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Avouez le, cette crise financière vous
met les nerfs sens dessus-dessous. Il y a de quoi : Non seulement personne ne
comprend exactement ce qui se passe (certains comprennent mieux, mais
l'exactitude est lointaine), et les experts patentés qui se relaient
pour vous rassurer, ou, au contraire, jouer sur vos peurs, disent tout et son
contraire. Tenez, la prochaine phase de la crise sera-t-elle
déflationniste ou inflationniste ? Et donc : faut-il se gaver d'or ou
rester cash ? Euh, et bien...
Gold ou Cash ? Ou... conserves ?
Bien malin qui peut répondre, parce que cela dépend de ce que
décideront, ou pas, une poignée d'abrutis en état de
panique, sagement planqués dans des tours d'ivoire, de verre et de
béton, bientôt protégés en permanence par trois
cordons de CRS, qui ne s'entendent pas entre eux, qui sont l'objet de
pressions contradictoires, et qui, ne l'oublions pas, ne comprennent pas non
plus ce qui se passe.
Je vais donc tenter, moi aussi, d'ajouter à la confusion
générale en dévoilant cinq scénarios qui n'ont
aucune chance de se produire tels quels, mais qui donnent un peu une
idée des extrêmes vers lesquels l'histoire pourrait nous
embarquer.
Et avec un peu de chance, j'espère même vous faire sourire.
Scénario 1 : déflation toute ! (restez cash)
Sous la pression de son opinion, Mme Merkel
retrouve la paire de c... qui lui fait gravement défaut, et refuse
tout net tout mécanisme de mutualisation des dettes au niveau
européen. Son slogan : "Nein !"
En outre, les remous à la BCE forcent Mario Draghi
à la démission au bout de 3 semaines, et une horde de
chevaliers teutoniques s'empare des rennes de la banque centrale, avec un
seul mot d'ordre : "Delenda est Weimar",
ou quelque chose comme ça.
Donc, fini la monétisation des bons grecs, italiens, etc... conséquence : faillite de quelques PIIGS,
panique bancaire, gestion des faillites en complet désordre, et
rationnement des retraits pour éviter le bank
run généralisé.
Ce jour là est un peu difficile à passer. Notamment, toute la "plastic money" (cartes de crédit) et
les chèques sont inopérants quelques semaines. Dans ces
conditions, "cash is king",
le temps que la situation retourne à la normale. Et une réserve
correcte de nourritures imputrescibles peut aider.
Par contre, faute de liquidité, ceux qui ont trop d'or ou d'argent
physique sont bien ennuyés avec.
Sous réserve que l'état de droit ne s'écroule pas en
même temps, et que les états libéralisent leurs
économies, après une année très difficile, le
monde repart sur des bases saines.
Ah, je vois, personne ne croit à ce scénario.
Scénario 2 : Inflation toute ! (gold, gold, gold)
A l'inverse du
scénario précédent, la BCE obtient l'autorisation de
monétiser tout ce qui tombe. L'Allemagne, dont le peuple renverse la
chancelière à l'annonce de la nouvelle stratégie, se
dépêche de revenir au DM (imités par deux trois pays
nordiques vraiment pas solidaires et très méchants) pour fuir
le désastre, et donc, du jour au lendemain, l'Euro perd la
moitié de sa valeur (je schématise). Notons d'ailleurs l'ironie
de la situation, le siège de la BCE de Francfort créant de la
liquidité en série pour tout le monde sauf les Allemands...
Pour éviter la contestation sociale, les gouvernements de
l'Euro-Disneyland décident d'opter pour la méthode
Zimbabwéenne : la BCM (Banque centrale de Mickey) décide
d'acheter toutes les obligations des PIIGS et de la France qui se
présentent, ces collatéraux de pacotille permettant de payer en
monnaie de singe fonctionnaires, retraités, chômeurs, et
politiciens, qui renouvèlent en urgence leur stock de valises.
Les conserves, le riz et les nouilles restent une bonne idée. Pour le
reste, beaucoup d'or, en petites coupures. Le Silver
n'est pas mal non plus.
Par contre, si vous avez du cash, vous êtes très
embêté avec.
Deux scénarios, deux conclusions diamétralement
opposées. On est bien avancés, tiens. Salauds d'économistes.
Mon idée : après être pris de court par un
scénario de type 1, les euro-élites se réfugient dans un
scénario de type 2 abâtardi.
Scénario 3 : Inflations ponctuelles des produits courants et
déflation d'actifs (rentrer sur les actifs productifs quand le
ménage aura été fait).
Nos politiciens étant tous très sérieux, ils
évitent magistralement les écueils ci dessus, monétisent
juste un peu pour éviter un gros plongeon de l'Espagne ou de l'Italie,
et réussissent à ramener leurs comptes à l'équilibre
budgétaire en 3 ans.
Comment ça, vous n'aimez pas les comptes de fée ? J'essaie de
pondre un scénario 3 "présentable", et voilà
comment vous réagissez. Je vous jure.
Bon. Sur ce, la base monétaire augmente (inflationniste), mais moins
que la contraction du crédit liée au nécessaire
désendettement des agents économiques (déflationniste).
Mais voilà : comme la BCE a tenté de "réinjecter de
la liquidité" à tour de bras, que cette liquidité a
fait regonfler plein de bulles d'actifs, lesquelles "pscchittent"
les unes après les autres, mais que l'argent qui a servi à les
créer circule toujours, une vaste réallocation de prix se
produit : vos actifs (ce que vous avez) chutent, et les prix de vos
consommations courantes (ce que vous n'avez pas) tend à augmenter.
Ajoutons que l'état de relative désorganisation de
l'économie, ainsi que des relents de guerre commerciale interzones (la
tentation protectionniste n'est plus très loin...) poussent certains
prix à la hausse du fait de tensions sur la "supply
chain".
Or, les salaires ne suivent pas : la rentabilité du capital est nulle,
le chômage augmente, maintenant à la baisse la pression sur les
demandes salariales. Chienne de vie.
Bref, l'économie corrige salement, mais quel que soit le
scénario, c'est inévitable. Et le niveau de vie acheté
à crédit, pour la part que nous ne pouvons rembourser,
s'écroule.
Cash, un peu d'or par sécurité, et quand vous sentez que le
point bas est proche, retour sur les actions des boites avec un vrai savoir
faire, et qui tiennent encore debout. Ah, et j'oubliais : habituez vous
à un pouvoir d'achat diminué d'un bon tiers.
Scénario 4 : "nationalisation du secteur bancaire"
C'est consternant de débilité, mais on en parle à la
radio, alors... Certains évoquent une nationalisation du secteur
bancaire. C'est sûr que quelques centaines de crédits Lyonnais
gérés par un état qui n'a pas d'argent, ça va
vraiment donner confiance aux agents économiques.
J'ai moi aussi évoqué ce scénario, mais j'avais une
excuse : c'était le premier avril.
Manque de bol, certains ont trouvé l'idée excellente.
Scénario 5 : "Rêve donc, coco".
Nos politiques se rappellent un obscur article sur la restructuration des
passifs bancaires : "Dettes souveraines, quelles solutions" - (nb,
il y a une variante serbe, mais c'est un petit pays que personne ne
connaît, alors ça ne compte pas...) - après avoir mis en
place les préconisations qui y figurent, ils se couchent, sereins. Et
nous de même. Zéro panique. La Grèce fait défaut ?
Même pas mal. L'Italie prononce une faillite des 3/5èmes ? Ah
bon. Remettez moi donc un café. Pas de bank Run. Les actionnaires actuels des banques glapissent,
mais de toute façon, tout le monde les déteste. Les
procès pour dilution abusive se tiendront une fois le calme revenu.
Bien sûr, les fonctionnaires et les retraités des états
en faillite mangent le carnet de chèques. Mais on ne peut pas vivre
éternellement à crédit, et la déflation aide
à faire passer la pilule.
Ainsi recapitalisées PAR LEURS CREANCIERS (par debt-to-equity swaps), et non par les contribuables, comme le
suggèrent les docteurs knock de
l'état-providence financière qui parlent de nationalisation du
secteur bancaire, les banques assainies cessent de faire peur. La plupart des
économies achèvent de libéraliser ce qui peut
l'être, et un retour vers une croissance plus saine est possible, sous
réserve de quelques réformes structurelles que je garde pour
plus tard.
Ni gold, ni cash, ni conserves. Just Plastic Money.
Accessoirement, les ventes de "Foreclosure Gate, les gangs de Wall Street contre l'état
US", décollent, le livre devient un Best seller traduit en 16
langues (il fallait bien que je la place, celle là). L'auteur,
accédant au statut de gourou, devient complètement asocial,
prétentieux, arrogant, et passe à la télévision.
Scénario 6, 7, 8...
Allez, à vous de jouer, créez votre scénario de sortie
de crise dans les commentaires.
Vincent
Bénard
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