Article de Forbes.com, publié le 23 avril 2016 :
« Pour la vaste majorité des Américains, l’économie de leur pays est
dans un état de stagnation prolongée, bien pire que celui du Japon. C’est en
tout cas le constat lorsqu’on prend en compte les revenus réels, c’est-à-dire
ajustés à l’inflation.
90 % des Américains gagnent plus ou moins le même revenu réel qu’au
début des années 70, d’après une étude récente publiée par le Levy
Economic Institute. La stagnation économique du Japon remonte au début
des années 90.
La stagnation économique n’a pas atteint les 10 % restants, qui ont
assisté à une augmentation conséquente de leurs revenus réels durant la même
période.
Ce constat tranche avec celui des décennies qui ont précédé les années 70,
soit à partir de la fin des années 40, lorsque les revenus réels des 2
groupes ont fortement augmenté durant la même période. Même si les 90 %
connurent une progression plus élevée de leurs revenus que les 10 % les
plus riches.
Pour faire simple, pour la grande majorité des Américains, le rêve d’une
vie meilleure s’est évaporé au début des années 70. Comment expliquer ce
changement majeur dans la distribution de la richesse durant ces 4 dernières
décennies ?
Cette période a coïncidé avec l’ouverture grandissant de l’économie
américaine au commerce mondial et aux investissements étrangers. La mondialisation est
donc le premier suspect qui vient à l’esprit.
L’ouverture économique a mis en concurrence les entrepreneurs et les
travailleurs américains à leurs pairs étrangers. Pour les 10 % les plus
riches de la population, ceux qui disposent des compétences requises,
l’ouverture de l’économie américaine fut une bonne chose, une source
d’efficacité et d’opportunités qui se sont traduites par des revenus plus
élevés.
Pour les 90 % restants de la population, ceux qui ne disposent pas
des compétences adéquates ou de compétence limitée, l’ouverture de l’économie
américaine fut une mauvaise chose, une source de perte d’emploi et de revenus
inférieurs.
Mais un autre élément peut expliquer cette situation. Ces changements dans
la distribution de la richesse se sont empirés après la Grande Récession, ce
qui nous amène au second suspect : les politiques de taux
planchers, qui ont dopé la valeur des actions et des obligations,
profitant directement aux 10 %, les plus susceptibles de posséder ces
actifs.
Il ne faut donc pas s’étonner de l’énorme soutien dont jouissent Donald
Trump et Bernie Sanders, qui accusent la mondialisation et Wall Street
de tuer le rêve américain. »