas de conséquence sur le climat des campagnes
environnantes (la chaleur ainsi retransmise ne se propage pas au delà
de l'ilôt urbain) et ne peut donc pas être
considéré comme un facteur de réchauffement climatique
global, même s'il a évidemment une influence très directe
sur la température moyenne subie par les citadins.
Vous n'êtes pas sans avoir remarqué que même si largement
plus de la moitié de la population mondiale est urbaine aujourd'hui,
les villes ne représentent au total qu'une fraction faible de la
surface terrestre du globe, et plus encore de la surface totale,
océans inclus.
Aussi, lorsqu'il s'agit de calculer une augmentation de la température
moyenne du globe - quels que soient les
problèmes que pose la notion de "température
moyenne", autre débat -, dans une grille de
thermomètres où les zones urbaines sont en
général sur-représentées pour des raisons souvent
historiques, si on veut aller au delà des données brutes, il
faut éliminer l'effet "UHI" des mesures. Celui ci semble
assez bien modélisé: empiriquement, on sait aujourd'hui
calculer l'ampleur de l'UHI d'une agglomération en fonction de ses
caractéristiques. Sachant que les villes ont connu une forte
croissance depuis le début du XXème siècle, il est
logique que l'effet UHI des stations urbaines augmente avec le temps.
Vous avez donc compris que pour homogénéiser des stations
rurales et des stations urbaines, il faudrait RETRANCHER l'effet UHI des
stations urbaines.
Et bien croyez le où non, mais l'étude de E. Long montre sans
ambiguïté que le NCDC fait exactement l'inverse: il ajuste non
pas les stations urbaines aux stations rurales, mais les stations rurales aux
stations urbaines, et donc au lieu d'éliminer l'effet UHI des
températures moyennes relevées dans les stations urbaines, il l'AJOUTE
aux stations rurales !
Résultat: à partir de 1965, les valeurs de températures
"brutes" et "ajustées" se mettent à
diverger en faveur des données ajustées jusqu'à ajouter 0,6°C aux données brutes... Pratique pour fabriquer un crosse de Hockey !
Car sans cela, les données brutes des stations rurales montrent que
les températures mesurées depuis 1998 sont inférieures
au "plateau" observé entre 1935 et 1960. Pas terrible pour
vendre de la peur aux braves citoyens dont on voudrait qu'ils changent de
mode de vie, n'est-ce pas ?
Un résumé de l'étude d'Edward Long peut être lu
chez Anthony Watts ou chez Lubos Motl.
Mesures des températures :
à reprendre de zéro ?
Il m'est matériellement impossible de citer tous les
"temperatures gates" découverts par des analystes tels que EM Smith ("chiefio")
dont les articles, qui reproduisent à chaque fois intégralement
toutes les données analysées, sont aussi ardus que longs. Mais
dès que l'on sonde en profondeur les données d'un pays et la
façon dont les laboratoires rattachés au GIEC les tritur...
Euh, les ajustent, on tombe sur des "interrogations
méthodologiques" difficilement justifiables. J'emprunte cette
liste à Papy Jako: Chine, Nouvelle Zélande, Australie, Madagascar,...
Visiblement, l'office météorologique britannique, dont la
crédibilité a été très gravement
écornée, au point que la BBC envisage de ne plus y faire appel
pour ses prévisions météo, est du même avis. Selon
un document interne que s'est procuré Fox News (PDF), le MET reconnait que le set de
données de mesures de températures terrestre ne correspond pas
tout à fait aux standards de qualité que l'on est en droit
d'attendre d'une science irréprochable, et que les méthodes de
traitement des données brutes manquent quelque peu de transparence.
Ils proposent donc que soient redéfinis de zéro les protocoles
de mesure, d'ajustement et de vérification des données, dans un
esprit de plus grande transparence et de vérifiabilité par des
tiers qu'actuellement. Rien que ça !
C'est une reconnaissance explicite par des acteurs du système du
manque de crédibilité des mesures actuellement fournies au
public et aux laboratoire effectuant des recherches liées à
l'évolution des températures.
(résumé de cette histoire par FOX, par A.Watts -qui est sceptique sur la
sincérité de la démarche-, par L. Motl).
Phil Jones rattrapé par la réalité
Mais cette reconnaissance de
l'existence d'un problème avec les mesures officielles de
températures par le MET parait bien fade à côté
des quelques petites phrases lâchées par Phil Jones,
interviewé par la BBC et Roger Harrabin, qui, bien que plutôt
réchauffiste, n'avait pas hésité à relater
tout
le mal qu'il pensait de la façon dont Al Gore se
comportait vis à vis de la presse (cf. cette ancienne note).
CLimateGate.com propose un transcript complet
de l'Interview, et Papy Jako en donne le meilleur en
Français. Et SPPI y ajoute des commentaires... Acides.
Oh, Jones n'avoue pas qu'il a bidouillé les données, ça
non, mais tout de même, quelques unes de ses déclarations sont
en rupture avec celles qu'il faisait ou approuvait lorsqu'il était
rédacteur en chef d'un des rapports du GIEC, ou lorsqu'il se
permettait de trainer dans la boue certains sceptiques comme Vincent Courtillot.
Ainsi, Phil Jones admet - à regret ?- que:
- Que les réchauffements observés dans
les périodes 1860-1880, 1910-1940, 1975-1998 et 1975-2009 ne sont
pas - statistiquement - différents.
- Que le réchauffement mesuré depuis
1995 n'est pas statistiquement significatif
- Que l'Optimum Médiéval a,
peut-être, finalement, existé ... enfin ... qu'il y a au
moins débat.
- Que la question de l'éventuelle source
naturelle du réchauffement observé dans la période
1975-1998 est extérieure à son domaine d'expertise.
Bref, Phil Jones admet que "la science n'est pas scellée",
que les réchauffements observés lorsque le CO2
atmosphérique était négligeable étaient
comparables à ce qu'ils sont actuellement, que la "crosse de
hockey" n'était peut être pas tout à fait exacte vis
à vis de l'optimum médiéval, et que franchement, il ne
savait pas si le soleil ne pouvait pas avoir tout de même joué un
tout petit rôle dans le réchauffement de la planète, ce
qui, pour le chef de l'une des principales "climate research
unit" du GIEC, ne fait pas très sérieux.
Si même le grand patron de la ClimateGate Team est obligé de mettre de l'eau froide dans son vin
réchauffiste...
Autres révélations
Cette liste de nouvelles révélations sur
les défauts des travaux du GIEC ne se limite pas qu'au seul
problème de la mesure des températures. Afin de ne pas vous
lasser, je resterai bref.
Ainsi, l'on a découvert que les rapports du GIEC sous estimaient de
50% la reformation des glaces en antarctique (antarctic gate), que
l'organisation météorologique mondiale reconnaissait qu'il
était impossible de lier l'évolution de l'activité
cyclonique -qui n'a pas augmenté depuis le début du
siècle- au CO2 anthropique comme le faisait le GIEC (Hurricane gate), que
contrairement aux affirmations du GIEC, la tendance à la montée
des mers s'était retournée depuis 6 ans (sea level gate), ou que
le GIEC a délibérément ignoré dans son
troisième rapport des réserves pourtant valides de
scientifiques relatives aux "bilan carbone" imputé aux
biocarburants (biofuel gate).
Sans oublier quelques découvertes annexes comme l'exposition à
l'économie verte subventionnée (ses pertes pourraient
s'élever à 25% de son portefeuille, soit £2Mds sur
8Mds de livres au total, tout de même) du fonds de pension de la BBC,
nourrissant quelques questions sur l'objectivité de cette chaine quant
à son traitement du réchauffement climatique. Non ?
Ou encore que le gardien du temple réchauffiste sur Wikipedia, William
Connolley, avait
réécrit plus de 5200 articles de
l'encyclopédie participative, bloqué des contributeurs
sceptiques et au contraire laissé le champ libre aux alarmistes,
transformant WP en organe de propagande réchauffiste...
Réactions politiques :
"circulez, y a rien à voir" !
Ces révélations, venant après toutes celles qui se sont
succédées depuis le Climate Gate et même avant, ne
laissent plus beaucoup de place au doute sur le manque évident de
sérieux des affirmations du GIEC dans ses rapports de synthèse.
Elles devraient pousser tout gouvernement doté de sens commun à
geler immédiatement toute politique fondée sur les affirmations
du GIEC.
Pourtant, curieusement, ce n'est pas ce qui se produit.
Certes, en Nouvelle Zélande,
ou en Australie, les oppositions parlementaires se saisissent du dossier, au
point de mettre en difficulté leurs gouvernements. Certes, aux USA,
plusieurs organisations professionnelles, et au moins deux états, ont
porté plainte contre le décret classifiant le CO2 comme une
substance dangereuse. Même
des sénateurs démocrates commencent
à vouloir bloquer les initiatives anti carboniques de l'Environmental
Protection Agency, à l'origine de ce décret. Et le Waxman Markey Bill ne
devrait pas voir le jour.
Mais en Europe, calme plat.
La route de la Servitude Climatique passe par l'Europe
Le gouvernement finlandais
reçoit Rajendra Pachauri, pourtant totalement
discrédité, comme un héros, avec les honneurs dus
à un chef d'état, et le décore.
L'Europe crée le 23 février une Direction
Générale de l'Action pour le Climat (CLIM).
Effectivement, il était temps d'y penser ! Combien de bureaucrates,
combien de subventions ? Tout ça pour un problème dont il est
en train de se démontrer qu'il a été fabriqué de
toutes pièces.
Le gouvernement Britannique
va étendre son plan de réduction des émissions de CO2
comme si de rien était, ce qui va imposer des charges nouvelles sur
l'économie britannique.
L'ONU (via son programme des nations unies pour l'environnement)
réfléchit gentiment comme si de rien était à
mettre en place une structure de gouvernance mondiale capable d'imposer aux
états signataires une politique de 1 000 milliards de dollars
annuels pendant 40 ans pour convertir le monde à
l'économie verte. Le PDF exhumé par
Fox News, dans la droite ligne de celui qu'avait révélé Lord Monckton avant
Copenhague, évoque une sorte de gouvernement
environnemental mondial, dont les préconisations s'imposeraient
à toute nation désirant s'insérer dans les
échanges internationaux. Il s'agirait de préparer l'adoption de
telles mesures à un nouveau sommet de Rio en 2012. Le journaliste
écrivain britannique James Delingpole n'hésite plus à parler de "Nouvel
Ordre Mondial", expression dont l'emploi il y a
à peine 6 mois vous classait comme un "conspirationniste"
hurluberlu de la pire espèce.
Et en France ? Selon Jean-Michel Bélouve, auteur de "la servitude climatique",
pour l'institut Turgot, Nos deux compères Sarkozy et Borloo
soutiennent à fond la mise en place d'une "organisation
mondiale de l'environnement" dotée de pouvoir
supra-nationaux, et pourraient se saisir des malheurs du GIEC pour rebondir
et, au lieu de remettre en cause les paradigmes environnementaux visiblement
défectueux qui dominent la pensée actuelle, pousser pour
remplacer le GIEC par cette OME aux compétences élargies et
à la légitimité démocratique tout aussi
contestable que celle de l'ONU.
Bref, le train du GIEC a beau dérailler, la caravane de
l'environnementalisme le plus coercitif continue d'avancer comme si de rien
n'était, sur le vieux continent tout du moins. Tout laisse croire que
nous gouvernants imaginent que leur mission est désormais de faire
avancer nos pays contre l'intérêt des populations qui y vivent.
J'avoue être incapable de voir clair dans les raisons de cet
acharnement de nombre de gouvernants à vouloir nous imposer de telles
charges au nom de faux problèmes et de principes
dévoyés. Corruption ? Imbécillité ? Aveuglement ?
Idéologie ? Aucune de ces hypothèses ne me satisfait
pleinement. Alors quoi ?
Vincent Bénard
Objectif Liberte.fr
Vincent Bénard est Président de l'institut Hayek
(Bruxelles) et Senior Fellow de Turgot (Paris), deux
thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la
pensée libérale, et sympathisant des deux seuls partis
libéraux français, le PLD
et AL.
Publications
:
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la
Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen",
2003, La doc française, avec Pierre de la Cos