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Le nationalisme des
ressources et le risque politique
Le nationalisme des ressources
est la tendance des individus et des gouvernements à prendre le contrôle,
pour des raisons stratégiques et économiques, des ressources naturelles
situées sur leur territoire.
Les bénéfices du développement
de leurs ressources naturelles par les pays en développement prennent des
formes diverses :
- Une hausse
des salaires et de l’emploi
- Revenus
gouvernementaux – taxes, royalties et dividendes
- Bénéfices
indirects tels que le transfert de connaissances et de technologies
- Investissements
étrangers, qui peuvent aussi impliquer des investissements en
infrastructure, parfois de très grande échelle – réseaux électriques,
distribution des eaux, routes, voies ferroviaires, ponts et ports
Le président indonésien
Yudhoyono a interdit en janvier dernier les exportations de minerai depuis la
plus grosse économie d’Asie du sud-est. Il est d’avis que les investissements
et les hausses de prix feraient plus que compenser les pertes d’emploi et les
pertes de revenus générées par les livraisons de minerai non-effectuées. Le
Ministère pour les ressources minérales et l’énergie a décrété le 14 août que
l’interdiction d’exporter demeurerait en place pour le moment. Cette
interdiction pourrait générer jusqu’à 18 milliards de dollars
d’investissement sur des usines de transformation d’ici à 2017. 4,5 milliards
de dollars ont été investis depuis le début de l’année.
Les sociétés d’extraction de
ressources, en raison de la diminution du nombre de découvertes et de
l’épuisement des dépôts existants, ont eu à se diversifier hors des pays
traditionnellement sûrs géopolitiquement.
Cette décision a exposé les
investisseurs à une certaine dose de risque.
« Les
gouvernements nationaux ne sont pas les seules, ni les principales, sources
de risques politiques pour les projets miniers. Les risques politiques
peuvent provenir des gouvernements, des ONG locales et internationales, des
groupes communautaires, des compétiteurs locaux ou d’autres groupes
politiques. Les problèmes qui se posent aux sociétés minières sont également
assez variés, depuis la corruption jusqu’au scrutin des OGN en passant par le
besoin d’une licence pour poursuivre leurs activités, le manque de clarté en
matière de législation, le manque d’infrastructure et l’épidémie du
VIH », a déclaré Ben Cattaneo, spécialiste des risques politiques pour
les sociétés minières.
Ressources humaines
Le Mining Industry Human
Resources Council (MIHRC) estime que plus de 60.000 personnes employées par
les sociétés minières devraient passer à la retraite d’ici à 2020, et que
l’industrie aura d’ici là besoin de 100.000 personnes pour maintenir son
niveau actuel de production.
Le Petroleum Human Resources
Council of Canada nous a déjà mis en garde de l’arrivée imminente d’une
pénurie de travailleurs, qui devrait nécessiter l’embauche de 24.000 nouveaux
employés en 2014.
Pour les industries minière et
pétrolière, le plus gros de la demande concerne des travailleurs qui
approchent l’âge de la retraite.
La pénurie actuelle de main
d’œuvre spécialisée et le passage à la retraite des baby-boomers (bon nombre
des managers de niveau intermédiaire) signifient que le secteur minier est en
compétition directe avec le secteur de l’énergie en matière de formation, et
qu’il y a peu de chance que les deux industries parviennent à obtenir la main
d’œuvre nécessaire.
« L’une des épreuves qui
se présente à Teck Cominco est l’approche d’une pénurie de main d’œuvre. Près
de 50% de notre force de travail devrait prendre sa retraite d’ici dix
ans ». Donald Lindsay, président et PDG, Teck Cominco Limited
Le cas du cuivre
Kitco a
certaines choses à nous dire concernant le cuivre :
« L’urbanisation et
l’industrialisation de la Chine et, dans une moindre mesure, de l’Inde,
continuera de faire grimper la demande en cuivre et devrait menacer la production
globale de métal rouge d’ici à 2019.
Pour un certain nombre de pays
développés appartenant à l’Organisation pour la coopération économique et le
développement, le développement de nouveaux projets miniers est devenu un
problème face au renforcement des régulations, aux risques environnementaux
et à l’incapacité des sociétés à prédire avec précision leurs dépenses de
capital, qui font grimper le coût des projets sans annuler le risque posé par
l’opposition politique.
Bien que la production de cuivre
puisse augmenter au cours de ces prochaines années, la hausse de la demande
et la baisse du capital d’investissement pour l’exploration de terrains et le
développement de nouveaux projets devraient déboucher sur des pénuries d’ici
2020.
La tendance de long terme
qu’est la baisse de qualité des gisements de cuivre présente aussi un
problème. Depuis 2000, la teneur moyenne des gisements de cuivre, avant
ajustement, est passée de 1,3 à 1,1% en 2012. Après ajustement, elle est
certainement de moins d’1%, puisqu’un grand nombre de mines de cuivre
produisent déjà depuis plusieurs décennies, et ne disposent plus pour
beaucoup que de gisements de minerai à très faible teneur (moins de 0,5% de
cuivre). A mesure que la teneur décline, le coût d’extraction par tonne
augmente », Kitco.com, Multi-Year Global Copper Market Outlook
Une étude
menée par l’Université de Yale précise que de nouvelles découvertes de
gisements de cuivre ont permis une augmentation des réserves globales de
0,63% par an depuis 1965, alors que la consommation a augmenté de 3,3% par an
sur la période.
Ce que nous
savons :
- Les réserves
les plus facilement exploitables l’ont déjà été
- La
métallurgie devient plus complexe
- L’énergie est
chère, et il faut en dépenser de plus en plus pour produire la même
chose
- Il n’y a
aucun substitut aux métaux que d’autres métaux – les tuyaux en plastique
sont une exception
- Le secteur
minier n’a fait l’exception d’aucune avancée technologique depuis des
décennies – la lixiviation en tas et les mines à ciel ouvert ont déjà
plusieurs décennies
- Les mines
vont devenir de plus en plus profondes et vont faire face à toujours
plus de risques politiques
- Des pénuries
de main d’œuvre se présentent, les baby-boomers prennent leur retraite,
et il y a de moins en moins de gens pour les remplacer
- Des pénuries
sont imminentes, et le risque de conflits générés par un manque de
sécurité de l’offre se développe
Les industries minières de
nombreux métaux présentent un certain nombre de similarités :
- Ralentissement
de la production et réduction des réserves pour un certain nombre des
plus grosses mines du monde
- Le nombre de
découvertes importantes a fortement diminué
- Toutes les
onces disponibles ne sont jamais extraites – elles finissent par devenir
trop chères à extraire
Conclusion
Beaucoup sont persuadés que
les problèmes d’aujourd’hui n’ont fait que déranger temporairement les
super-cycles des ressources, et que les récentes ventes ne sont rien de plus
qu’un renversement de tendance sur le court-terme sur un marché haussier.
Avez-vous certains métaux et
juniors minières sur le cuivre sur votre radar ?
Si ce n’est pas le cas, ils
devraient peut-être l’être.