Suite de la troisième
partie
Q :
Pourquoi les traders ne critiquent-ils pas les tentatives ridicules de leurs
patrons à combattre un marché haussier vieux de 10 ans ?
Dans ce milieu, tout le monde se connaît, et les traders sont bien
connus pour être de vraies pipelettes quand il en vient à parler
potins. Il est difficile pour eux de garder secrète une
activité illégale bien longtemps. Deux parties peuvent
être capables de garder le silence. Mais six ou huit banques
commerciales menant leurs opérations au grand jour ? On dit
souvent que trois personnes peuvent uniquement tenir un secret si deux
d’entre elles sont décédées. Comment
empêcher que le voile soit levé sur une demi-douzaine
d’opérations commerciales ? Wall Street est le premier
moulin à rumeurs du monde, mais nous n’avons jamais pu entendre
de rumeur (autre que celles générées par les cercles de
théoriciens de la conspiration) voulant que les banques commerciales
agissent, ensemble ou individuellement, en tant qu’agents de Timmy Geithner.
Prenons par exemple le cas du dénonciateur Andrew Maguire,
qui a déclaré être au courant de la volonté
d’une banque de manipuler le marché de l’argent. Lors
d’une discussion téléphonique avec un représentant
de la CFTC, il a expliqué la manière dont le prix de
l’argent était susceptible d’évoluer du fait de
cette manipulation. Peu de temps après, le prix de l’argent
fluctuait exactement selon ses prévisions. Andrew Maguire
fut ensuite victime d’un accident de voiture avec délit de fuite
qui le fit passer très près de la mort, un accident qui a
certainement suffit à dissuader d’autres dénonciateurs de
prendre parole. Dans tous les cas, bon nombre de jeunes traders d’une
vingtaine d’années employés par les banques n’ont
aucune idée de ce qu’il se passe réellement. Ils ne font
que ce qu’on leur dit de faire, et profitent du bonus qui leur est
offert à la fin de chaque année.
Q: Si,
comme nous le pensons, ces banques se sont effectivement trouvées
à court d’or et d’argent dès l’année
2001, alors que les prix des métaux étaient respectivement de
255 et 4,25 dollars, comment peuvent-elles absorber des centaines de
milliards de dollars de pertes ? Pensaient-elles pouvoir ramener le prix
des métaux précieux à une fraction de leur prix de
1971 ? Les salles de négoces commettent des erreurs, mais elles
ne conservent pas leurs positions à découvert tout au long de
l’un des plus importants marchés haussiers de l’Histoire
– sans quoi les traders pourraient dire adieu à leurs bonus. Il
faudrait être vraiment stupide pour vendre ses positions sur l’or
sans se soucier de son éventuel profit.
Les banques reçoivent les faveurs des
gouvernements. Cela a toujours été le cas, et le sera toujours.
C’est pourquoi elles bénéficieront toujours de plans de
sauvetage.
Comme nous l'avons dit
précédemment, les intérêts des banques et ceux du
gouvernement sont confondus. Ni les banques ni le gouvernement ne veulent
d’un prix de l’or en hausse. Les interventions du gouvernement
ont deux objectifs principaux.
Premièrement, le gouvernement tente de
plafonner le prix de l’or afin de permettre aux banques de se lancer
dans des opérations commerciales et de sortir de l’impasse.
L’objectif de tout cela est d’éviter les pertes. Alors que
les banques se débarrassent de leurs positions sur l’or, la
capacité du gouvernement à créer une infinité
d’or-papier permet d’influencer le marché à leur
avantage. Pour en savoir plus quant à ce phénomène, je
vous conseille de lire mes articles Picking the Market's Pocket Again et Picking the Market’s Pocket,
Part Two.
Deuxièmement, en contrôlant le prix
de l’or, le gouvernement des Etats-Unis renforce l’illusion que
le dollar mérite toujours de porter le titre de devise de
référence internationale, bien que nous sachions tous que ce
n’est en réalité plus le cas. En plus de cela, le
contrôle du prix de l’or a également l’avantage de
pouvoir contenir les prévisions inflationnistes, un objectif souvent
cité par les représentants de la Réserve
Fédérale.
Q :
Où et comment obtiennent-elles le capital leur permettant de couvrir
ces pertes ? N’ont-elles jamais entendu dire que ‘toute
personne qui vend ce qui ne lui appartient pas doit le rendre ou être
jetée en prison’ ? Aucune banque ne peut immobiliser des
milliards de dollars de capital et combattre le marché une
décennie durant.
Les banques n’immobilisent pas de capital parce
qu’elles opèrent sur les marchés papier de l’or et
de l’argent et créent des produits dérivés
n’étant ni régulés ni portés sur leurs
bilans. Il s’agit là de passifs éventuels qui ne
requièrent pas de capital bancaire.
Q: Qui
est à l'origine de cette idée de suppression du prix des
métaux précieux par le biais des marchés à
termes ? Voici ce que m’a répondu un écrivain
financier célèbre lorsque je lui posais cette question il y a
quelques temps : ‘Les banques commerciales, il y a de cela 25 ans,
ont découvert qu’elles pouvaient dominer les marchés et
forcer les analystes techniques à aller et venir à leur
avantage sur les marchés. Le problème, c’est
qu’elles ont mal géré les choses et sont restées
trop longtemps, ce qui fait qu'elles se retrouvent coincées
aujourd'hui'... Une chose est sûre : personne (et
particulièrement pas une banque commerciale) ne pourrait se permettre
de s’enliser au point de rester coincé 12 années durant
dans l’un des plus importants marchés haussiers de l’Histoire.
Je suis d’accord avec vous sur le fait que
l’écrivain que vous citez passe à côté du
problème. Les banques sont coincées simplement du fait
qu’elles doivent rembourser de l’or physique autrefois
emprunté pour financer leurs actifs en dollars. Leurs interventions
sur le marché de l’or leur permet de gagner du temps pour
clôturer leurs positions et contrôler les pertes
qu’entraînerait un prix de l’or qui ne soit pas
plafonné.
L’un des aspects du point de vue de
l’écrivain n’est cependant pas tout à fait faux.
Dans mes deux articles mentionnés ci-dessus, Picking the Market's Pocket Again et Picking the Market's Pocket, Part Two, j’explique que les banques opèrent
autour des analystes techniques et des suiveurs de tendances, qu’ils
soient importants ou non. Elles en font ainsi afin d’obtenir des
profits suffisant à contrebalancer les pertes enregistrées par
leurs passifs sur l’or à mesure que le prix de l’or
grimpe. Mais si une banque manque à rembourser l’or physique
emprunté à une banque centrale, cette banque centrale déresponsabilise
la banque commerciale et enregistre elle-même une perte plutôt
que de forcer la banque commerciale à y faire face. Les gouvernements
(j’entends par là les contribuables), ainsi que toute personne
possédant des devises dépréciées par ces
politiques favorables aux banques, en paient les frais – et non les
banques.
Q:
Pourquoi les banques ne combattent uniquement que les marchés
haussiers de l’or et de l’argent ? Pourquoi ne tentent-elles
pas de supprimer le prix du cuivre, du platine ou encore du palladium ?
Pourquoi n’en font-elles pas de même pour toutes les autres
ressources dont nous disposons ?
Ces autres marchés n’ont aucune
importance, comme je l’ai déjà expliqué plus haut.
Seuls l’or et l’argent sont des monnaies. Seuls l’or et
l’argent ont un taux d’intérêt et sont
échangés en situation de contango
(à moins que la devise dans laquelle leur prix est exprimé soit
proche de l’effondrement). L’or et l’argent ont des
attributs uniques que les autres ressources ne possèdent pas.
Q :
Pourquoi le Trésor (s’il se cache derrière un complot de
suppression du prix de l’or) rend-il les choses plus faciles pour les
Chinois, les Russes, les Indiens, et tous les autres pays en
développement, en supprimant le prix de l’or ? Ces pays
tirent avantage d’un prix métal peu élevé pour
acheter plus.
Le gouvernement des Etats-Unis agissait-il en le
plus grand intérêt de son pays lorsque, dans les années
1960, il autorisait à ce que 300 millions d’onces d’or
soient retirées de Fort Knox et échangées à hauteur
de 35 dollars par once ? Pensez-vous réellement que ceux qui interviennent
sur le marché de l’or le fassent dans
l’intérêt de leur pays ? Tout ce qu’ils
veulent, c’est maintenir leur système à flots.
Si
quelqu’un pouvait répondre à ces questions, j’en
serai grandement reconnaissant. Je conseille à mes lecteurs
d’acheter de l’or – même aux prix actuels –
mais j’aimerais qu’ils le fassent pour les bonnes raisons.
J’ai l’impression que les arguments voulant que le prix de
l’or soit manipulé tiennent parfois plus du domaine religieux
que de la raison économique.
Je ne pense pas que l'on puisse ici parler de
croyance religieuse, mais j’ai toutefois répondu à
certaines questions de Doug par mes propres questions. Je n’ai donc pas
à proprement parlé répondu à toutes ses
questions, ce qui me permet de souligner un point important.
L’enquête quant au fonctionnement
interne du marché de l’or, aux décisions prises derrière porte close et loin du regard du public,
est toujours en cours. Elle l’est depuis maintenant de nombreuses
années, et le GATA a depuis le début compilé de nombreux
documents capables de prouver que quelque chose cloche, que le commerce de
l’or est influencé par l’intervention du gouvernement afin
qu’il ne puisse augmenter jusqu’à atteindre sa juste
valeur. Pour dire les choses autrement, en autorisant le prix de l’or
à grimper d’année en année, les gouvernements
espèrent que les gens ne s’apercevront pas de ce qui arrive au
dollar, qui autrefois, comme Doug Casey et moi-même pouvons nous en souvenir, était ‘tout aussi bon que
l’or’.
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