Retirer votre consentement
passif aux pouvoirs en place signifie plus que ce que cette courte phrase
laisse suggérer.
Le retrait de consentement va très
loin. Il représente un divorce avec l’Etat sous toutes ses formes. Il
signifie que vous n’avez plus de devoirs face à l’Etat, que vous percevez
comme fondamentalement injuste et une source d’injustices continuelles, que
vous n’aiderez l’Etat d’aucune manière et ne vous sentirez pas responsable de
ses actions, et que vous percevez l’Etat comme hostile à la paix et à la
société. Il signifie ne pas participer à ses rituels et ne ressentir aucune
appréciation pour ses mythes et symboles. Il signifie un éloignement
psychologique de ses victoires, une avancée vers l’opposé de l’Etat, la
liberté, la paix, l’amitié et le comité, en un mot, la société. Il signifie
ne plus penser à soi comme à un citoyen, et ne plus penser qu’un citoyen a
des devoirs face à l’Etat et les autres citoyens.
Le retrait de consentement
signifie ne pas se considérer comme propriétaire de l’Etat ou influence de
ses idées et actions. Il signifie percevoir l’Etat comme une nuisance. Il
signifie abandonner toute forme de patriotisme et d’adhérence aux symboles de
l’Etat, à ses parades, ses drapeaux, ses promesses, ses hymnes et ses
monuments. Il signifie l’absence de vénération d’une quelconque figure
politique, passée, présente ou future. Il signifie l’absence de vénération de
la Constitution. Il signifie éviter toute forme d’interaction avec le
gouvernement.
Le retrait de consentement ne
signifie pas devenir antisocial. Il signifie le contraire. Préférer un ordre
naturel et la vie en société, la liberté et la propriété sont les
alternatives à l’Etat et à son ordre légaliste artificiel.
Le retrait de consentement va
bien plus loin. Il peut signifier l’entrée dans l’économie souterraine,
l’éducation de ses enfants à domicile, quitter son pays, et éviter les
interprétations des médias grand public.
Le retrait de consentement est
une épreuve de créativité, capable d’être achevé grâce à des techniques
diverses. Il peut se manifester par le boycott de films qui glorifient les
militaires, ou le fait de ne pas supporter les troupes. Il peut signifier
éduquer les autres et encourager les jeunes hommes et femmes à ne pas joindre
l’armée et ne pas travailler pour le gouvernement. Le principe du retrait de
consentement est large. Je ne peux pas possiblement lister tout ce qu’il
recouvre. Ce qui fonctionne pour moi est certainement différent de ce qui
fonctionne pour d’autres, et ce que je dis n’est pas nécessairement vrai pour
tout le monde. Que je n’organise pas des manifestations ou ne me lance pas
dans une grève de la faim ne signifie pas que d’autres ne devraient pas le
faire. Je ne participe à aucun parti politique et je ne vote pas, mais je ne
me mets pas en boule lorsque d’autres me disent qu’ils le font. Au contraire,
les voies du Seigneur sont impénétrables, et il nous est impossible de savoir
ce qui déclenchera un changement. Tout ce que j’essaie de dire est que le
retrait de consentement est un principe bien plus important que ce qu’il ne
paraît.
Pour ma part, le retrait de
consentement ne signifie pas se mettre en colère contre l’Etat ou avoir
recours à la violence. Je n’ai jamais ressenti de haine ou de colère, et
j’essaie tant que possible de ne pas les ressentir. Je ne vais pas confronter
les membres du gouvernement ou leur montrer mon hostilité. J’ai l’impression
que si je m’emportais, l’Etat aurait gagné. Je paie
mes impôts et enregistre ma voiture. Je n’utilise la violence pour aucune
raison, que ce soit contre d’autres personnes ou contre le gouvernement.
J’ai foi en l’ordre naturel
des choses, en la liberté et la propriété privée, qui un jour viendront à
prévaloir sans que la violence ait été utilisée ; et que l’Etat sera un
jour perçu comme une aberration perverse basée sur
des idées fausses. A mesure que le temps passe, même s’il faut attendre cent
ans, les idées de base erronées du gouvernement deviendront si évidentes aux
yeux des gens que le monde entier regardera notre époque comme pure folie. Je
n’ai pas les moyens de savoir ce qui mènera la liberté au pouvoir. Ce qui est
important aujourd’hui, c’est d’avancer vers la justice et le plus loin
possible de l’Etat, et de bien comprendre ce que tout cela signifie.