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Le
système de retraites par répartition, introduit en France sous
le régime de Vichy, craque de toutes parts sous la pression
démographique. En Belgique, les fêlures apparaissent
aujourd’hui au grand jour.
Un
système de retraites par répartition, comme il en existe en
France, en Belgique, et dans de nombreux autres pays, consiste à financer
la pension des retraités par des cotisations sociales
prélevées sur le salaire des travailleurs actifs. Ce
mécanisme, pompeusement qualifié de
« solidarité
intergénérationnelle », contient en germe non
seulement sa propre faillite mais également un conflit intergénérationnel.
Droit
à la faillite, depuis le début
Le contexte
démographique dans lequel évoluent les pays
industrialisés est caractérisé par un vieillissement
progressif de la population : la baisse progressive du taux de
natalité et l’allongement de l’espérance de vie se
conjuguent en effet depuis plusieurs décennies, avec pour effet une
proportion croissante de personnes âgées dans la population
totale. La faillite est mathématique : pour financer plus de
retraites avec des cotisations prélevées sur un nombre plus
restreint de travailleurs, il faut augmenter la contribution des actifs.
Même si ces derniers se laissent imposer sans trop rechigner, cet
expédient a ses limites, et la tendance au vieillissement
s’accélère.
Boum, quand le papy fait boum
Un
deuxième phénomène pèse en effet sur le
financement par répartition : le papy boum. Héritier
logique du « baby-boom », la forte explosion de
natalité constatée au cours des deux décennies qui ont
suivi la fin de la Seconde Guerre Mondiale se traduit aujourd’hui par une
croissance exponentielle du nombre de pensionnés (pour une
illustration, suivez ce lien : http://www.exab.be/2011/papy_boom/).
Toujours plus de pensionnés, toujours moins de cotisants : la
faillite est inéluctable. D’autant que la jeune
génération prend conscience du marché de dupes
qu’on lui propose : elle doit financer les retraites alors
qu’il est désormais clair que le système ne survivra pas
jusqu’à ce qu’elle puisse à son tour en profiter. Pire :
ponctionnée par le système, elle ne peut mettre d’argent
de côté en prévision de cette catastrophe
financière.
La retraite anticipée en ligne
de mire
Il devient de
plus en plus difficile aux autorités de celer le problème.
Comme les vieilles maisons qui se lézardent, le système
commence à montrer ses fissures. Dernière en date : le
système belge de la retraite anticipée. Conçu comme une
alternative aux licenciements massifs en cas de restructuration, la mise
à la retraite anticipée (en belge on dit « prépension »)
partait de la prémisse, évidemment fausse, que mettre des
personnes plus âgées à la retraite permettait de
« laisser de la place aux jeunes ». Croire ainsi
qu’un travailleur plein d’expérience puisse être
remplacé au pied levé par un jeune inexpérimenté
démontre une méconnaissance totale du monde du travail. Sans
compter, évidemment, que cette initiative ajoutait une pression
importante à un système qui s’en serait bien
passé. Aujourd’hui, le dénouement est proche : les
départs naturels à la retraite, conjugués aux
prépensions, plombent l’économie et le déficit de
travailleurs devient énorme, alors que la Belgique présente le
taux d’inactivité des 50/+65 ans le plus élevé
d’Europe. Aujourd’hui, les patrons belges tirent la
sonnette d’alarme. Mais leur message masque encore et toujours le
problème sous-jacent : le système de la pension par
répartition s’écroule et personne ne
s’inquiète de l’avenir des jeunes générations.
P.S. Les lecteurs intéressés
par la faillite du système de la retraite par répartition
trouveront plus d'informations dans "Retraites plombées: comment
l'Etat vole votre avenir", un essai que je viens de co-écrire
avec le journaliste Ludovic Delory et qui
paraît le 29 septembre à la Renaissance du Livre. Centré
sur le système de pensions belge, le livre étudie les principes
de la retraite par répartition, les prémisses erronées
qui le fondent, les justifications dont il a fait l'objet en Belgique et en
France, et enfin sa désastreuse application en Belgique. Plus de
renseignements sur www.retraites-plombees.be.
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