Selon les rapports de
croissance démographique, nous pourrions nous attendre, en l’absence d’une
troisième guerre mondiale ou d’une mutation du virus de l’Ebola, à une
population de 11,4 milliards de personnes sur Terre avant les années 2060.
Nous sommes 7 milliards aujourd’hui. Un gain de 50% sur une si courte période
représenterait une lourde épreuve pour notre capacité à satisfaire à nos
besoins, ou encore pour l’établissement dans le monde en développement d’un
standard de vie auquel les citoyens du monde développé sont aujourd’hui
habitué.
La rareté croissance des
minéraux – les métaux que notre société industrielle et connectée utilise
chaque jour pour supporter son mode de vie – est un sujet avec lequel nous
deviendrons tous familiers. Nous ne pourrons fermer les yeux longtemps sur le
fait que nous vivons sur une planète qui nous offre des ressources limitées
et dont la population ne cesse plus de croître.
Commençons par ce que nous
savons :
- Pendant ces
quelques douze dernières années, l’offre a eu des difficultés à
satisfaire la demande
- Nos
ressources de métaux sont limitées et sujettes à une demande croissante
de la part des nations en développement
- La
production de métaux est cyclique et traverse des phases de forte
production et des phases de ralentissement liées de près aux cycles
économiques – le déclin de la production a historiquement été liée à la
baisse de la demande et des prix, et non à la rareté
- Les taux de
production et les réserves changent continuellement en réponse aux
mouvements des marchés et aux avancées technologiques
- Une majorité
de nos ressources minérales ne seront pas épuisées dans un futur proche
- Si l’énergie
était peu chère et illimitée, alors les ressources recouvrables seraient
illimitées
Mais
- La
découverte et le développement de projets deviennent de plus en plus
difficiles et coûteux
- La teneur
moyenne en minerai s’appauvrit et la production augmente
- Nos métaux
les plus vitaux souffrent d’un déclin de qualité (leur composition
chimique ou structurelle est inférieure) et d’une hausse du coût
d’extraction
- Notre
prospérité a toujours reposé sur l’idée que la production de ressources
génère plus de ressources qu’elle n’en coûte. En revanche, le coût de
l’énergie* augmente, et les rendements de l’énergie consommée diminuent.
Viendra un jour où la quantité de ressources utilisée pour l’extraction
de nouvelles ressources sera de 100%
- Une majorité
des mines les plus anciennes, sur lesquelles repose la base de nos
réserves, ont vu leurs coûts de production grimper et leur taux de
production stagner ou diminuer
- Le taux de
découverte est plus faible que le taux de déplétion
*L’énergie peut être
représentée comme étant un proxy de la main d’œuvre, de l’énergie et des
externalités – impact environnemental et communautaire, etc…
La classe moyenne
globale
La classe moyenne qui émerge
aujourd’hui est un facteur qui contribue grandement à la transformation de la
demande globale sur les marchés des marchandises, et la consommation par tête
des pays en développement est encore nettement moins élevée que dans les pays
développés.
Les dépenses en
infrastructures et les dépenses discrétionnaires des consommateurs sont les
clés de la hausse de la demande – sur les marchés émergents, de plus en plus
de personnes se déplacent depuis les zones rurales vers les villes, et la
hausse de la consommation applique une pression à la hausse sur les
marchandises.
La Banque
mondiale estime que la classe moyenne globale devrait passer de 430 millions
d’individus en 2000 à 1,15 milliards en 2030. La Banque définit la classe
moyenne comme gagnant entre 10 et 20 dollars par jour – un taux ajusté aux
prix locaux.
Une grande proportion de la
classe moyenne globale se trouve actuellement en Europe, en Amérique du Nord
et au Japon.
Dans les années 1970 et 80, la
Corée du Sud, le Mexique, le Brésil et l’Argentine ont vu se développer en
leur sein de petites populations de classe moyenne. C’est aujourd’hui le tour
de la Chine, de l’Inde, de l’Asie et de l’Afrique de voir croître leur classe
moyenne. En 2000, les pays en développement représentaient 53% de la classe
moyenne globale. En 2030, ce pourcentage devrait être passé à 93%.
Le graphique ci-dessous est
tiré de PricewaterhouseCoopers (PwC), « Minerals and metals scarcity in
manufacturing: the ticking timebomb », un sondage mené auprès des
directeurs de sociétés globales sur l’impact de la rareté des minéraux et des
métaux pour les entreprises.
PwC
Penchons-nous sur les épreuves
auxquelles fera face l’industrie minière. Le cuivre est un excellent objet
d’étude.
La consommation de
cuivre
Aux Etats-Unis, la
consommation de cuivre par tête était de 10 kilos en 1965. Elle était la même
en 1905. Au Japon, sur la même période, la consommation de cuivre par tête
est passée de 6 à 11 kilos. En Corée, la consommation de cuivre était de
moins de 1.000 tonnes en 1965. En 1995, elle avait atteint 637.000 tonnes,
soit plus de 14 kilos par tête.
En Chine, même après plusieurs
années de croissance économique, la consommation de cuivre par tête est
encore de 5,4 kilos par tête. A mesure que la population chinoise s’urbanise,
construit des infrastructures et devient une société de consommation, sa
consommation de cuivre devrait approcher voire dépasser celle des Etats-Unis,
du Japon et de la Corée. Il y a 1,3 milliard de personnes en Chine. Même une
légère hausse de la demande chinoise se traduirait par une très importante
croissance de la demande.
En Chine, l’indice
préliminaire des directeurs d’achat est passé à 50,5 contre 50,2 en août. Un
nombre supérieur à 50 signifie une expansion du secteur manufacturier. Tout
nombre inférieur à 50 signifie qu’il y a eu une contraction. Il s’agit du
quatrième mois consécutif au cours duquel l’indice préliminaire des
directeurs d’achat de la Chine est supérieur à 50, ce qui signifie que le
secteur manufacturier se stabilise.
Les données du Bureau mondial
pour les statistiques liées aux métaux précieux montrent que la consommation
de cuivre sur douze mois flambe en Chine (qui est déjà le plus gros
consommateur mondial pour ce métal), alors que la consommation des Etats-Unis
est au plus haut depuis 2009. Les Etats-Unis sont le deuxième plus gros
consommateur mondial de métal rouge. Les activités manufacturières des
Etats-Unis sont proches d’un record à la hausse sur quatre ans et demi, et
les emplois ouvriers sont en hausse. Selon Morgan Stanley, la demande en
cuivre des Etats-Unis devrait gagner 4,4% cette année pour enregistrer une
deuxième année de hausse consécutive. Les ventes de nouveaux logements ont
augmenté en août pour atteindre leur niveau le plus élevé en six ans.
L’Inde, avec son 1,2 milliard
d’habitants, consomme actuellement 0,4 kilo de cuivre par tête. Le pays se
modernise et a besoin d’investir énormément sur son infrastructure
électrique. Selon l’Agence internationale pour l’énergie, la production
d’énergie de l’Inde devrait gagner 20% par an pour répondre à la croissance
démographique et économique. Une capacité énergétique suffisante permettrait
le doublement de la consommation de cuivre annuelle de l’Inde.
L’économie de l’Inde a gagné
5,7% au cours du deuxième trimestre de cette année, sa hausse la plus rapide
en deux ans et demi. Le nouveau gouvernement de Narendra Modi se concentre
sur les partenaires asiatiques de son pays, la Chine et le Japon, pour
développer les investissements en manufacture et en infrastructures. Le
modèle de croissance de la Chine et du Japon – manufacture d’exportations,
construction massive d’infrastructures et urbanisation – a été adopté par
l’Inde qui espère pouvoir pousser son taux de croissance au-delà des 7%.
La consommation globale
annuelle moyenne de cuivre par tête est de 2,7 kilos.
A suivre…