N’ayant
rien dans les mains, Mario Draghi a annoncé
que la décision de sauver l’euro avait été prise
à l’unanimité et que la BCE était prête
à intervenir sur le marché obligataire ! Il a jugé
« inacceptables » les taux que doivent consentir certains pays
sur le marché, mais il a n’a pas joint le geste à la
parole.
C’est
à croire que la BCE, la Fed et la Banque d’Angleterre, qui
viennent toutes trois de se réunir, se sont mises d’accord entre
elles pour ne pas répondre aux attentes qu’elles suscitent. En y
mettant les formes et en se déclarant l’arme au pied, les
banques centrales ont choisi le statu quo, en attendant des jours pires, elles
pratiquent l’art difficile du sur place. Il y avait deux manière de suivre la conférence de presse de
Mario Draghi : en l’écoutant ou en
regardant monter les taux obligataires italiens et espagnols ou
dégringoler les bourses européennes.
Jens
Weidmann (le président de la Bundesbank) a justifié
par avance cette inaction en expliquant que l’on accordait trop de
pouvoir aux banques centrales, ce dont il s’accommode fort bien par
ailleurs. Sans avoir tout à fait tort…
La
BCE n’est pas revenue sur un LTRO (ses
prêts massifs) présenté comme destiné
à susciter une relance du crédit à
l’économie, qui s’est soldé par un zéro
pointé. Son injection massive, que les banques devront rembourser ou
la banque centrale « rouler », a certes contribué à
stabiliser un moment durant le marché obligataire, les banques
l’utilisant pour financer l’achat de la dette souveraine de leur
pays. Mais cela a été au prix d’un renforcement de leurs
liens financiers avec les États que le dernier sommet européen
avait déclaré vouloir détendre (sans y parvenir pour
sauver les banques espagnoles). Recommencer sur ce mode serait-il « approprié », pour utiliser ce verbe
qu’affectionnent les banquiers centraux ?
Diminuer
le taux directeur, déjà baissé à 0,75%,
n’est pas davantage une solution. Ce ne sont pas les liquidités
qui manquent aux banques, à considérer leurs comptes-courant
à la BCE, et diminuer le coût de leurs nouveaux emprunts
n’aidera en rien les États dans la tourmente. On sait que la
relance des achats obligataires sur le second marché, pour conclure
l’énumération des mesures dont dispose la banque
centrale, se heurte à un blocage déterminé de la
Bundesbank.
La
dernière nouveauté, pour l’instant repoussée,
serait d’adopter des taux négatifs, ce qui reviendrait pour la
BCE à payer les banques qui se présentent à ses guichets
pour emprunter ! Tout, sauf accorder au MES la licence bancaire, ce qui
reviendrait à lui donner table ouverte ! Dans l’immédiat,
les marchés vont devoir se contenter de l’annonce de
l’étude que le conseil des gouverneurs va engager à
propos « de mesures non-conventionnelles supplémentaires, selon
ce qui est requis pour rétablir la transmission de la politique
monétaire », cette fable inventée par Jean-Claude Trichet
pour justifier la quasi création monétaire que
représentent les achats obligataires sur le second
marché…
Ils
sont décidément exemplaires.
Billet
rédigé par François Leclerc
Son livre, Les
CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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