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Rentrée : la colère monte et le rejet s'accentue

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Published : February 06th, 2013
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Category : Editorials

Des révélations du quotidien d’El Pais mettent en cause Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol, qui joue désormais sa survie, et la quasi totalité des responsables du Partido Popular, son parti. Des enveloppes sont brandies dans les manifestations spontanées de Madrid, symbolisant celles qui ont été reçues des années durant. La boucle est bouclée : des entreprises du BTP, financées par des banques arrosent des hommes politiques. Ensemble, ils laissent se constituer une bulle immobilière massive qui, lorsqu’elle crève, est subie par ceux qui subissent les effets de la rigueur du désendettement. Et l’on s’étonnera que la colère monte en Espagne : en trois jours, une pétition réclamant la démission de Mariano Rajoy a réuni plus de 800.000 signatures.

C’est en faisant référence à cette même colère, et en annonçant « nous n’allons pas répéter les erreurs du passé », que George Osborne, le chancelier de l’échiquier britannique, vient de menacer les banques de durcir les nouvelles règles de fonctionnement les concernant. Selon lui, le régulateur et le Trésor pourraient obtenir du Parlement « le pouvoir d’opérer une séparation totale, et pas juste un cloisonnement » entre banque de détail et d’investissement en cas de manquement. Ce qui fait désordre en Europe, au moment où les gouvernements allemand et français empruntent un chemin radicalement opposé, mais fait penser que les banques britanniques voulaient bénéficier de la même complaisance. Pierre Moscovi, le ministre français, vient de croire bon de préciser qu’il n’était pas « l’ami » des banques mais « leur partenaire », au cas où une ambiguïté se serait installée.

En Italie, Silvio Berlusconi joue de tout son pouvoir de nuisance dans le cadre de la campagne électorale, faisant passer au second plan les enquêtes relatives aux opérations menées par la Banque Monte dei Paschi di Siena qui suscitent une multitude de plaintes et d’enquêtes, mettant en cause les liens étroits qui unissent le monde politique et les banques, via les fondations qui leur servent de paravent. Incitant la Banque d’Italie à mettre en place un cordon sanitaire pour protéger Mario Draghi, qui la dirigeait au moment où les faits sont intervenus. Mais des enquêtes sont en cours et de nouvelles révélations sont considérées comme inévitables. Les chefs d’inculpation à l’encontre d’une dizaine de personnes, qui n’ont pas été prononcés encore, vont de l’association de malfaiteurs à la fraude, en passant par le délit d’initié, la production de fausses informations et l’obstacle à la surveillance par les autorités bancaires. On parle aussi de la distributions de pots-de-vin.

A Athènes, les traces laissées par la liste des évadés fiscaux, opportunément perdue mais finalement retrouvée, dans laquelle figurait le nom de membres de la famille du ministre des finances précédent ne sont pas effacées, un épisode marqué par les poursuites engagées contre un journaliste qui l’avait publiée, qui a été acquitté devant le haut-le-cœur suscité.

A Lisbonne, les dessous du scandale de la banque portugaise BPN, proche du PDS au pouvoir et du président de la République Anibal Cavaco Silva, ont été dernièrement révélés par la chaîne de télévision privée SIC. Les faits datent de l’époque où Vitor Constancio, membre du parti socialiste, était gouverneur de la Banque du Portugal, avant d’être nommé vice-président de la BCE, où il se trouve toujours, tandis que les pertes de BPN ont été épongées à la faveur d’une nationalisation.

Ce ne sont que des échantillons, puisque des scandales bancaires ont aussi bien dernièrement touché l’Allemagne, la Belgique et la France… A noter toutefois l’enquête ouverte au Royaume-Uni, où la Barclays étant soupçonnée d’avoir prêté des fonds au fonds souverain du Qatar pour qu’il les apporte en capital, afin d’éviter à l’époque de subir les affres d’une nationalisation partielle comme ses consœurs…

De nouvelles situations financières précaires sont également mises à jour, car l’opération vérité sur les banques – niée dans son principe – ne peut pas être éternellement repoussée. Cela vient d’être le cas pour le groupe néerlandais de banque et d’assurance SNS Reeal, que le gouvernement a dû nationaliser pour endiguer le danger systémique qu’il représentait, et du Crédit agricole français, qui a dû procéder à des dévalorisations d’actifs importantes, à l’image de Commerzbank en Allemagne. Les autres grandes banques françaises semblent être toujours aussi curieusement immunisées, avec la bénédiction de la Banque de France.

Entre temps, et ce n’est pas sans relation avec les révélations, les amendes pleuvent dru sur les banques, aux titres les plus divers. Toutes confondues, en dollars et livres sterling principalement, cela se chiffre en dizaines de milliards d’euros. Et ce n’est pas fini. Relevons, ne serait-ce que parce que cela fait référence au conflit opposant en France des collectivités locales et des hôpitaux à Dexia, que le régulateur britannique (FSA) a dernièrement condamné RBS, Lloyds, Barclays et HSBC à rembourser les PME auxquelles elles avaient vendu des produits financiers structurés générant d’importants coûts cachés. La mansuétude des régulateurs français n’est donc pas sans interroger, alors que partout ailleurs les frontières du royaume de l’impunité reculent. Comme si, en raison d’un singulier mouvement de balancier, des sanctions financières rétrospectives étaient considérées comme plus efficaces qu’une régulation préventive voyant très difficilement le jour.

C’est sur l’énorme affaire de la manipulation du Libor et de l’Euribor que pourra être jugée la fermeté des régulateurs, qui sont à pied d’œuvre. Aux États-Unis, la nomination à la tête de la Securities and Exchange Commission (SEC) de Mary Jo White, une ancienne procureur, est pour sa part présentée comme annonçant un tournant. Mais tout cela fera-t-il retomber la colère si des scandales impliquant la sphère politique continuent de sortir les uns après les autres, mettant en évidence les intérêts partagés de ce petit monde affairiste construit sur la connivence ?

Dans l’immédiat, les taux longs espagnols, italiens et portugais, qui avaient baissé, remontent aujourd’hui devant les incertitudes politiques et les tensions sociales…

PS : Je ne suis pas un grand fan des commémorations, mais comment ne pas signaler que ceci est au compteur mon millième billet ! Félicitations aux lecteurs endurants.

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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Comme d'habitude, les analyse de Paul Jorion sont toujours très pertinentes.
Je tenais juste à préciser que si certains états sanctionnent les banques, il n'y a que très rarement (voir jamais) de sanction pénales, uniquement des amendes.
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Quand un Etat inflige une amende, qu'est-ce que c'est sinon une peine pénale ??
Une peine civile envers le pôvre-état-victime ?
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Je pense que vous avez mal interprété mon propos. Dans un premier temps, les amendes infligées aux banques (notamment dans le scandale du LIBOR) ne sont pas des peines au sens juridique du terme dans la mesure où il s'agit d'accords "amiables" conclus justement pour éviter les poursuites judiciaires par les banques incriminées. Ce que je regrette c'est qu'à aucun moment la responsabilité pénale des vrais responsables de ces fraudes ne soit recherchée. Il faut arrêter de parler de négligence, ou de simple erreur, il s'agit ici d'un véritable holdup à l'échelle mondiale. Quand on parle de truquer les taux LIBOR et EURIBOR cela impact des centaines de milliards d'euros de transaction. Les lésés se compte par million, du petit étudiant qui souscrit un prêt pour financer ses études à l'épargnant qui a vu son taux d'intérêt faussé.
Je pense qu'à un moment, il faudra que la justice s'applique à tous, pas seulement au petits dealer de quartier mais aussi au grand patron en col blanc qui ont spolié des centaines de milliards et qui en définitive lorsqu'ils sont pris la main de le sac ne se voient infligé qu'une tape.
Je ne comprends pas qu’on puisse arrêter des enquêtes sur ce genres de délits en payant des amendes, c’est comme si un braqueur de banque disait à l’Etat : « bon, je vous paye 500 millions d’euros pour ne pas aller en prison » C’est inadmissible ! Et dire que les états sont complices de ça … enfin pas en France car ici, le scandale du LIBOR on en parle pas et personne n’est inquiété.
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d'autant qu'en l'absence d'enquête approfondie, seule la partie coupable a une idée du montant des malversations !!



Un arrangement sur une somme coquette empêche la poursuite des enquêtes, et peut s'avérer une très bonne affaire si la magouille était encore plus grosse !
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tout à fait d'accord.
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tout à fait d'accord. Read more
niko_la972 - 2/8/2013 at 9:43 AM GMT
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