Suite de la seconde
partie
Un milliard est un nombre important pour vous,
pour moi et pour la plupart des gens. Mais croyez-vous vraiment que les
milliards et les trillions importent aux yeux de ceux qui ont le
pouvoir ? Ce qu’ils dépensent, c’est l’argent
des autres. Vous souvenez-vous du rapport
de la Commission de 1984 ? Il déclarait que
‘si ses recommandations étaient respectées, il serait
possible d’épargner 424 milliards de dollars en seulement trois ans
et d’ajouter 1,9 trillion de dollars par an à cette somme
d’ici l’année 2000. Le Congrès a choisi
d’ignorer les recommandations de la Commission’. Des milliards ne
signifient rien lorsque l’existence même de notre système
est en danger.
On pourrait
penser qu’ils auraient tenté de manipuler le prix de
l’uranium lorsqu’il atteignait 140 dollars il y a quelques
années. Ou encore le prix du sucre après qu’il ait
franchi la barre des 28 dollars l’année dernière. Tout le
monde a besoin de sucre.
Il n’est pas nécessaire de manipuler
ces marchés. Premièrement, aucune de ces ressources n’est
une monnaie. Elles ne représentent donc pas une menace pour la survie
de l’Etat. En plus de cela, il n’est pas nécessaire de les
manipuler, parce qu’il suffit au gouvernement de truquer l’indice
des prix à la consommation pour minimiser le taux d’inflation
réel. Il n’est donc pas nécessaire de gâcher des
ressources limitées pour intervenir sur ces marchés.
Malgré
le fait que l’or puisse agir en tant que signal d’alarme,
très peu d’Américains – ou devrais-je dire
quasiment personne – savent qu’il existe ou encore s’y
intéressent en tant qu’autre chose qu’une simple question
académique. La suppression du prix de l’or est non seulement
bien plus étendue mais également bien moins importante
qu’elle ne l’était au cours de son précédent
marché haussier.
Je suppose que la plupart des gens comprennent
d’instinct que quelque chose ne va pas lorsque le prix de l’or
augmente et tout particulièrement lorsqu’il augmente très
rapidement. Regardez ce qu’il s’est passé dans les
années 1970. Ceux qui ont compris l’or l’ont compris
très tôt. Alors que le prix de l’or grimpe, de plus en
plus de personnes s’y intéressent et sautent dans le train en
marche. A la fin des années 1970, au sommet du marché haussier
de l’or, tout le monde s’intéressait au prix de
l’or. Il se passe exactement la même chose aujourd’hui,
mais puisque l’intervention sur les marchés a prévenu
toute hausse rapide du prix de l’or, nous n’en sommes encore
qu’au début de son marché haussier. Ce n’est pas
une coïncidence si une fluctuation à la hausse du prix de
l’or prend fin 1% en dessous du prix atteint lors de la fermeture des
marchés de la veille. Il s’agit d’une anomalie statistique
que l’on trouve uniquement sur le marché de l’or et qui
n’existe sur aucune autre marché.
Il est important de s'intéresser à
la manière dont les gens perçoivent l’or. Ce qui peut
être vrai pour les Etats-Unis et l’Occident ne l’est pas
nécessairement pour l’Asie, où beaucoup plus de personnes
reconnaissent les qualités monétaires de l’or.
Voici
une question à laquelle j’aimerais que l’on apporte une
réponse :
Q :
Pourquoi ces banques (JPMorgan, etc…)
s’intéressent-elles aux prix des métaux ?
La
seule réponse qui pourrait l’expliquer réside en ce
qu’elles agissent en tant qu’intermédiaires du
Trésor des Etats-Unis. Le Trésor n’intervient pas
lui-même sur les marchés, mais peut-il ordonner à une
banque commerciale d’acheter ou de vendre de l’or ?
Peut-être bien. Nous ne disposons malheureusement d’aucune preuve
qui puisse permettre de le prouver.
Des preuves, il en existe. Commençons par
citer le témoignage fait par Alan
Greenspan en 1998. Il y explique lui-même que ‘les banques
centrales se tiennent prêtes à louer de l’or en grandes
quantités si son prix venait à augmenter’.
J’aimerais expliquer cette phrase sans
utiliser le terme ‘location’, qui est devenu dans les
années 1980 le terme politiquement correct pour décrire le
prêt d’or aux sociétés minières. Parce que
l’or avait supposément été
démonétisé par le président Nixon en 1971, il
devait dès lors être ‘loué’ plutôt que
‘prêté’.
Lorsque de l’or est prêté,
lorsque le contrat de prêt arrive à échéance,
l’emprunteur retourne le poids d’or ainsi qu’un
intérêt en or à son créditeur. Ainsi, le
prêteur n’est pas affecté par le prix de l’or. Il
prête de l’or et le récupère avec
intérêt lorsque le contrat de prêt arrive à
maturité. Lorsque Mr Greenspan explique que les banques centrales
prêteraient des quantités de plus en plus importantes d’or
si le prix de ce dernier venait à grimper, la seule raison
qu’elles auraient de le faire serait de plafonner sur le prix de
l’or. L’emprunteur vend l’or emprunté à la
banque centrale, augmentant ainsi les quantités d’or disponible
sur les marchés, ce qui entraîne une baisse de son prix.
L’emprunteur utilise ensuite les dollars obtenus de cette vente pour
investir sur des actifs en dollars.
Cette pratique remonte au début des
années 1990, après que Citibank et d’autres grosses
banques Américaines furent déclarées insolvables
après la crise du crédit immobilier. Le gouvernement ayant tout
juste refinancé le secteur de l’immobilier, un plan de sauvetage
des banques était politiquement impossible. Greenspan augmenta
fortement le taux de rendement des obligations Américaines. Les
banques empruntèrent autant qu’elles purent auprès de
créditeurs peu chers afin d’investir sur des obligations au rendement
de 5 à 6% et sur d’autres actifs en dollars. Elles pouvaient
alors emprunter de l’or à taux 0,5%, et ainsi tirer un important
profit de leurs opérations ce qui leur permettait de rétablir
leur assise financière et de sortir de leur situation d’insolvabilité.
Cette stratégie fonctionne uniquement si
le prix de l’or est stable ou en baisse, ce qui a été le
cas du début des années 1990. Si le prix de l’or augmente
plus que les profits des banques, alors ces dernières enregistrent une
perte. Lorsque le prix de l’or passait au-dessus de 400 dollars
l’once au début de l’année 1996, soit un niveau de
prix qui n’avait pas été atteint depuis des
années, les banques réalisèrent qu’elles avaient
un gros problème. En plus de cela, toutes les banques ayant
pratiqué cette stratégie ne se sont pas rendu compte de
l’ampleur que ce problème prenait d’un point de vue
collectif. Les banques avaient emprunté de telles quantités
d’or qu’elles ne pouvaient couvrir leurs positions sans en faire
flamber le prix et risquaient donc d’enregistrer des pertes sur leurs obligations
en or. Les banques firent appel à la Fed, qui se tourna ensuite vers
l’ESF. L’ESF est ensuite intervenu en mettant en place ce qui est
depuis devenu un effort continu de contenir le prix de l’or.
Pour vous convaincre du rôle de l’ESF
sur le marché de l’or, je vous conseille de lire mes deux
articles : “The Smoking Gun”
et “Smoking
Gun Follow-Up”. Ce troisième
article est également intéressant : “What
Is Happening to America's
Gold?”.
Il explique la manière dont la Fed a cessé de rapporter les
activités de l’ESF sur le marché de l’or
après la publication de mon premier article The Smoking Gun.
Je
recommande également la lecture de “The Federal Reserve's Blueprint for Market Intervention”.
Ce document fournit des preuves primaires d’une intervention sur le
marché de l’or.
Et
si vous désirez lire les trésors d’information qui ont
été découverts par le GATA (www.GATA.org)
au cours de ces dernières années, je vous suggère de
commencer par cette présentation
faite par Chris Powell, secrétaire et trésorier du GATA,
lors d’une conférence tenue à Vancouver en janvier
dernier. Si vous êtes intéressé, le GATA dispose
d’une base
de données très importante.
Pour
conclure, les intérêts de banques et ceux des gouvernements ont
conflué. Aucun ne voulait voir grimper le prix de l’or, bien que
ce soit pour différentes raisons. Les banques ne voulaient pas
enregistrer de pertes à la suite de leurs contrats d’emprunt sur
l’or, dans le même temps que le gouvernement ne voulait pas
qu’une hausse du prix de l’or signale une
dépréciation du dollar. Le gouvernement s’est donc
allié aux banques bullion afin d’intervenir sur le marché
de l’or, formant ainsi ce que nous appelons aujourd’hui le
‘cartel de l’or’. En prenant en considération
l’importance de la monnaie aux yeux de l’Etat, nous pouvons nous
rendre compte qu’une intervention sur le marché de l’or
est essentielle au maintien du système monétaire actuel.
Il
serait intéressant de se demander ici ce qu'est ce système et
qui le gère. Est-il ce contre quoi le président Eisenhower nous
avait mis en garde lors de son adresse à la nation ? Voici ce
qu’il a déclaré: ‘les
Conseils gouvernementaux doivent empêcher l’acquisition de toute
influence injustifiée par le complexe militaro-industriel. La
possibilité d’une montée en puissance désastreuse
de pouvoirs illégitimes existe, et persistera toujours’.
Ce
pouvoir identifié par Ike a-t-il depuis pu être remplacé
par un nouveau ‘complexe militaro-industriel’ ? Je ne
connais pas la réponse à ces questions, mais je suis
d’accord avec tous les Américains qui pensent que leur pays se
dirige dans une mauvaise direction.
Ces
banques n’ont jeté aucun de leurs chiens dans
l’arène ; elles ne devraient pas se soucier des prix des
métaux précieux et n’ont aucune raison d’essayer de
manipuler le marché.
Les
banques s’intéressent à trois choses.
Premièrement, elles empruntent de l’or pour financer leurs
investissements sur d’autres actifs et ne désirent pas
enregistrer de perte suite à une hausse du prix de l’or.
Deuxièmement, leur protecteur, celui qui leur garantit leur monopole
(le gouvernement) s’inquiète également d’une
éventuelle hausse du prix de l’or. Troisièmement, les
banques peuvent tirer des profits conséquents des informations dont
elles disposent quant aux interventions futures du gouvernement sur les
marchés.
A
suivre
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